Chapitre 14

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Une dizaine de jours après le réveil de Donn-Sleibhe, ce dernier s'était remis au boulot comme si son hibernation n'avait pas eu lieu. Il le fallait s'il voulait rattraper son retard, surtout avec la guerre civile qui sévissait toujours à l'extérieur.

Au Memorium avec son adjutor, ils réalisaient des recherches pour répondre à certains problèmes de Nablas reçus ces derniers temps. Alors qu'ils étaient silencieux et qu'ils travaillaient chacun avec des objet-souvenirs ou des livres à deux ou trois mètres de distance dans la salle annexe, Ultan pensa à voix haute en reprenant connaissance après avoir visité un Souvenir datant de plusieurs mois :

— Elle est notre Espoir. Elle l'a toujours été, Augusteen est...

Le Clair – qui était habillé d'un jean bleu et d'une chemisette aux motifs qui ressemblaient à l'un des tableaux Terriens les plus connus – ne put terminer sa phrase, il y avait tellement d'adjectifs qui lui venaient en tête pour qualifier la jeune femme.

— Tu l'aimes, n'est-ce pas ? demanda subitement le Maître sans relever le nez de son livre.

Ultan se figea un instant, ne sachant si son ami questionnait l'âme enfermée dans l'ouvrage ou s'il avait posé la question à son adjutor. Dans tous les cas, il était incapable de répondre à cette question, il était lui-même perdu entre ses sentiments et sa conscience ; il se demandait ce que l'Ombre pourrait bien penser de tout cela.

Toujours en train de consulter un des nombreux livres du bâtiment sacré, Donn-Sleibhe ne semblait pas vraiment se soucier de l'absence de réponse de son adjutor ni du fait de la compréhension ou non du sens réel de sa question. Tout ce qui lui importait était qu'Ultan aimait assez fort Augusteen pour la protéger, peu importait le genre de sentiments qui pouvaient l'animer ; le Maître n'en n'avait que faire des droits et des devoirs émotionnels des adjutors ou même des Gardiens.

Dans la pièce principale, Augusteen – qui avait mis un haut à manches courtes blanc et un pantalon bleu clair et qui avait coiffé ses cheveux en une tresse qui descendait dans son dos – poursuivait des recherches personnelles sur sa mère. Consultant un tiroir rempli d'objets en tout genre qui se trouvait sur les étagères les plus hautes, elle trouva une boîte de petite taille et, pour ne pas perdre l'équilibre sur son échelle, elle décida de l'ouvrir une fois au sol.

Elle s'empressa alors de tourner la clef qui gardait clos le petit objet en bois et y découvrit à l'intérieur une photo. Sur cette photographie, on pouvait y voir une femme aux longues plumes brunes ornées de bijoux brillants et aux yeux verts. Elle portait une robe aux motifs fleuris et avait l'air perdue dans ses pensées puisqu'elle était assise dans un champ et observait le paysage sans regarder l'objectif ; elle n'avait peut-être même pas conscience d'être prise en photo.

Lorsque la Gardienne atterrit avec un livre dans les mains pour l'emmener dans la pièce annexe afin d'aider les deux hommes en pleines recherches, Augusteen en profita pour l'interpeller.

— Je croyais qu'il n'y avait pas de photos à Daemonium, la questionna-t-elle indirectement.

Annie se retourna vers elle, observa le morceau de papier et ouvrit la bouche pour parler, mais ce fut une voix grave qui résonna dans le bâtiment sacré :

— Elle a été prise sur Terre et ramenée à Daemonium après.

C'était Donn-Sleibhe qui avait répondu. Vêtu d'une chemise noire et d'un pantalon de la même teinte, il venait de sortir de la salle annexe, suivi par Ultan.

— Je peux la garder s'il te plaît ? lui demanda la jeune femme.

Il lui donna son accord d'un hochement de tête, sachant à quel point cela pouvait compter pour elle qui avait vécu si longtemps sur Terre.

DaemoniumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant