Broken I

Chapitre 2

Je jette alors un coup d'œil sur la feuille que j'ai sous mes yeux pour saisir ce dont elle me parle et il s'avère que la personne après Lambert dans ma liste est bien Lias, Amber Lias. Secrètement déçu qu'elle soit mon élève, je m'efforce de me remettre les idées en place en me frottant les yeux, puis je lui reproche son retard.

- You're late miss Lias, j'émets tête baissée, m'apprêtant à me remettre à ma tâche.

- You weren't on time either (vous n'étiez pas à l'heure non plus), rétorque-t-elle en me souriant énigmatiquement.

Légèrement épaté par son courage et ravi de son niveau en anglais qui me semble convenable, je laisse un sourire en coin dessiner mon visage.

       L'appel des élèves terminée, je me lance dans mon discours concernant les méthodes que j'appliquerai et comment je fonctionnerai tout au long de cette année scolaire afin de clarifier les choses avec ces adolescents agités. Je leur explique qu'étant plutôt jeune par rapport à certains collègues, je suis compréhensif et donc plus tolérant avec certaines choses telles que le bavardage, les oublis de matériel, de carnet ou encore de devoir. J'ai moi même été élève il n'y a pas si longtemps que ça et je peux comprendre que cela arrive. J'aime travailler dans la bonne humeur, rigoler avec les élèves de temps en temps afin d'installer une bonne ambiance qui ne pourra qu'être constructive. Seulement je n'oublie pas que mon seul et unique but dans cet établissement est de leur apprendre l'anglais et que quiconque qui perturbera le cours sera sanctionné.
Ils semblent concentrés, surtout les demoiselles devant moi qui m'observent sans sourciller. J'ai réussi à obtenir un silence complet et cela me rend fier de moi, je ne veux pas être ferme dès le premier jour.

Mon cours ayant pris fin, je me dirige vers la salle des professeurs au premier étage que j'ai repéré lors de mon entretien d'embauche avec le proviseur, monsieur Sila. L'idée d'enfin pouvoir rencontrer quelques collègues durant mon heure de trou de neuf-heures et demie à dix-heures vingt me réjouit. Étant nouveau dans le coin, je ne connais personne et j'aimerai me faire des amis car tous les miens habitent Londres. J'y accède timidement, appréhendant ma rencontre avec mes premiers collègues, et, à mon grand désarroi il n'y a personne. Déçu, je soupire avant d'aller m'asseoir sur une des chaises de l'une des grandes tables rondes cette salle toute verte.

L'intérieur est plus ou moins grand, suffisamment pour accueillir une cinquantaine de personnes. La table à laquelle je suis assis est grise métallisée, autour d'elle il y a une vingtaine de chaises accordées à elle, exactement comme la grande table à ma droite, sauf que celle là est proche de la fenêtre qui donne une vue sur la cour de récréation. Seul et ennuyé, je me résous à visiter les lieux. Il y a une cuisine assez petite, mais tout de même suffisante, elle est meublée uniquement de placards, de réfrigérateur et de plans de travail qui soutiennent diverses machines telles qu'un micro-onde, une cafetière ainsi qu'un grille pain. Ma visite a été rapide, puisque hormis la cuisine, il n'y a aucune autre pièce, ce qui me pousse à trouver une autre occupation pour passer le temps. Pourquoi ne pas préparer mon prochain cours ?

Alors que je commençais à me prélasser sur ma chaise pour être plus confortablement installé, une femme blonde aux yeux noirs entre soudainement dans la salle et me fait doucement sursauter. Ses yeux sombres braqués sur moi et son sourcil arqué me suggèrent le fait qu'elle doit sûrement se demander qui je suis. Elle se rapproche de moi et me tend la main en se présentant:

- Marie Portin, dit-elle en attendant que je le fasse à mon tour.

- Thomas Muller, nouveau professeur d'anglais, je remplace un certain...

- Paul Verger, m'interrompt-elle le sourire aux lèvres.

- Oui c'est lui, Verger. Il est parti de son plein gré ? je demande pour faire la conversation à Marie qui se dirige vers la petite cuisine de la salle.