Chapitre 39 - Naos

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Le retour au lycée était particulièrement brutal pour moi, ayant presque oublié les tronches que je n'appréciais pas. Je fulminais dans ma tête dans la voiture, alors que Dean nous conduisait vers le lycée. Sa main se posa sur ma jambe et il me fit un sourire doux. Je poussais un soupir, me frottais le visage et demandais :

« Comment était la semaine dernière ?

-Habituelle, m'apprit-il. Le sport, les amis, leurs commentaires désobligeants... J'ai cassé quelques tronches. »

Je tournais mon cou d'un seul coup en le dévisageant. Blaguait-il ? Etait-il sérieux ? Je fis :

« Tu te moques de moi ? »

Son sourire s'élargit sur son visage alors qu'il monta sa main dans mes cheveux et les caressa affectueusement. Il secoua ensuite son visage et posa sa seconde main sur le volant.

« Non. Je commence à en avoir marre de les entendre te critiquer. Andrew a eu le nez cassé, comme c'est bête. »

Je clignais des yeux, une fois puis deux et jurais. Une chaleur se répandit dans mon corps, et je me sentis reconnaissant de son action.

« Merci, échappais-je.

-Je l'ai aussi fait pour moi. Il me gonflait depuis quelques temps, et au vu des airs de plus en plus sombres de Conrad... »

J'acquiesçais silencieusement et scrutais la ville qui défilait sous nos yeux. Le temps était bas et gris, et les vacances d'hiver approchaient. Je soufflais :

« Il s'en est passé des choses depuis la rentrée. »

Dean opina, me rappelant alors comment j'avais fuis par deux fois chez mon père. De plus, il souligna notre couple nouveau.

« En l'espace de trois mois, notais-je doucement.

-C'était rapide autant que lent, affirma-t-il. »

Je lui glissais un regard, et questionnais :

« Quel comportement doit-on adapter ?

-C'est à toi de me dire. Je m'adapte. »

Je râlais :

« Merci, tu ne m'aides pas là. Pourquoi ce serait à moi de décider ?

-Parce que tu décides toujours de tout, et que j'ai la flemme de réfléchir. Tu l'as déjà fait pour nous deux. »

Je lui assénais une légère tape sur son bras qui le fit rire. Nous nous arrêtâmes à un feu rouge, et dans un sourire il attrapa mon menton et se pencha vers moi pour poser ses lèvres sur les miennes. Je fermais automatiquement les yeux, profitais de son souffle chaud et aurais pu ronronner de plaisir s'il ne s'était pas écarté et n'avait pas lâché :

« Je sais que tu as veillé jusqu'à tard, car je me suis réveillé plusieurs fois dans la nuit et je t'ai senti bouger nerveusement. Comment te sens-tu prêt ? »

Il se repositionna et je laissais tomber mon crâne en arrière, tout en gémissant de frustration.

« Je ne suis pas prêt à devoir expliquer comment mon demi-frère est devenu mon mec. Non pas que je veuille le cacher. J'ai pas l'envie, et je ne veux pas de regards de travers surtout si tu es dans l'équation, avouais-je.

-Je m'en fous, Naos. Ce n'est pas eux qui feront mon avenir. »

Je ne pus m'empêcher de rire.

« C'est dingue comme tu sembles bien plus à l'aise que moi alors que je suis celui qui est censé s'en foutre.

-J'ai déjà fait la paix avec ces doutes, il y a un moment. »

Je soufflais un rire, le trouvant pour le moins inattendu. Je le regardais donc avec un air doux, et détournais ensuite mes yeux pour la route.

***

Nous descendîmes en même temps de la voiture, et la vue du lycée ne me fit pas envie. J'hésitais à faire marche arrière. Je préférais largement être hors de ces murs qu'en-dedans. Suivre des cours ennuyeux, supporter les autres... Je soufflais, secouais la tête et sentis alors un bras se poser sur mon épaule. Je dévisageais Dean, qui se contenta d'un clin d'oeil, et nous emmena jusqu'à l'entrée. Je notais que quelques têtes se tournèrent vers nous. Des murmures semblaient s'élever, et le blond m'annonça de but en blanc :

« J'ai oublié de te dire que Gabrielle a raconté à tout le monde que j'étais sûrement gay, et que nous avions sûrement une relation. »

Je me figeais, le forçant à faire de même. Mes yeux étaient écarquillés, et je sentis mon palpitant se serrer sous l'effet du stress.

« Pardon ? Grondais-je. »

Un petit sourire suffisant apparu sur le visage de Dean, qu'il pencha vers moi en laissant planer le doute de cette rumeur. Il déclara :

« J'ai pas nié, ce n'est pas mon problème s'ils sont assez stupides pour colporter ces infos. »

Je clignais des paupières plusieurs fois, surpris. Dean ne se ressemblait plus vraiment puisqu'il était en train d'adopter l'attitude que j'aurais eu habituellement. Je restais coi jusqu'à ce qu'une voix perce :

« Dean ! »

Nous tournâmes tous deux nos visages, et son bras glissa de mes épaules. Sa main s'arrêta un instant dans mon dos alors qu'il m'offrit un sourire et il la tendit ensuite à Joey.

« Joey, comment tu vas ? »

Les deux amis se checkèrent. Pendant ce temps, je ne vis pas la latina arriver à toute vitesse. Seul l'impact de son corps sur le mien me tira de ma rêverie, et je me forçais à ne pas me viander.

« Naos ! Tu me saoules à toujours disparaître, grogna-t-elle. Tu ne recommences plus ! J'ai besoin de toi, moi ! »

Je roulais des yeux, l'enserrais brièvement et l'écartais ensuite, peu appréciateur du contact physique.

« Je sais que je suis indispensable, notais-je en lui offrant un sourire suffisant.

-Je me disais que tu avais grossi, c'est ta tête, déclara cette dernière. Tu as pris le melon. »

Je riais franchement. Ma voix fut bientôt couverte par celle de Conrad, qui s'approchant déclara :

« Les retrouvailles, comme c'est mignon... Sauf qu'on n'a pas le temps, on a entraînement et si le coach ne nous voit pas dans dix minutes sur le terrain, on est mort. »

Les garçons opinèrent à ses paroles, et Dean me salua d'un mouvement de tête avant de disparaître. Étonnamment, au contraire de ce que j'avais dit dans la voiture, j'aurais aimé qu'il m'embrasse devant tout le monde. Je secouais mon visage, et reportais mon attention sur Maïa qui m'asséna un léger coup de coude dans les côtes. De son air joueur, elle déclara :

« Alors, finalement ensemble ? »

Je haussais les épaules, me contentant d'avancer vers le lycée alors qu'elle se mit à trottiner derrière moi.

« Oh allez Naos, donnes-moi les détails ! Je suis ta meilleure amie pour la vie.

-Je n'ai jamais dit ça, l'ennuyais-je. »

Elle prit un air outré, et continua à me cuisiner jusqu'à ce que l'on arrive dans notre repère au sous-sol, dans notre salle de lecture où se trouvaient Justin et Juan. Ces deux-là collés l'un à l'autre, et sûrement prêt à plus, s'écartèrent rapidement de quelques centimètres. Maïa ricana, et nota :

« Allez-y, finissez ce que vous aviez commencé. On peut revenir plus tard. »

Justin vira rouge alors que Juan joua de ses sourcils. Je ne me fis pas prier pour m'installer dans le canapé, et lâchais :

« Les chambres sont bien plus confortables. Même si la douche c'est pas si mal. J'aimerais bien testé dans une voiture aussi... »

Justin se redressa, pivoine, et secoua son visage en allant chercher un livre. Je rigolais, le taquinais :

« Oh allez Justin, vous avez bien tenté des lieux avec Juan. N'est-ce-pas Juan ?

-Hmm, beaucoup oui.

-Juan ! Pestiféra Justin de plus en plus écarlate. »

Nous rigolâmes. J'attrapais le livre que me tendit Maïa, et posais mes yeux sur la première ligne. J'avais l'impression que ma vie venait de changer.

On dit que les opposés s'attirent...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant