PROLOGUE

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Par-delà les vallées de pins, quelque part au-dessus d'une mer de nuages iridescents, et plus haut encore que les Cités Flottantes dont les cascades se déversent dans le ciel comme un milliard de cristaux, fuse un corbeau aux yeux plus noirs que l'obsidienne. Défiant les bourrasques piquantes de cette haute altitude, ses ailes puissantes le propulsent avec empressement dans le ciel tacheté des premières lueurs de l'aube.

Dans un mouvement parfaitement contrôlé, le corbeau replie soudainement ses ailes et plonge en avant, la tête la première. À travers le brouillard, sa silhouette fend l'air dans un sifflement aigu, tandis que son bec acéré transperce les nuages comme des proies qu'il voudrait éventrer. Lorsqu'il émerge dans le ciel clair, le corbeau déploie ses ailes et son plumage se gonfle pour le stabiliser au-dessus de la ville immense et animée qui s'étend en dessous de lui : la Capitale de Templar, Horlogia.

Avec vitesse, l'oiseau survole les remparts circulaires et fortifiés qui se dressent avec majestuosité et protègent les citadins des dangers qui rôdent au-delà des frontières. Lorsqu'il se rapproche des premières habitations de bois de cent-ans et de pierre qui s'entassent les unes contre les autres, son ombre se projette sur les toits, semblant apporter avec elle une bénédiction mystique ou une sombre nouvelle.

Les citoyens de Templar, les Templariens, lèvent les yeux, captivés par la vision du corbeau qui sillonne les rues bondées. Car tous reconnaissent les corbeaux du clan des Corbeaux Carnassiers ; peuple serviteur et dévoué à la couronne. Mais nul ne remarque son empressement. Nul ne discerne le sang sécher qui a éclaboussé ses serres.

En accélérant la cadence, l'oiseau traverse les marchés de tapisseries et de peaux de bêtes, survole les boutiques aux façades colorées et les tavernes accueillantes, et s'éloigne des odeurs d'épices et de souffre qui flottent dans l'air chargé de magie. L'agitation matinale est peu à peu remplacée par des venelles vides et tortueuses, les balcons fleuris sont troqués par des poubelles renversées, et le vent prend une odeur de charbon de bois et d'alcool acide.

L'animal ailé ralentit sa course lorsque ses yeux se posent sur la pancarte en bois sombre de la taverne qui semble s'écraser contre un mur de pierre à moitié effondré : le Bar Enfumé. Avec souplesse, le corbeau plonge dans l'entrée, laissant la porte grinçante se refermer derrière lui et engloutissant avec elle les premières lueurs du jour.

A l'intérieur, l'éclat vacillant des bougies tapisse les murs humides et le sol en terre battue. L'odeur de tabac importé depuis la Cité Portuaire d'Argile ferait tousser même les poumons les plus robustes, et l'absence de fenêtres ne fait qu'ajouter une pesanteur supplémentaire à cette vieille bâtisse.

A l'instant où les serres du corbeau touchent le sol grumeleux, un nuage de fumée à l'odeur de cendre éclate autour de lui. Lorsqu'il retombe, l'oiseau est devenu un homme aux yeux sombres et à la cape noire. Aussitôt sa transformation achevée, il s'agenouille respectueusement devant l'homme gigantesque qui lui fait face.

Destinées Temporelles | T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant