Épilogue

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Alors que toute la ville était plongée dans la pénombre, seul le bruit de battements d'ailes coupait le silence de la nuit. Passant par la fenêtre qui avait été laissée ouverte pour permettre à l'air frais d'entrer pendant cette période estivale, l'homme pénétra dans l'appartement sans difficulté. Muni d'une fleur de lys blanc, il s'approcha du lit où dormait une enfant de neuf ans qu'il observa quelques instants.

— Tu lui ressembles tellement, murmura-t-il en lui caressant doucement les cheveux. Bonne nuit, ma petite princesse.

La fille avait des cheveux bruns ondulés et, autour de son cou, on pouvait découvrir une chaîne en argent avec un pendentif en forme de S. L'intrus déposa la fleur sur la table de chevet, à côté d'un livre dont le titre l'interpella : Daemonium.

Pris d'un doute, il décida tout de même de s'emparer de l'ouvrage et lut le résumé qui reprenait l'histoire d'un magicien et d'une fille avec laquelle il était parti à l'aventure dans les quatre coins du monde. Au hasard, il ouvrit le roman et lut un passage : « J'ai connu une femme, il y a longtemps. Elle aimait les Terriens, elle les aimait sincèrement. C'était un ange, un véritable ange. Mais son âme a été noircie par un démon. Le pire démon qui soit. Son propre père. Comment un tel être avait-il pu engendrer une si sublime créature ? Enfin bref, crois-le ou non, elle avait réussi à me faire aimer les Terriens. Moi qui les voyais simplement comme des morceaux de viande ; sauf ma mère et ma sœur qui auraient méritées une bien plus douce fin. Et puis finalement, j'ai rencontré un être encore plus angélique que cette femme. J'ai rencontré l'Amour. »

Un bruit sourd résonna de l'autre côté de la porte, provenant certainement du couloir, ce qui alerta l'homme plongé dans sa lecture. Surpris, il laissa le livre lui échapper des mains et tomber au sol. Il s'était rapidement enfui par l'ouverture pour rejoindre le toit de l'immeuble, tentant de retrouver son calme. Il entendit quelqu'un fermer la fenêtre par laquelle il s'était introduit alors, rassuré, il déploya ses immenses ailes noires et s'apprêtait à prendre son envol lorsqu'il entendit une voix aiguë s'élever dans la nuit :

— Attendez ! Vous ! Que faisiez-vous dans la chambre de ma fille ?

Votre fille ? s'étonna-t-il sans se retourner.

— Oui, ma fille.

Un silence envahit la pièce quelques instants, le temps pour l'homme d'essayer de comprendre ce qui était en train de se passer.

— Ne vous en faites pas, je ne lui ai rien fait, affirma-t-il finalement. Je n'aurais jamais osé m'en prendre à elle.

— Oui, je sais. Je l'ai su dès que j'ai croisé son regard pour la première fois. Il y avait une sorte de lueur verte qui brillait dans ses yeux, comme de l'espoir, comme si elle m'avait été envoyée par l'Énergie.

Un frisson parcourut tout le corps de l'homme ailé. Cela ne pouvait pas être possible, cela faisait bien trop longtemps, se disait-il.

— Comment s'appelle-t-elle ? osa-t-il demander.

— Scota, répondit la femme.

— Comme...

— Comme vous aviez surnommé ma mère, poursuivit à sa place son interlocutrice pendant qu'il se retournait vers elle.

L'homme au plumage noir se retrouva face à une femme aux yeux verts et aux cheveux ondulés roux. Il connaissait son âge exact, il savait même qu'aujourd'hui était son trentième anniversaire car il savait de qui il s'agissait. Cette femme, c'était Augusteen, sa propre fille.

— Je savais que c'était toi, affirma la rousse, soulagée et pleine d'espoir.

— Tu... Tu te souviens de moi ? s'étonna l'Ombre.

— Bien sûr que je me souviens de toi, Donn-Sleibhe Ronwold.

Quand elle prononça son nom, il eut l'impression que toutes les lumières s'étaient rallumées, que le monde se colorait de nouveau tout autour de lui et qu'un poids quittait enfin son corps. Ils se faisaient face l'un l'autre, se souriaient ; et, à ce moment précis, le Maître sut qu'il l'avait retrouvé, qu'il avait retrouvé son Espoir.

DaemoniumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant