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Les deux s'exécutent. Je ne sais pas pourquoi, je souhaite protéger cette fille, c'est comme si c'était naturel. On ne se connait pas mais je m'inquiète pour elle et je veux l'aider. Son espèce m'est inconnue mais elle n'est pas complètement humaine mais cela veut-il dire qu'il faut la traîter comme un animal ? Je ne pense pas. L'homme qu'elle aurait hypothétiquement tué était un violeur, peut être, qu'elle n'avait fait que se défendre. En bas de l'immeuble, les membres de l'équipe médicale nous attendent déjà. Un étage leur a été consacré afin qu'ils puissent installer le nécessaire. A peine descendu de la voiture, les soignants la mettent sur un brancard, direction la salle d'opération aménagée pour l'occasion. Je les suis et on me demande d'attendre sur les sièges à l'extérieur. L'attente dure plusieurs heures pendant lesquelles on m'apporte à manger mais j'y touche très peu, on me demande de faire de l'administratif pour l'entreprise et j'obéis sans broncher. C'est assez rare que je le fasse sans râler et Josh n'hésite pas à me le faire remarquer. Le chirurgien vient alors me faire état de la situation alors que mon second et mon garde du corps sont présents :

"Certaines de ses blessures sont plus graves que d'autres. Elle a perdu beaucoup de sang mais nous lui avons fait une transfusion. L'une de ses côtes cassées a perforé la poche qui englobe les poumons, je l'ai recousu et prie pour que cela tienne. D'autres de ses côtes sont cassées mais malheureusement on ne peut rien faire. Elle possédait une épaule déboîtée et de multiples hématomes et contusions de différentes gravités sur tout le corps mais principalement au niveau du thorax et du ventre. Une balle lui a été tirée dans la main ce qui a provoqué un déchirement du nerf et du tendon, j'ai dû lui mettre des broches pour pallier les dégâts causés. Elle ne sentira plus rien dans sa main et son bras mais retrouvera sa mobilité. Actuellement son état est encore irrégulier mais vous pouvez aller la voir"

Il ne fallait pas me le dire deux fois, j'entre dans la pièce et me stoppe net à l'entrée. Le nombre de machines autour d'elle est affolant, le bip indiquant son cœur est régulier, ce qui me rassure un peu. Elle porte une minerve et de nombreux bandages sur le thorax et le ventre. Sa main blessée est surélevée faisant apparaître l'énorme bandage qu'elle possède. Je baisse la tête devant ce spectacle qui me désole et m'attriste. Si j'étais intervenu, elle n'en serait pas là. Pourquoi le patron l'avait-il puni à ce point là ?
Depuis plus de trois semaines déjà, je passe mes journées dans sa chambre médical à espérer qu'elle se réveille. Je mange et dort peu. J'ai délégué l'administration de l'entreprise à Josh après avoir constaté que je n'avais pas du tout la tête à ça. Peter et Josh commencent également à s'attacher à elle, malgré son état. Ses bandages lui ont été retirés même si ses os brisés ne sont pas encore rétablis, certaines blessures ont laissé des cicatrices, d'autres pas mais celles de sa main sont impressionnantes.
Je me réveille ce matin et relève la tête avant de tomber sur deux iris bleu océans qui me fixent avec incompréhension. Je me redresse d'un coup et commence à lui raconter les événements précédents. La jeune femme ne me coupe pas et m'écoute attentivement puis finit par hocher la tête. Nilea parvient à bouger la grande majorité de son corps pour mon plus grand plaisir.

"Peux-tu m'aider à me redresser ? me chuchote-t-elle.

-Oui bien sûr. Mais pourquoi tu chuchote ? Je lui demande en l'aidant à se relever.

-Parce que je ne veux pas attirer l'attention dans un hôpital.

-Ce n'en ai pas un, tu es dans mon immeuble. Ici tu ne risques rien. J'ai fait venir tout l'équipement et le personnel médical dont tu avais besoin comme ça pas besoin d'aller à l'hôpital."

Elle reste abasourdie, la bouche ouverte et me dévisageant face à ce que je viens de lui dire. Peter rentre alors dans la chambre, tous deux s'échangent un regard avant que la jeune femme ne se cache sous la couette tremblant. Mon ami se rapproche d'elle en s'excusant pour ce qui lui a fait à la main. Elle se découvre un peu la tête et détaille l'homme avant de tomber sur son arme et de faire un bond en arrière la faisant chuter du lit. Les machines bipent dans tous les sens et nous nous précipitons vers elle. Je soulève la couette et découvre la panthère des neiges qui me fixe apeurée. Lorsqu'elle aperçoit Peter, elle feule en arquant le dos hérissant ses poils. Dans un mouvement de panique, mon ami et moi nous dirigeons vers la porte, elle ne bouge pas et nous regarde partir alors qu'elle cesse de vouloir nous faire peur. Je referme la porte derrière nous et prend appui sur celle-ci en soufflant. Le médecin accourt vers nous, alertés par les machines. Mince, il ne peut pas la voir comme ça, elle deviendrait un rat de laboratoire s' ils venaient à la découvrir.

"Poussez vous, ils nous faut lui porter secours, me dit-il.

-Je suis désolée mais je ne peux pas, lui répondit-je.

-Poussez vous ! Ces machines sonnent quand l'état du patient est très grave ! Laissez-moi faire mon travail !" s'exclame t il énervé.

Il tente de passer mais je le maintien comme je le peux, aidé de Peter mais le nombre d'infirmiers et infirmières qui l'accompagnent n'est pas à notre avantage. Le médecin finit par entrer dans la chambre et pousse un cri.

"LA PATIENTE S'EST ENFUIE" ! hurle t il.

Tout le monde s'arrête et rentre dans la chambre. Je fais le tour de la chambre, la couette ne semble pas avoir bougé pourtant. Je soulève celle-ci et aperçois un chat identique à la panthère mais en beaucoup plus petit, roulé en boule.

"Vous avez vu quelque chose ? me demande le médecin arrivant à ma hauteur alors que je laisse retomber le draps.

-Non, je n'ai rien vu de spécial. Elle n'est pas sous la couette.

-Montrez !"

Il attrape fermement la couette et la jette sur le lit découvrant le petit félin qui lève la tête tout tremblant puis baisse les oreilles en se cachant sous ses pattes avant.

La panthère des neiges Où les histoires vivent. Découvrez maintenant