Chapitre 42

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  Dior

— Je suis là, dis-je en entrant dans le bureau de mon père.

Il retrousse les manches de sa chemise et croise les bras contre son torse. Mère se détourne de la fenêtre, les sourcils froncés.

Je respire calmement et me détends comme je peux. S'ils remarquent une once de stress dans mon rythme cardiaque, c'est foutu.

— Je suppose que tu sais pourquoi je t'ai fait venir.

— Je suppose que vous allez me le dire.

Une veine ressort dans son cou. Il a sûrement l'impression que je me fous de sa gueule. Et il n'aurait pas complètement tort. Évidemment que je sais pourquoi il veut me parler.

— Cesse de jouer au plus malin, Dior ! Dit mère.

Je soupire bruyamment. Je baille, même. Histoire d'être sûr qu'ils comprennent que ça m'ennuie.

— Peux-tu me dire ce qu'il t'es passé par la tête ?

Les mains dans les poches, je hausse un sourcil, feignant l'incompréhension.

— Tu es un garçon intelligent, Dior. Je le sais parfaitement. Ce n'est pas pour rien que c'est toi, l'héritier du trône. Vous jouez à un jeu dangereux, toi et ton arrogance incessante. Ça me déplaît beaucoup.

— Que voulez-vous, je suis le fils de votre femme... Et un Waeslen. L'arrogance c'est...

— Dior !

Le ton sec de mon père m'indique que c'est le moment d'arrêter. Mère pose ses mains dans les creux de ses hanches, déconcertée.

— Il y a tant de jeunes-femmes à Arcadia, à Highspell... Mais la fille de Lorindòl !

Il secoue négativement la tête, comme si même près de vingt-quatre heures plus tard, il n'en revenait toujours pas.

— Tu peux avoir n'importe quelle demoiselle, elles sont toutes à tes pieds, mais toi, fils, c'est Maddyson Smith avec qui tu t'amuses à flirter ?!

C'est nettement moins marrant quand c'est facile de les avoir. Je garde mon insolence pour moi.

— Je n'ai pas flirté avec elle.

— Tu nous prends pour des idiots, Dior ?

On dirait bien que c'est mon procès... Ça ne va pas être facile de m'en sortir indemne cette fois. Les images sont trop parlantes. On discerne clairement le désir qui nous animait ce soir-là, la passion que l'on ne comprenait même pas.

— Je l'ai embrassée, ce n'est pas un drame.

— Tu l'as seulement embrassée ? Comme ça ? Pour... le fun... ? Questionne Père.

— C'est juste pour l'emmerder ! Demandez à Lee, ou à Edlyenne, c'est comme ça depuis le début de l'année, Smith et moi on ne se supporte pas. Je la pousse à bout, et elle, elle utilise ses trucs de sorcière pour m'exploser le crâne. C'est comme ça.

Mes parents s'échangent un regard, avant de répondre à l'unisson.

— Qu'a-t-elle fait !?

Fait chier.

— J'allais la mordre, etcétéra... Ce n'est pas le sujet. Dis-je en m'affalant dans le fauteuil. Enfin bref, lui faire peur et compagnie ce n'était plus drôle, je me suis dit que lui briser le cœur serait bien plus divertissant.

— Donc... Tu as flirté avec elle. Conclut Père.

J'ai du mal à m'en sortir. Entre l'autre mégère qui n'arrête pas de piailler et mon père qui est scandalisé de la nouvelle... J'ai sûrement dépassé la limite. Non, j'ai dépassé la limite, je le sais. Tous les plans que j'ai montés depuis des années, tous mes projets d'avenir, tous les sacrifices... Tout ça est remis en question aujourd'hui.

ARCADIA : Ominous (TOME 2) (Premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant