vel'areth = mon enfant
CHAPITRE 20 – Le court du Temps
La confidence de la Reine Meeri, murmurée à l'oreille attentive de Dagen, me laisse pétrifiée. Ma main serre le couvert si fort que mon poing tremble et que mes jointures blanchissent.
Le trône ? Pourquoi prendrai-je la place d'un Dieu sur le trône ? Pourquoi voudrais-je m'assoir sur un trône, encore plus d'un monde qui n'est même pas le mien ?
Mon esprit se bouscule de questions et d'incertitudes. Est-ce seulement une rumeur que la Reine Meeri aurait entendue ? Ou est-ce une vérité qui va peu à peu se dessiner sur la toile de ma vie ?
Lors de notre rencontre, Dagen m'a expliqué qu'il m'avait emmené au Royaume de Templar car il pensait que je pourrais changer les choses et aider les Templariens à sauver leur monde. Mais attend-il réellement de moi que je destitue un Dieu de ses pouvoirs ? Est-ce ainsi que leur monde sera sauvé ?
Dans ce cas, pourquoi récupère-t-on les joyaux du Temps pour lui ? A quoi sert réellement cette quête ? Pour qui nous battons nous réellement, et pourquoi ? Mon cerveau surchauffe, et je ne sais plus quoi penser de tout cela.
Dagen reste de marbre, et son visage est une muraille impénétrable. Il scrute la salle d'un regard lourd, puis se lève avec une solennité royale.
— Je te suis reconnaissant pour ton hospitalité, Reine Meeri. Je te souhaite une bonne nuit, dit-il d'une voix blanche.
Sur ces mots, il lui offre une brève révérence, puis sort de la salle. Quant à moi, je reste immobile, comme avalée par un trou noir. Je ne bouge pas d'un pouce quand Merikh raccompagne Klaus jusqu'à sa chambre, qui se plaint d'avoir trop bu. Je ne relève pas les yeux quand Thalassa et Izel passe derrière ma chaise en roucoulant et en quittant la pièce. Et je ne réagis même pas en sentant le regard brûlant de la Reine sur moi.
D'un geste lent et mal assuré, je me lève à mon tour, et m'approche de la porte d'un pas hésitant. Lorsque je m'apprête à sortir, la voix de la Reine, froide et puissante, parvient jusqu'à mes oreilles :
— Ce n'est qu'un au revoir, humaine. J'ai l'impression que nos chemins vont se recroiser.
Sans me retourner, je referme doucement la porte derrière moi, et la solitude du couloir me confronte à l'inconnu qui s'étend devant moi. Je progresse, guidée par l'instinct plus que par la raison, à travers les couloirs aux murs en roches lisses et blanches. Dans ce grand bâtiment qui ressemble un peu à un hôtel et où l'on peut respirer comme sur la terre ferme, Meeri nous a attribué à chacun des quartiers pour que nous puissions nous reposer avant notre départ.
Mes genoux manquent de me lâcher quand j'arrive devant la porte qui mène à ma chambre. Je n'ai qu'une hâte : m'écrouler sur mon lit et laisser ma tête exploser. J'appuie sur la poignée et entre dans la petite pièce à la lumière tamisée, avant de fermer la porte derrière moi et de laisser mon dos s'y appuyer. Je ferme les yeux.
— Je n'y comprends rien..., je souffle pour moi-même en me massant la tempe.
— Qu'est-ce que tu ne comprends pas, vel'areth ?
La voix grave de Merikh me surprend, provoquant un sursaut qui m'échappe et me fait ouvrir les yeux brusquement. Le géant est là, assis sur le lit, en train de retirer nonchalamment ses grosses bottes en peau de bête. Sa faucheuse est appuyée contre le mur, et le reste de ses affaires est plié religieusement sur sa table de chevet.
— Excuse-moi, Merikh, je pensais que c'était ma chambre, je... je ne voulais pas te déranger.
Il m'étudie un instant, puis m'invite à m'installer sur la petite chaise face à son lit d'un geste de la main.
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Destinées Temporelles | T1
Fantasía« Notre monde est complexe et dangereux. J'ai hâte de voir comment une simple mortelle va survivre ici. » Lorsqu'un mystérieux homme-corbeau arrache Neera à sa réalité pour l'emmener dans son Royaume, la jeune femme n'a pas d'autre choix que d'appre...