AMARA

10. L'intruse

"L'espoir est une chose fragile, mais c'est la seule chose qui nous permette de continuer."

Friedrich Nietzsche

10. L'intruse

Amara

"Mais tu es trop belle là ! Qu'est-ce que je fais moi si quelqu'un te kidnappe ?"

Je repense à ce que ma grand-mère m'avait dit juste avant que je ne sorte de l'appartement. Un sourire triste se dessine sur mon visage en me remémorant ce jour. Je n'aurais jamais pensé une seule seconde que ça serait la dernière fois que j'allais la voir. Elle l'avait dit sur un ton ironique, mais cela s'est révélé vrai.

L'avais-tu ressenti, mi amor ?

Je n'imagine pas la douleur que tu ressens en ce moment, et je suis tellement désolée de te faire éprouver ça.

Installée sur un matelas sale et usé qui fait office de lit, mon regard dévie vers mes pieds puis remonte lentement le long de ma robe, aussi souillés que le matelas lui-même. Mes cheveux sont emmêlés, et je n'ose pas imaginer l'état de mon visage, probablement aussi dégoûtant que le reste.

Pitoyable, Amara.

Tu es pitoyable.

Des frissons me parcourent tout le corps, car je suis toujours en robe et que je ne sens plus la chaleur du Texas. Ici, l'air commence à se rafraîchir alors que le mois d'octobre s'installe progressivement.

Cela fait plusieurs jours que je suis retenue prisonnière à présent. Je l'ai deviné d'après les repas que je peine à toucher et Shade me l'a confirmé.

Malgré mes multiples déclarations affirmant que je n'ai absolument rien vu, rien entendu ni fait quoi que ce soit lors de cette soirée, personne ne me croit pas. On me répète que ma sentence n'a pas encore été prononcée. Celui qui est à la tête de l'Organisation n'a pas encore décidé de mon sort.

Ma seule erreur a été de passer par Boca Chica sans savoir que je pénétrais en réalité sur leur territoire. Comment aurais-je pu le deviner ?

J'ai essayé de trouver plusieurs issues pour sortir de ce trou qui me prive d'oxygène. Mais en vain. Il n'y a aucune putain d'issue.

Je me sens tellement faible...

Loin de mâdar, je n'arrive pas à me nourrir.

Et puis, les accusations de ma mère fusent toujours dans mon cerveau, au point de me faire perdre la tête.

Je cogite... Mon cerveau ne se met jamais en pause. Je vais finir par devenir folle.

Devenir folle, c'est le mot. Ne le suis-je pas déjà ?

Mes paumes se pressent contre mes tempes, les serrant de toutes mes forces, tandis que mon regard reste fixé dans le vide.

J'ai mal à la tête.

J'ai mal au cœur.

J'ai mal au corps tout entier.

Poupou, mon nounours, me manque aussi.

D'un côté, j'ai peur, de l'autre non. Je me sens vide en ce moment. Je ne sais plus quoi penser. Comment continuer ? Que suis-je censée faire ? Répondre ? Pour qu'ils me lâchent enfin, bordel. Me lâcheront-ils vraiment ?