Chapitre 36

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Ces mots me font oublier de respirer, ma poitrine cesse de s'activer à faire entrer de l'air dans mes poumons et je jurerai que même mon cœur a choisit d'arrêter de fonctionner quelques secondes. Mon regard fixé dans le vide fait trembler mes pupilles et mon cerveau me coupe de tous les sons extérieurs, mes bras sont droits le long de mon corps comme si des poids les alourdissait.

-...Quoi? Murmuré-je en un souffle.

Alors que le temps me semble presque ralenti, une horde d'exorcistes aux cheveux blancs se dirige vers moi avec la détermination présente dans leurs yeux et leurs mains tendues vers moi bien décidés à m'attraper le plus vite possible. Je lève mes yeux tétanisés vers Satoru, son regard droit et ses sourcils légèrement froncés sont toujours ancrés dans mes yeux. La secousse provoquée sur mon corps par la première main à entrer en contact avec moi me ramène à la réalité et la stupeur laisse place à la panique dans ma poitrine. Alors que des dizaines et des dizaines de mains viennent se poser sur mon corps pour me maitriser je tourne rapidement mes yeux vers Shoko, elle se débat alors que deux exorcistes cherchent à retenir ses mouvements.

-Qu'est ce que ça signifie Satoru? Hurle-t-elle en se débattant.

Je fronce les sourcils et cherche à retirer mes bras des entraves créer par les mains des exorcistes du clan Gojo. Je crois qu'il n'y a pas un centimètre de la peau présente sur mes bras qui n'est pas dans la poigne d'un exorciste. Je serre les dents et continue à me débattre, le souffle court et mon cœur battant comme un animal chassé par un prédateur redoutable. Alors que je me débat inlassablement arrachant quelques râles de difficultés à mes ravisseurs, un sursaut de peur nait dans mon ventre lorsqu'une main se pose sur ma tête, je lève les yeux sur un exorciste ayant sa main droite sur ma tête positionnant son index et son majeur gauche tendus devant lui. Je me sens peu à peu vidée de ma force et comprends que d'une manière ou d'une autre cet exorciste peut diminuer l'énergie maudite présente dans mon corps, m'enlevant toutes possibilités de me libérer par la force.

Mon corps fait naturellement tomber mon regard vers Satoru n'ayant toujours pas bougé de son emplacement, j'entends les supplication et l'incompréhension de Shoko alors qu'elle tente encore de se débattre. Satoru finit par briser notre contact et tourne les talons pour disparaitre derrière la porte au fond de la pièce. La seconde qui suit on parvient à me bâillonner et à attacher mes mains dans mon dos.

-Ils savent exactement quelles parties de mon corps contraindre pour que je ne parvienne pas à utiliser mes sorts, pensé-je en fronçant les sourcils.

Maintenue sur mes genoux par les exorcistes, je sens la colère et la frustration monter en moi. Des larmes de colère viennent se percher aux bords de mes yeux et un hurlement de frustration se fraye dans ma gorge, il est quelque peu entravé par le bâillon mais ne manque pas de faire tressaillir quelques exorcistes me retenant.

-C'est pas vrai, pensé-je, la frustration brulant mon estomac, il ne peut pas m'avoir trahis à nouveau!

Alors qu'un râlement de rage suit mes mouvements qui tentent encore de me défaire de mes entraves, je revois les moments passés avec Satoru depuis que nous nous sommes retrouvés. Comment l'homme qui me regarde, me garde auprès de lui et me touche comme si j'étais la chose la plus précieuse du monde pourrait trahir toutes nos promesses, nos sentiments et notre avenir?

-Comment?! Pensé-je les yeux écarquillés par la colère.

La douleur présente dans mon cœur se diffuse au même rythme que mes respirations paniquées. Mes mouvements brusques me font basculer en avant mon front finit appuyé sur le sol et mes yeux toujours fou de colère fixent le sol face à moi alors que mes cheveux de jais retombent de chaque cotés de mon visage.

Je revois la douceur de ses caresses, des ses baisers, la manière dont il posait ses yeux sur moi ou la manière dont il prononçait mon nom. Je l'entend encore me dire "j'ai confiance en nous".  Et peu à peu la colère présente en moi laisse place à la douleur et à la tristesse bien plus envahissante et profonde que la rancœur. Mes épaules commencent à trembler avant que ça ne se transmette à mon corps entier, mes larmes se déposent peu à peu au sol. Cessant de malmener les exorcistes qui essayent de me retenir depuis plusieurs minutes, je finis par relâcher mes muscles et m'avoue vaincue.

Ils attrapent mes bras et me soulèvent lentement du sol alors que mes cheveux couvrent toujours mon visage.

-Non! Hana! Crie Shoko, Lâchez moi! Hana!

-Emmenez le réceptacle, conclu le Shidosha.

Les derniers souvenirs que j'ai de ce moment là sont les cris de Shoko appelant mon prénom jusqu'à ce que je sois trop loin pour l'entendre et mon corps apathique secoué au rythme des pas des exorcistes qui me transportent.



À genoux, mon corps est légèrement incliné en avant, je suis retenue par mes bras qui sont lié par une lourde corde elle même attachée au mur en pierre derrière moi. Mes cheveux couvrent mon visage dénué d'expressions, je me contente de passivement fixer le sol. J'ai l'impression d'à peine ressentir mon corps tant le vide dans ma poitrine prend de la place sur mes sensations.

-Ça fait combien de temps que je suis là ? Pensé-je.

Il n'y a aucune fenêtre autour de moi, je n'ai pas de notion du temps et je n'ai aucune idée de depuis combien de temps je suis ici. Lorsqu'on ne peut dormir le temps passe d'une manière bien différente.
Mon attention est vaguement captée par le bruit des chaussures qui écrasent les petits gravats éparpillés dans les couloirs menant à la pièce où je suis retenue.
Son aura et le ressentit de son énergie occulte me reste malgré tout si familière et réconfortante.

-Satoru, murmuré-je, ne t'avais je pas dis que si tu me trahissais à nouveau j'en mourais ?

Il reste silencieux quelques secondes, observant probablement mes conditions de détention.

-On ne peut plus laisser tes crimes impunis Hana, dit-il calmement, tu as fais trop de mal, aux autres et à toi même.

Un faible sourire se dessine sur mes lèvres et un léger rire ironique vibre dans ma gorge.
J'entends ses pas approcher, il lève sa main s'apprêtant à toucher l'enceinte en bois qui me retient.

-Ne touches pas, dis-je doucement, j'ai enveloppé ma cellule de mon énergie occulte, si tu t'écorche je te tuerais sur le champ.

Je lève lentement les yeux vers lui. Sans frémir d'un millimètres il ouvre la cellule et s'approche de moi pour s'accroupir face à moi. Il pose doucement sa main sur ma joue et ma tête se laisse aller naturellement contre sa paume, il se penche vers moi et embrasse mon front avec une grande douceur. Il n'a jamais été effrayé de m'approcher, même si je collais la lame la plus aiguisée au monde sous sa gorge il n'hésiterait pas à venir près de moi.

-Tu m'aimes n'est ce pas? Demandé-je.

-Plus que ma propre vie, répond il sans hésiter.

-Alors pourquoi? Pourquoi tu fais ça ?

Son pouce passe sur ma joue et laisse une légère caresse.

-Pour toi. Tout a toujours été et tout sera toujours pour toi.

Il retire sa main de mon visage et se relève, je le suis du regard.

-Nous allons exorciser Michi de ton corps puis le sceller dans un artefact. Et vous serez enfermés tous les deux, la malédiction s'arrêtera avec toi.

Jujutsu Kaisen - Satoru Gojo x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant