Broken I

Chapitre 19

Aujourd'hui, après 10 jours passés dans ce pays que je chéri particulièrement, nous rentrons en France. Je fais la moue. Je commençais à m'habituer à cette météo unique. Ça n'a fait qu'éveiller mes lointains souvenirs de ma jeunesse ici avec Candice et Ethan, ma sœur et mon frère qui contre toutes attentes, me manquent terriblement. J'aurais aimé les voir mais Candice est en Italie en train de faire ses débuts dans le monde du cinéma. Ethan lui est sûrement en Afrique, en train de satisfaire ses sombres fantasmes avec les femmes noires qu'il dit être les plus belles du monde. Il m'en a déjà présenté une dizaine et il faut dire qu'il a bon goût.

Je me lève suffisamment tôt pour être moi même prêt lorsque je réveillerais les élèves afin d'avoir le temps de faire quelques vérifications de ce retour impromptu. Marine et moi n'avons rien préparé, nous ignorions même que le retour était aussi tôt: on a un train à 11 heures 46 qui nous mènera jusqu'au port où nous prendrons le bateau. Alors, nous avons prévenu la classe hier soir pour qu'ils fassent leur valise le plus rapidement possible.

Je prends comme depuis toujours, une douche brûlante puis me vêts d'un polo à manches longues noir, d'un jean droit et des souliers de la même couleur. Une fois prêt, je sors de ma chambre pour aller réveiller Rossi afin qu'elle m'aide à faire les dernières préparations et contre toutes attentes, elle sort avant même que j'eus toqué à sa porte. Elle est déjà prête elle aussi, il faut dire que ce voyage tôt l'avait un peu bouleversé.

Nous nous attaquons sans plus tarder aux dernières petites démarches, puis une fois finit, nous décidons de réveiller les élèves. Rossi choisit de s'occuper de ceux du côté gauche et m'attribue ceux du côté droit. Merde! Je les réveille tous d'une manière un peu brutale puisqu'il est toujours difficile pour eux de se lever quand je suis tendre. Je soupire lorsque j'arrive devant la porte de Lias et pour cause: nous ne nous sommes pas parlé durant les deux jours qui ont suivit son anniversaire. Elle ne m'a même pas adressé un regard, c'est à nouveau la Amber avec qui je n'avais aucun lien en France. Elle est redevenue taciturne et morne. Cette fois, je ne me sens pas obligé de l'aider. J'ai déjà fais ce que j'avais pu, j'ai vraiment essayé et si tout ce que j'ai fais pour elle n'a pas  été suffisant, je ne vois pas de quelle autre manière est-ce que je pourrais la rendre heureuse. Et puis d'ailleurs, ce n'est en aucun cas le rôle d'un professeur de rendre ses élèves heureux. Je suis payé pour leur apprendre l'anglais et ça s'arrête là. Je ne lui dois rien.

Après cette longue réflexion au sujet de ma relation horripilante avec Amber, je me résous enfin à puiser tout le courage qui est en moi pour frapper à sa porte. C'est la première à aussitôt m'ouvrir et, l'air impassible, elle me regarde attendant poliment que je daigne sortir un mot de ma bouche. Ses cheveux humectés et sa serviette au tour de la poitrine m'indiquent qu'elle ressort de la douche.

- Tu as 30 minutes pour te préparer, dis-je tentant de paraître impérieux.

Elle hoche la tête avant de refermer sa porte. Son regard est insoutenable. Elle m'a regardé comme si notre rapprochement cette semaine n'avait jamais eut lieu, comme si je ne signifiais rien pour elle alors que malgré ma remise en question à son sujet, je tiens toujours étrangement à elle. Je suis conscient qu'elle m'en veut toujours par rapport à ce qu'il s'est passé le jour de son anniversaire et à vrai dire, elle a sans doute raison de s'éloigner de moi, même si ça m'est insupportable. Je dois m'en détacher, c'est une de mes élèves merde ! Quelle genre de relation pensais-je avoir avec une adolescente de 18 ans ? Comment ai-je pu être aussi inepte ? Pourquoi l'ai-je laissé prendre une place aussi considérable dans mon cœur ? Ou bien c'est peut-être elle qui m'a manipulé. Oui après tout, elle a su faire ce qu'il fallait pour coucher avec son ancien enseignant et faire virer 3 autres d'entres eux alors pourquoi n'aurait-elle pas tenté de reproduire l'histoire avec moi ? Suis-je une de ses prochaines victimes ?