ARCADIA : Ominous (TOME 2) (Premier jet)

Epilogue

Dior

La nuit s'étend, et Chronos s'anime. Les rues fourmillent, plus qu'à l'accoutumée. Je me glisse parmi mes sujets, invisibles, et même si je n'attire pas l'attention, je sens tout ce qui m'entoure. Les rires et le chaos ambiant couvrent à peine l'odeur de sang qui s'invite là où elle ne devrait pas être. Pour l'instant, je m'en cogne. Mais je garde ça dans un coin de ma tête. Je tiens à ce que les règles soient respectées, même si le monde persiste à me voir comme le « prince rebelle ».

Beaucoup de choses ont changé en trois ans. Après Maddyson Smith, j'ai choisi de me concentrer sur ma propre destinée. J'ai quitté Arcadia avant la fin de mes études, tourné cette page pour de bon. Avec le couronnement qui approche, on dit que je suis presque devenu l'héritier modèle. Presque... ce qui énerve ma mère bien plus que quand je faisais exprès de lui compliquer la vie. C'est une chose qui est restée intacte, j'adore pourrir la vie de cette garce.

— Voilà l'embryon de roi ! lance une voix derrière moi.

Je soupir. Il n'est là que depuis deux secondes et déjà, je me rappelle pourquoi je ne supportais pas Vaz du temps d'Arcadia. J'écrase ma cigarette, la seule de la journée.

— Évite de faire des vagues, suis-moi, lui dis-je sans détour.

Vaz m'a écrit il y a trois jours. Ça m'a surpris, sachant qu'on n'avait plus eu de nouvelles l'un de l'autre depuis ma rupture avec Smith. Apparemment, ça concerne cette guerre qui se prépare entre les Ekrixi et les dragons. J'aurais pensé que Kenneth et les siens auraient fini par m'oublier, mais on dirait que non.

Nous traversons Chronos, direction le palais. À peine refermée la porte de mes appartements insonorisés — ne jamais faire confiance à un Waeslen —, Vaz prend un air grave.

— Cette fois, c'est sérieux, Dior. Il ne nous reste que quelques mois avant que les Ekrixi n'attaquent. Xellence tout entier sera touché. Les dirigeants seront informés, mais tous ne prendront pas la menace au sérieux. Ton couronnement est dans une semaine. Alors...

— Alors tu veux que je prépare Chronos au chaos ? Ça a toujours été dans mes projets. Seuls les idiots croient que les Ekrixi ont vraiment disparu ces dernières années. C'est typiquement le genre de mouvement qui ne s'éteint jamais.

Vaz approuve en silence. Ma mâchoire se contracte. Je savais que ce moment viendrait, mais pas si tôt. Et s'il me donne cette information, c'est qu'il est temps d'agir. Je serre les poings ; si je buvais encore, j'aurais enchaîné deux bières.

Un instant, mes pensées dérivent vers Smith. Le destin qu'elle était prête à fuir pour moi s'approche d'elle à grands pas. Je ressens un étrange malaise, quelque chose qui pourrait presque ressembler à de l'inquiétude. Elle sera au cœur de cette bataille...

— Dis-moi, tu as toujours la dague ? Vaz interrompt mes pensées juste à temps.

Arrêter l'alcool était moins difficile que de l'oublier, elle. J'acquiesce.

— La guerre approche. Kenneth pense qu'il est temps que Maddy ait la dague ardente. Elle en aura besoin pour apprendre à la maîtriser.

Elle lui a toujours été destinée. Je la gardais, attendant ce jour précis. J'invite Vaz à me suivre jusqu'à la salle secrète derrière le grand tableau du palais. Au premier abord, on dirait une bibliothèque, mais un coffre à double fond repose sur un meuble en bois noir. Je l'ouvre, prêt à saisir la dague.

Mon cœur rate un battement. Impossible...

— Elle a disparu.

— Dis-moi que c'est une blague, héritier, me lance Vaz, stupéfait.