Chapitre 31

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La nuit étant bien avancée, la maison est à présent plongée dans le noir, la lumière qui ressortait par ses fenêtres n'éclaire plus le jardin et les arbres autour de la maison. Tout le monde dors à poings fermés alors que mes chaussures frôlent l'herbe au rythme de mes pas. Mes mains enfoncées dans mon sweat, je lève les yeux et observe les étoiles quelques minutes, depuis le temps je connais quelques constellations, cela m'apaise parfois de me concentrer la dessus.

-Ca ne coute rien de tenter quelque chose pour l'aider, murmuré-je à moi même, on ne sait pas encore combien de temps nous allons prendre avant de pouvoir exorciser Michi et purifier son énergie. Je ne veux pas laisser Shoko comme ça plus longtemps.

Je tourne les talons et retourne à l'intérieur de la maison. Je traverse ses couloirs puis appuie ma main sur la poignée de la chambre où Shoko se repose, j'ouvre la porte délicatement et me faufile à l'intérieur. J'arrive à son niveau, elle est profondément endormie, probablement sonnée par les calmants. Elle à l'air apaisée mais des perles de sueur sur ses tempes témoignent encore de son combat contre la douleur plus tôt dans la soirée. Avec attention, je redescend la couverture présente sur elle jusqu'à sa taille, puis attrape l'ourlet de son haut pour le remonter et dévoiler l'entaille toujours présente. Entourée par des sceau d'exorcisme, l'entaille est un mélange de noir et de rouge, la chair entre cette entaille et les sceau ayant pris la même teinte.

-Bien, pensé-je, c'est parti.

Je retire lentement les sceaux présents sur sa peau, ils servent à contenir l'énergie occulte corrompue en un même point pour éviter que tout se propage dans le corps de Shoko. Les retirer réveille quelque peu l'énergie emprisonnée et endormie depuis 3 ans dans son corps. Je lève les yeux vers son visage et la vois légèrement froncer les sourcils dans son sommeil.

Je ferme les yeux et passe ma main quelque centimètre au dessus de son corps en faisant de légers cercles. J'essaye de ressentir l'énergie présente, la distinguer de celle de Shoko, cette énergie reste avant tout la mienne, techniquement rien ne m'empêche de la contrôler et de la retirer du corps de Shoko, en tout cas c'est la théorie que j'ai et malheureusement la seule qui me semble possible à l'heure actuelle. Je m'exécutes pendant plusieurs secondes puis fronce les sourcils.

-Trouvé, pensé-je.

Il y a un fil d'énergie flottant depuis la plaie de Shoko, il est attiré par ma main, mon énergie me reconnaît et veut probablement retourner d'où elle vient. Je l'attrape entre mon pouce et mon index puis l'enroule lentement autour de mon index tout en tirant légèrement vers l'arrière. Avec la patience et la concentration d'un chirurgien je me répète pendant plusieurs secondes, je sens ce fil d'énergie s'entourer autour de mon doigt et s'imprégner en moi, une chaleur brulante remonte tout mon bras. Lorsque je sens le fil arriver à sa fin, je rouvre les yeux, mes épaules et ma poitrine sont secouées par mon souffle comme si j'avais été en apnée tout ce temps. Gardant ma main sous mes yeux quelques secondes, ma force la quitte et je la laisse lourdement retomber le long de mon corps, pour le moment mon bras n'est pas utilisable, je n'y ressens plus rien à part la forte sensation de brulure dû à l'énergie corrompue qui s'assimile peu à peu en moi.

J'observe la plaie de Shoko, elle ressemble à présent à une simple cicatrice, comme si l'entaille d'il y a 3 ans s'était refermée normalement. Je pousse un soupire, soulagée. Légèrement fiévreuse je ressors de sa chambre en prenant soin de ne pas la réveiller. Je longe lentement les couloirs de la maison, pris d'un soudain vertige, je m'appui au mur à ma gauche. Je baisse les yeux sur ma main droite inanimée, l'énergie occulte en Shoko devait certainement être très corrompue et a dégénérée avec les années. Je remonte ma manche et écarquille les yeux lorsque je vois la marque de Michi s'étendre jusqu'au bout de mes ongles, un tatouage noir similaire à des cordes ou des lianes emprisonnant mon bras. Je lève ma main gauche vers moi, qui elle, est intacte.

-L'énergie s'est imprégnée dans mon bras et a étendu la marque, pensé-je.

Pris d'une nouvelle douleur dans le bras, je serre les dents et me décolle du mur pour continuer mon chemin alors que mon bras semble brûler au rythme de mes pulsations cardiaques. La fièvre augmente rapidement et trouble ma vision ainsi que mon sens de l'équilibre mais je parviens à avancer.

-Je dois sortir de la maison et m'éloigner pour éviter tous dégâts imprévus, dis-je entre mes dents serrées par la douleur.

Plus mes pas avancent plus la douleur remonte dans mon bras et plus elle s'intensifie. Je pose mollement ma main sur la poignée de la porte d'entrée, j'ouvre la porte en manquant de trébucher lorsque je passe son pas. Je progresse douloureusement pendant plusieurs secondes qui me semblent comme de longues minutes. Je ne m'éloigne que d'une dizaine de mètres de la porte d'entrée avant que mes yeux ne roulent sous mes paupières et que la fièvre ne me cloue au sol. Allongée au sol, alors que je lutte pour recouvrir ma conscience et le contrôle de mon corps, deux paires de pieds se clouent sous mes yeux.

-Elle semble mal en point, dit la voix d'un homme.

Il se baisse vers moi et prend mon poul.

-Je t'avais dis qu'en les suivant une ouverture finirait par se créer, les attaquer frontalement serait du suicide, dit une femme.

-Ouais bah t'as bien eu de la chance, on a même pas eu besoin d'agir, répond-il.

L'homme passe sa main derrière mes épaules et l'autre sous mes genoux, il me soulève du sol, alors ma nuque se renverse en arrière et mon bras droit pend dans le vide accentuant ma douleur.

-Je pense déjà aux Yens qui vont affluer sur mon compte, dit-elle en riant doucement.

-Sérieux Mei Mei on est exorciste pas tueurs à gage, dit-il mal à l'aise, on fait pas ça pour l'argent.

-Parles pour toi Zenin, dit-elle joyeusement.

Elle interpelle un exorciste à quelques mètres d'eux faisant probablement le guet, pour lui signaler leur départ.

Ils tournent leur talons s'apprêtant à quitter les lieux.

-Eh.

Cette interpellation soudaine a pour effet de leurs faire arrêter tous mouvements, même leur respiration, comme un animal n'ayant que son instinct de survie pour échapper à son prédateur, tous leurs sens sont en éveil. Un silence de mort règne pendant quelques millièmes de secondes, comme si le vent a lui aussi arrêté de souffler et les grillons de chanter. L'homme qui me transporte tourne lentement sa tête, son souffle toujours bloqué dans ses poumons et ayant l'impression qu'au moindre bruit il perdrait sa tête.

-Vous faites quoi là? Demande Satoru.

Satoru analyse la situation en quelque secondes, ses yeux se stoppent net lorsqu'ils tombent sur mes cheveux flottant au grès du vent depuis les bras de l'homme, c'est la seule partie de mon corps visible pour Satoru puisque je suis cachée par le corps du Zenin. Le troisième exorciste qui les assistes prend ce semblant d'opportunité pour tenter d'attaquer dans l'angle mort de Satoru. Sans même me quitter des yeux il attrape l'exorciste et lui assène un coup de genou dans la colonne provoquant un craquement retentissant puis laisse son corps glisser de sa jambe et s'écraser au sol.

-Il n'est pas mort, peut être juste paraplégique, Hana ne veut plus que je tue d'autres exorcistes, dit-il.

La mine apeurée du Zenin se transforme en mine horrifiée.

-Tournes toi, ordonne-t-il de manière effrayante à l'homme me retenant.

Mei Mei observe son collègue du coin de l'œil, n'osant pas faire un mouvement elle non plus. Le Zenin pivote, lentement, très lentement. Satoru écarquille les yeux lorsqu'il aperçoit mon bras pendant dans le vide, recouvert de la marque de Michi, sa stupeur rend l'atmosphère soudainement étouffante et ferait presque trembler l'air, l'homme tressaille. En voyant cette ouverture Mei Mei tente de placer sa hache sous ma gorge tendue et vulnérable à cause de ma position dans les bras de l'homme, à l'heure actuel je suis leur seul moyen de pression. Mais c'est sans compter sur les réflexes infiniment rapides de Satoru qui croise ses doigts et me protège de son infini, stoppant net l'arme de Mei Mei.

-Rendez la moi, murmure-t-il sombrement, ses yeux figés sur moi, rendez moi Hana.

Jujutsu Kaisen - Satoru Gojo x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant