Broken I

Chapitre 20

Comment l'appelleriez-vous ? Cette mini joie que vous ressentez lorsque vous voyez cette personne ? Cette envie, ou plutôt ce besoin qui se transforme en obsession de toujours désirer être à ses côtés ?  Cette maladresse venue de nulle part lorsque vous êtes près d'elle ? Cette rage lorsque vous la voyez près de quelqu'un d'autre qui semble la rendre heureuse ? Ce manque, et ce vide qui créent des fantasmes dont vous ne cessez de repasser en boucle dans votre tête chaque soir ? Et surtout, cette joie, ce bonheur, lorsque cette personne semble vous porter dans son cœur ? Comment appelleriez-vous ce sentiment ? Moi, j'appelle ça de l'amour. C'est ce que je ressens, ou du moins, pense ressentir pour Amber Lias. Seul bémol, c'est mon élève. Et un professeur ainsi qu'une élève ne peuvent avoir quelconque relation extra scolaire. J'aurais dû écouter David et Samuel qui m'avaient mis en garde contre cette jeune fille qui m'a tout de suite intrigué dès mon premier jour de travail. Comment ai-je pu en arriver là ? Ressentir le moindre sentiment pour une adolescente encore au lycée est la dernière chose à laquelle j'aurais pu songer au début de cette année scolaire. Je m'en veux terriblement. Je ne me reconnais pas.
Pour me rassurer, j'essaie de me convaincre que c'est mon stupide inconscient qui me joue des tours mais le fait que penser sans cesse à cette gamine, me soit inéluctable contredit tout. J'ai toujours eus le don de me foutre dans des situations que je suis incapable d'assumer par la suite mais cette fois, j'ai touché le fond, je suis tombé plus bas que sous terre. De plus, le fait qu'Amber ne partagera sans doute jamais mes sentiments me met hors de moi. Quand je lui ai annoncé sans m'en rendre compte ce que je ressens pour elle, elle s'est immédiatement empressée de descendre de ma voiture malgré la forte pluie de ce jour là. Et depuis, j'attends impatiemment la rentrée scolaire qui sera dans deux jours. J'ai passé chacune de mes journées à tenter de mémoriser un discours à lui tenir, lui disant que c'était un malentendu, que j'étais sous les nerfs, que revoir Emma m'avait tant bouleversé que j'en avais perdu la tête. Sans David qui m'a forcé la main pour que je sorte le jour de l'an, je serais resté enfermé chez moi submergé par la honte. La seule fois où j'ai mis les pieds dehors depuis ma dernière escapade nocturne avec Dav, je descendais mes poubelles et j'ai croisé la superbe Chloé avec qui, j'ai sauvagement fais l'amour, pensant que ces ébats auraient eut le même effet sur moi que d'habitude. Hélas, cette fois, à part un orgasme divin, ce rapport sexuel ne m'a rien apporté.

Affalé dans mon lit à grignoter des Doritos avec une canette d'Heineken devant ma télé, j'entends quelqu'un toquer fortement à ma porte. Je me lève rapidement essayant de deviner qui d'autre à part Chloé pourrait avoir envie de me voir puis ouvre la porte.

C'est un homme brun aux yeux noirs, grand et assez costaud, je lui donnerais pas plus de trente ans et le sourire aux lèvres, il me serre la main avant de se présenter.

- Bonsoir, je suis Robin Sempredo. Un de vos voisins, je viens d'apprendre que vous aviez emménagé ici. Je me suis dit que ça serait sympas de faire connaissance puisque si l'aviez remarqué, il n'y a pas trop de jeunes dans cet immeuble.

- Bonsoir Robin, je suis Thomas Muller. Ravi de faire votre connaissance et votre idée me plait, je ne connais personne ici alors je ne pourrais refuser l'occasion de sympathiser avec des voisins, répondis-je enthousiaste.

- Et bien pourquoi ne pas commencer par dîner avec ma fiancée et moi ? Elle adore cuisiner et ce soir, elle en a fait des tonnes, me suggère-t-il d'une intonation si convaincante que je ne pourrais décliner sa proposition.

- Ça tombe bien, j'ai une faim de loup, m'exclamé-je en ricanant, une seconde, je vais me changer, ajouté-je en entrant dans mon appartement.

- Oh ne vous dérangez pas, je ne suis moi même pas très bien habillé.

- Très bien.