AMARA

03. Paralysée

"La vraie tolérance, c'est le respect ; le respect de la personnalité et de la vie la plus intime."
Charles Dollfus

03. Paralysée

Amara

— J'allais t'écraser, Liam, confirmé-je d'un ton irrité.

Il me détaille de haut en bas puis laisse échapper un rictus. Quel sorte ? Je n'en sais absolument rien, mais assez étrange. Il s'approche encore plus de moi et place ses jambes de chaque côté de la roue avant de mon vélo pour me bloquer.

— Pourquoi tu t'es arrêtée dans ce cas ? demande-il d'un ton provocateur. 

Son regard, fixé droit dans mes yeux, me donne des frissons de malaise.

— Bon, qu'est-ce que tu me veux ? l'interroge-je, ne cachant guère mon impatience.

— Ne jouons pas à ça, tu sais très bien ce que je veux, répond-il en haussant ses sourcils et en baissant son regard sur mes lèvres.

J'écarquille légèrement les yeux et tente de reculer mon vélo pour échapper à ce sentiment d'étouffement causé par sa proximité, mais il maintient sa prise. Je lui crache alors :

— Allez, je n'ai pas de temps à perdre Liam ! Bouge-toi de mon chemin, tout de suite.

— Moi j'en ai ! Et quel bonheur de le perdre avec toi India !

Sa manière de me regarder, de s'adresser à moi et de m'appeler par mon prénom, que personne d'autre que lui n'utilise, me confirme à quel point il aime me provoquer et me pousser à bout. Je tente de le contourner, mais il lève les mains vers mes bras pour m'arrêter.

— Ne me touche surtout pas, je ne rigole pas ! m'exclamé-je.

Il lève les mains en l'air en signe de capitulation tout en haussant les sourcils puis rajoute :

— C'est bon, calme-toi. Je ne te ferai rien.

— Laisse-moi !

— Accepte mon invitation alors.

Je lève les yeux au ciel avec exaspération. Je me hisse de nouveau sur la selle de mon vélo, les mains fermement agrippées au guidon, le pied droit sur la pédale, tandis que mon pied gauche reste au sol pour assurer mon équilibre. Ma patience avait atteint ses limites depuis un moment déjà car Liam les avait largement dépassées.

— Dégage ou je te roule dessus.

— Sérieusement ? Et quoi ? Tu crois pouvoir me faire un bobo avec ton vélo ? rétorque-t-il en ricanant et en mimant des grands gestes de frustration.

— Tu veux qu'on essaie ? le défié-je.

Il s'éloigne de moi et de mon vélo, relâchant ainsi son emprise sur celui-ci. Son regard descend sur mon buste, vêtu d'un débardeur noir et d'un léger gilet gris associé à mon jogging. Le bout de tissu a légèrement glissé de mes épaules, probablement à cause des mouvements que j'ai effectués sur le vélo. N'ayant pas fermé la fermeture à cause de la chaleur, celui-ci dévoile alors légèrement ma poitrine.

Il esquisse un sourire malicieux lorsque je ramène mes cheveux derrière mon dos afin de réajuster mon gilet pour dissimuler ma poitrine.

Je le toise avant de tourner la pédale droite avec mon pied droit en avant. La gauche suit le mouvement.

— J'attends toujours ton « oui ».

Je m'éloigne de ce débile mental en lui répondant :

— Lâche-moi la grappe, espèce de taré. Non, c'est NON ! m'écrié-je.