CHAPITRE 18 - La Déesse des profondeurs
Au crépuscule, Izel ne nous a toujours pas rejoins. Le temps passe, les grains du sablier se vident peu à peu, et nous ne savons toujours pas qu'elle sera sa décision. La question de son choix plane au-dessus de nous : se couronnera-t-elle reine ou restera-t-elle chevalière ? Je m'interroge ainsi pendant un long moment, entrelaçant mes doigts et me forçant ainsi à ne pas les ronger. Une question tourne en boucle dans ma tête : Nous avons besoin de la pierre, mais à quel prix ?
Les cinq chevaliers et moi patientons silencieusement devant les portes du palais. Pendant cette attente interminable et anxiogène, je fais de mon mieux pour ne pas laisser mon regard dériver vers Dagen, mais cela m'est difficile. Depuis que je suis enfant, on me dit que mes « grands yeux marron semblent voir à travers les âmes ». Je ne pensais pas que dans une autre dimension, ce trait de ma personnalité pourrait s'apparenter à un défi.
Mais de quel genre de défi parlait Dagen, au juste ?
D'ailleurs, il n'est pas en retrait non plus. Le temps qui s'écoule semble renforcer sa proximité, le rendant de plus en plus tactile. Dans mon monde, de tels gestes pourraient être interprétés de manière... troublante. Je ne suis pas sûre de comprendre ce que cela signifie pour un Templarien, mais ce que je ressens, à chaque effleurement, à chaque regard échangé, me laisse dans un état de confusion croissante.
Malgré moi, mes yeux glissent vers sa figure silencieuse. D'habitude, il garde ses ailes repliées autour de lui comme un manteau de plumes. Mais ici, sous l'eau, ses ailes sont ouvertes sur un torse nu et l'aident à se stabiliser en ondulant doucement. Sa peau lisse est ornée de tatouages semblables à des volutes de fumée, depuis la base de sa nuque, sur la forme de ses pectoraux sculptés et le long de son ventre dur, avant de disparaitre vers des territoires inexplorés que mon imagination n'ose effleurer.
Je me surprends à retenir mon souffle et mes pensées s'embrouillent.
Neera, qu'est-ce que tu fais ? Depuis quand tu mates des hommes-corbeaux ?
Soudain, il replie ses ailes contre lui, me cachant ainsi de la vue que j'admirais un peu trop ouvertement, et j'ai envie de m'enterrer six pieds sous terre lorsque je remarque le demi-sourire qui naît sur ses lèvres rosées qu'il dissimule derrière son poing fermé.
Oups.
C'est alors qu'une vibration sous-marine fait frémir l'eau autour de nous, me donnant immédiatement la chaire de poule.
- Qu'est-ce que c'était ? demande Klaus en regardant autour de lui.
Merikh attrape sa faucheuse et la brandis, prêt au combat.
- Rien de bon qui s'annonce, déclare-t-il d'une voix sombre.
Nous formons un cercle de défense, main sur nos armes. Je sens l'adrénaline monter, prête à dégainer mon épée. Une onde de choc, plus puissante cette fois, frappe nos corps, propageant une alarme parmi les habitants. Des cris perçants se font entendre au cœur de la ville, formant des bulles sonores dans l'eau. Les habitants fuient de leurs maisons en hurlant et nous nous précipitons vers le lieu du danger.
- Le monstre des Abysses ! hurle une femme en serrant son bambin dans ses mains palmées. Il s'est réveillé !
Au même moment, le monstre traverse la rue dans laquelle nous débouchons et tourne sa tête vers nous. La créature colossale est un serpent des mers aux multiples rangées de dents acérées et au corps aussi épais qu'une lourde colonne de pierre. Ses mouvements créent des tourbillons chaotiques, ses yeux brillant d'une fureur ancestrale.
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Destinées Temporelles | T1
Fantasy« Notre monde est complexe et dangereux. J'ai hâte de voir comment une simple mortelle va survivre ici. » Lorsqu'un mystérieux homme-corbeau arrache Neera à sa réalité pour l'emmener dans son Royaume, la jeune femme n'a pas d'autre choix que d'appre...