On dit que les opposés s'attirent...

Chapitre 33 - Naos

« Tu stresses, évalua Juan.

-Sans déconner, maugréais-je. Je suis sur le point de foutre en presque une décade de vie familiale tordue. »

Mes yeux fixés sur la porte, j'étais en apnée. Pendant toute ma semaine à Barcelone, je n'avais eu aucune nouvelle de Dean. Il n'avait jamais répondu à mon message. Quant à mon père, il me donnait les nouvelles de ma mère à qui je refusais de répondre. Je ne voulais pas qu'elle me cuisines, surtout si elle et Carl se doutaient du bordel entre le blond et moi.

« Sors ton cul de cette voiture et va te faire culbuter par Dean, lâcha alors Juan désabusé. J'ai besoin d'aller jouer avec mon manche à moi.

-J'ai des images de toi et Justin maintenant, génial... me plaignis-je.

-Ouai, c'est géant entre nous. Des orgasmes à tout va ! »

Je jurais et sortais d'un coup sec de la voiture, ne voulant pas entendre plus de détails sordides qui m'imposeraient des images peu chastes dans mon crâne, et qui me traumatiseraient sûrement à vie. Le sac de voyage en main, je pris une inspiration et l'air glacial me rétracta sûrement les poumons puisque je toussais. Je passais ensuite une main nerveuse dans mes cheveux, mordant mon piercing à la lèvres. Dans quelques mètres, je n'aurais plus de retours en arrière possible. Surtout que la maison était libre ce soir, Carl m'avait fait un message hier soir avant que je ne monte dans l'avion. Il fallait croire qu'il m'avait donné son assentiment, et celui de ma mère accessoirement. Ma main se referma sur ma hanse et je fis les derniers mètres, peu sûr de moi. Mon palpitant était compressé, battait à tout rompre et l'angoisse logée dans mon ventre m'aurait plié en deux si je n'avais pas le choix que de retourner dans ma baraque. Je pris une goulée d'air, me plantais devant la porte et toquais. Je serrais et desserrais mon poing libre, tentant de ne pas laissé cette pression m'étouffer. Je réitérais mon mouvement et un grognement réellement mécontent me répondit. Joey avait eut raison en me briefant à l'aéroport au téléphone, Dean était très certainement d'une humeur ignoble. J'allais m'en prendre une à ce train-là. La poignée s'agita et je fixais droit devant moi, ne voulant pas rater un instant l'émotion qui passerait sur le visage du blond. Elle m'indiquerait la suite de la soirée... La porte s'ouvrit à la volée, et un grondement me répondit. Pendant un instant, je ne quittais pas des yeux ce visage renfrogné, agressif et agacé. Puis, une stupeur et incompréhension se dessinèrent quand il percuta qui était devant chez nous. Je devais désamorcé tout de suite la situation. Je lançais alors :

« Je n'ai pas de pizza, je suis arrivé directement de l'aéroport. »

Il me jaugea un instant, comme pour imprimer mon image sous ses paupières, et recula sans me répondre ou ne m'offrir de répliques. Il était d'une humeur pire que merdique. La porte se referma sèchement derrière moi, et Dean me dépassa sans un regard. Les retrouvailles romantiques envisagées, et je détestais cela, tombaient à l'eau. Plus qu'une chose à faire : la confrontation. Je me saisis de son bras et le stoppais fortement. Il se détourna vivement et allait m'envoyer sûrement bouler mais je ne lui en laissais pas le temps. Aucun mot de sa part, sinon je me dégonflerai. Alors, j'agrippais son visage de mes mains et pressais mes lèvres contre les siennes. J'en ressentis deux émotions : le soulagement et l'angoisse qu'il ne me réponde pas. Je me forçais pourtant à écarter ma bouche de la sienne et attendis qu'il ne se décide. Il bloqua longuement, se lécha les lèvres et me scruta étrangement. Finalement, il se racla la gorge et dit :

« Tu m'expliques ? »

Je roulais des yeux, tentant d'être désinvolte face à son air sévère.

« Depuis quand il te faut un manuel ? Je pense que je n'embrasse pas n'importe qui. Et je suis sobre. »