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"BEFORE WE TURN TO STRANGERS TRYING TO LOVE IN THE DARK TELL IT TO MY HEART
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𝕯𝖊 𝖙𝖔𝖚𝖙𝖊𝖘 les étapes de la journée, le matin comptait probablement parmi les plus rudes. Bien que le sommeil était pour lui devenu une denrée rare, le tintement du réveil demeurait un rappel à l'ordre brutal. Niché là, dans le fond de son lit à baldaquin, il parvenait à s'accorder le luxe de ne penser à rien, du moins jusqu'à ce qu'il ne soit assailli par des bribes de souvenirs indésirables. Cela lui faisait l'effet de mauvais films que l'on rejouait en boucle sans qu'il ne puisse jamais appuyer sur pause. Pourtant, il continuait d'appréhender l'aube, qui marquait en permanence la fin de ses songes pour l'attirer dans un présent peu charitable. Au bout du compte, il se trouvait tiraillé entre son passé et son quotidien, et chacun s'obstinait à l'écorcher en permanence.
Ce qu'il n'avait pas vu venir en revenant à Poudlard, c'était la manière dont le réveil dans son dortoir changerait toute sa perspective. L'agitation de ses camarades tout autour de lui contrastait avec son état quasi-léthargique et lui projetait par la même occasion une vision inédite du mal-être avec lequel il s'était pourtant habitué à cohabiter. Il réalisait à quel point le rythme qu'il avait pris, seul dans son village, n'avait rien d'anodin. Il s'était simplement conforté dans cette situation, tenant un rythme déconnant avec aucune autre obligation que celle de penser à sa Anne. Ainsi, il en avait oublié la sensation d'être entouré d'êtres humains qui eux n'avaient pas mis leur existence sur pause. La claque était de voir des vies suivre leur cours au cœur du chahut qu'était la sienne.
Finalement, il trouva le courage de braver la masse qui le maintenait enfoncé dans son matelas, pour réaliser qu'Ominis manquait déjà à l'appel. Le lève-tôt par excellence ; à croire que leurs horloges biologiques avaient simplement été inversées. Alors comme pour confirmer l'hypothèse, le frère Pallow avait reposé sa tête sur l'oreiller, les yeux pourtant grand ouverts. Il avait passé tellement de temps dans cette position à détailler le sommet de son baldaquin qu'il aurait été capable de redessiner les moindres plis de ses rideaux verts sapin.
Il repensait à la veille car en effet, les souvenirs coriaces n'avaient pas été les seuls à raccourcir ostensiblement sa nuit. Il s'était tellement conforté dans l'espoir que Poudlard aurait la solution à tous ses problèmes qu'il avait été incapable d'attendre une journée de plus pour poursuivre ses recherches. Ainsi, peu de temps après que tout le monde se soit couché, il s'était attelé à tester le sommeil de ses camarades à base de quelques bruits sourds. Lorsqu'il eut la certitude que la voie était libre, il ne lui avait suffi que de sa baguette pour braver l'école engloutie par l'obscurité nocturne.
