Chapitre 39

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Tous les trois, nous nous sommes cachés des yeux du monde pendant plusieurs mois au sein de cette forêt reculée. Me laissant le temps d'apaiser mon énergie occulte devenue troublée par l'absence de Michi en moi. Tout est devenu plus faible chez moi après l'exorcisation, ma quantité d'énergie occulte n'apporte plus une grandeur à ma force physique ni à la force de mes sorts, le puit sans fond de l'énergie que me donnait Michi s'est tari. J'ai dû tout réapprendre pour savoir me battre avec ma propre énergie, devenir une nouvelle exorciste. Je me débrouille bien, pourtant je mettrais quelques années avant de pouvoir atteindre à nouveau la maitrise de l'exorcisme auquel j'avais abouti mais nous avons confiance.

Je peux à nouveau dormir et rêver, passer des nuits entières dans les bras de Satoru et enfin reposer mon corps ainsi que mon âme si épuisés depuis 3 ans. J'ai presque l'impression de vivre une vie normale auprès de l'homme que j'aime et de ma meilleure amie.

D'ici quelques temps nous irons sceller définitivement Michizane dans un endroit maintenu secret, un emplacement dont les coordonnés ne seront dévoilées à personne, jamais, même après notre mort. Michizane sombrera dans l'oubli.


-Satoru je jure de te buter! Crié-je en lui courant après dans la pièce, donnes moi ce foutu plaid!

-Jamais! Dit-il avant de ricaner d'une manière ridicule.

Il passe devant le canapé où Shoko attend patiemment. Stoïque, elle tend discrètement son pied dans la course de Satoru qui s'étale au sol.

-Shoko... Ronchonne-t-il avec rancœur.

-Fallait donner le plaid, dit-elle en lui tirant la langue avant de piocher à nouveau dans le pop corn.

Je cours jusqu'à son corps effondré au sol et lui arrache le plaid des mains que je viens tendre au dessus de ma tête comme un trophée.

-C'est pas juste vous me reniez, marmonne-t-il tout en se roulant en boule au sol.

-Arrêtes de faire la dramaqueen on veut juste se faire une séance film entre filles! Grondé je.

Il pose sa main sur sa poitrine et mime d'avoir pris une balle en plein cœur.

-Agonise en silence, lâche Shoko de manière toujours aussi neutre.

-Argh... Lâche-t-il.

Je me tourne vers Shoko qui me tend le saladier de pop corn vide, je claque ma langue.

-Vous êtes pas possibles tous les deux, rouspété je.

J'attrape le saladier en verre et quitte la pièce dans l'idée d'aller refaire du pop corn. Je traverse les couloirs tout en continuant de marmonner différentes protestations. Je tourne au bout du couloir et passe devant une des fenêtres qui donne sur le grand espace déboisé séparant notre maison de la dense forêt plus loin. J'entrevois l'extérieur de cette fenêtre du coin de l'œil et me stoppe net après un pas de plus, la peur remontant soudainement mon ventre et glaçant mon échine. Une tache noire se distingue parmi la neige si blanche et immaculée là dehors. Figée, je tourne lentement mon regard vers l'extérieur et lorsque je distingue la lointaine silhouette immobile au milieu de la neige le saladier glisse entre mes doigts pour venir se briser au sol. La seconde qui suit Satoru et Shoko apparaissent dans l'angle du couloir.

-Hana? Demande Shoko inquiète.

La bouche entrouverte et le regard toujours cloué sur l'extérieur je ne parviens pas à faire sortir des mots de ma bouche, ma main étant immobile dans le vide comme si je tenais toujours le saladier. Satoru et Shoko décident de s'approcher, se demandant quelle mouche m'a piquée. Et lorsqu'ils arrivent a mon niveau ils tournent à leur tour leur regard vers l'extérieur pour finir dans le même état de stupéfaction que moi.

-... Suguru? Lâche Satoru après quelques secondes.

Je lève lentement les yeux vers Satoru, le reste de mon corps ne parvient toujours pas à bouger tant je suis déconcertée. Sans voix, son regard reste figé sur l'extérieur, ne bougeant pas un doigt. Je reprend soudainement vie afin de faire un virage à 90 degrés pour leurs tourner les talons et me diriger vers la porte d'entrée. J'ouvre la porte en grand, la main toujours ancrée à la poignée, l'air glacial me frappe instantanément le corps. Sans hésiter je pose mes pieds nus dans la neige et me dirige vers Suguru toujours immobile. Je marche d'abord, sans m'en rendre compte j'accélère le pas, puis un peu plus, jusqu'à trottiner dans la poudreuse, le craquement des centimètres de neige sous mes pieds résonne à mes oreilles et les flocons fondent froidement sur ma peau. Je m'arrête à quelques pas de Suguru. Mes joues rosées et le souffle blanchis ressortant de ma bouche me rappellent le froid présent. Suguru me fixe sans une seule expression, juste ses yeux légèrement écarquillés, comme si son regard était perdu sur moi. Passons le fait qu'il ait pu nous retrouver avec tant de facilité, Suguru a toujours été un très bon pisteur grâce à ses fléaux d'exception. Pourtant, il n'a pas du tout l'air menaçant, il a plutôt l'air...Perdu?

-Suguru? Soufflé je.

Il ne réagis pas tout de suite à mes paroles.

-Qu'est-ce que tu fais là? Continué je.

-Hana, dit-il.

Ses yeux viennent fixer le sol et ses sourcils se relèvent légèrement. J'entends la neige craqueter témoignant de l'arrivée de Satoru et Shoko qui s'arrêtent quelques mètres derrière moi.

-Mimiko et Nanako ont disparues, lâche-t-il toujours désorienté.

L'information met quelques secondes à parvenir à mon cerveau. Mon souffle se coupe et j'écarquille les yeux tout en réalisant.

-...Quoi?

L'air toujours aussi désespéré, il passe sa main derrière sa tête.

-Je pensais qu'elles cherchaient peut être à te retrouver mais vu ta réaction elles ne sont pas parvenues jusqu'ici.

Je dodeline de la tête négativement. Stupéfaite, l'air de détresse de Suguru me serre le cœur. J'imagine à quel point il doit être inquiet, lui qui les considèrent comme ses propres filles.

-Elles n'ont laissées aucune trace c'est ça? Dit Satoru en se rapprochant de nous, si tu avais une infime piste tu aurais déjà réussi à les retrouver.

-En effet, elles n'ont rien laissé.

-Tu ne veux surement pas envisager cette option mais tu te rends bien compte que c'est impossible que deux petites filles de cet âge ne laissent aucunes traces, pas même un résidu d'énergie en quittant les lieux de leur propre chef, continue Satoru.

J'hoquète de surprise et pose ma main sur ma bouche, mes larmes viennent rapidement embuer mon regard sans pour autant rouler sur mes joues. Le regard de Suguru s'assombrit, il sort probablement du déni qu'il avait construit pour espérer qu'aucun malheur ne soit arrivé à Mimiko et Nanako. Mais Satoru a raison, elles n'ont pas pu laisser aucunes traces à leur jeune âge, elles ne seraient pas précautionneuses à ce point. Elles ont été enlevées. Et puisque que les résidus d'énergie ont été nettoyés, leurs ravisseurs sont probablement des exorcistes.

Satoru pose sa main sur l'épaule de Suguru.

-Je sais à quel point ces petites filles sont importantes pour toi et Hana. Nous allons les retrouver, Suguru.

Shoko hoche la tête derrière nous avec un air résolu sur le visage.

Jujutsu Kaisen - Satoru Gojo x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant