CHAPITRE 12

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CHAPITRE 12 - Le cri du Ciel

Quand nous quittons la capitale, le trajet nous fait longer la Rivière de Nuages. Elle serpente à travers une vaste plaine, où le ciel semble embrasser l'horizon sans fin.

Les heures passent, rythmées par le pas lourd de nos montures. A nos côtés, les eaux chantent doucement sous le ciel bleu de cette journée interminable. Izel m'explique que la Rivière de Nuages va guider notre chemin pendant une bonne partie du voyage, car notre première destination est la Cité Noyée, son royaume. Mais pour y aller, nous devrons d'abord faire une escale à l'arbre Aldonoa.

- C'est quoi, l'arbre d'Aldonoa ? ai-je demandé, curieuse.

- C'est un lieu de paix et de neutralité, où aucune guerre ne peut être déclarée. C'est là que nous établirons notre premier camp pour nous préparer à notre quête des pierres du Temps, m'a-t-elle expliquée. Si nous ne faisons pas de pause, nous y serons ce soir.

Sur le dos de nos Norsels, ces énormes ours puants mais étonnamment dociles, le paysage défile. Je me sens minuscule face à l'immensité qui nous entoure. Un mélange d'exaltation et de terreur m'envahit.

Les arbres séculaires, plantés ici et là et drapés de mousses et de lichens, se penchent sur nos figures comme des vieillards bossus. De temps à autre, le cri perçant d'un aigle des montagnes fend l'air, rappelant la sauvagerie et la beauté implacable de cette terre.

Lorsque le jour commence à décliner, j'aperçois enfin l'ombre immense de l'Arbre d'Aldonoa qui se dresse au loin, entre les nuages. Sa taille dépasse l'entendement, au point où aucun mot ne peut décrire son immensité.

Soudain, le Norsel de Dagen s'arrête.

- Un problème, Corbeau ? commence Klaus, mais Dagen l'interrompt.

- Chut. Écoutez.

Nous nous immobilisons. Le vent siffle dans nos oreilles et les feuilles des arbres frémissent. Une tension envahit mes épaules et mes mains deviennent moites. Une bourrasque puissante résonne au loin, claquant comme un tsunami sur le rivage. Je scrute les alentours, mais je ne vois rien. Les chevaliers sont pétrifiés, le visage blême.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? je m'impatiente, la boule au ventre.

- C'est... un Dragon de Nuages, répond Klaus, son visage se décomposant en une expression d'horreur.

Avant que je puisse comprendre pleinement la situation, une ombre blanche surgit au-dessus de nous et je sens mon sang quitter mon visage.

- Accroche-toi ! me crie Izel en saisissant fermement les rênes.

Les Norsels s'élancent aussi vite que des lévriers qui chasseraient le lapin. Au-dessus de nous, le Dragon de Nuages apparaît, un immense spectre blanc fait de brume et de nuages. Il glisse et plonge dans les cieux avec une grâce fantomatique, se dirigeant vers nous à une vitesse vertigineuse.

Je me rappelle les mots de Klaus : "Au-delà de ces murs, il ne faudra avoir aucune pitié." Les larmes embuent mes yeux. La peur de la mort me saisit.

- Plus vite, aller !

La voix tremblante d'Izel me fait comprendre à quelle point le danger est grand, et je m'accroche à elle aussi fort que je le peux.

Soudain, le dragon plonge vers nous, sa puissance évoquant un raz-de-marée. Mon cœur bat à tout rompre. Nous approchons rapidement de l'Arbre d'Aldonoa, son tronc colossal nous promettant un abri. Malgré cela, il est toujours trop loin.

A ma droite, j'aperçois l'un des jumeaux, Epione, qui se dresse en équilibre sur son Norsel tandis que Khione maintient les rênes. En fixant la créature du regard, elle attrape le poignard qui dépasse de sa botte, vise, et le balance en direction de son œil brumeux.

Destinées Temporelles | T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant