Chapitre 55

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NDA- c'est sûrement le chapitre le plus long de toute l'histoire.




Maddy

La minuscule fenêtre me laisse percevoir la nuit tombée sur Wisteria. Le cœur meurtri, je suis assise sur cette chaise depuis des heures. Le calme est revenu dans mon esprit. J'ai cessé de pleurer il y a un moment déjà.

Je ne toucherai pas à la nourriture que l'on m'a apportée. C'est trop humiliant. Toute cette situation est absurde. Moi qui me suis toujours sentie à l'écart de ma famille, aujourd'hui, c'est plus que jamais le cas. Je suis littéralement enfermée dans cette stupide pièce. Ils auraient tout aussi bien pu me jeter au cachot... Les prisonniers ont presque plus de confort que moi...

J'ai tenté trop de fois de me débarrasser de ces stupides entraves du néant. Mais impossible. Leur magie est trop puissante et bloque tous mes pouvoirs. Le métal est froid et absorbe mes pouvoirs continuellement, me donnant la sensation d'un prélèvement sanguin interminable.

Depuis que je suis ici, je n'ai ni vu ni entendu mes parents, encore moins mon frère. Je me demande combien de temps cette situation va durer. Il n'y a rien d'autre que cette chaise ici. Ils ne vont tout de même pas me laisser passer la nuit là ? Un drap sur le sol serait-il trop demandé ? Même Menthe-chocolat refuserait de dormir sur ce vieux parquet.

Des coups retentissent contre la porte, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Mon corps se tend lorsqu'elle s'ouvre. C'est Stewart ! La chandelle qu'il tient éclaire la pièce et me force à plisser les yeux le temps de m'habituer à la luminosité. Voir Stewart pourrait bien déclencher de nouvelles larmes. Je me demande comment il est possible de pleurer autant. Son regard chaleureux se pose sur moi, plein de désolation. Mais aucun jugement. Pas de déception. Il est sûrement le seul à n'avoir jamais attendu quoi que ce soit de moi.

— Je croyais que personne ne pouvait venir me voir, dis-je plus faiblement que je n'aurais cru.

Il ricane et ferme la porte derrière lui.

— Oh, c'est bien l'ordre qui a été donné par votre père. Qu'il essaie donc de me faire obéir ! Je lui passerai un de ces savons moi. C'est que je l'ai vu grandir, ce garçon !

Il m'arrache un sourire malgré moi. Il incline la tête sur le côté. Le silence s'installe, je sens qu'il me dévisage. Il est forcément au courant. Je suis terriblement gênée. Je déglutis péniblement alors qu'il prend une profonde inspiration.

— Voulez-vous me raconter ce qu'il s'est passé, mademoiselle Maddy ?

— Je suis sûre qu'on en parle déjà dans tout le palais... Ce n'est qu'une question de temps avant que tout le royaume ne soit mis au courant...

Il pose le chandelier dans le renfoncement du mur.

— Les rumeurs me sont égales. Ce qui m'importe, c'est d'avoir votre version de l'histoire. Si vous souhaitez m'en faire part, évidemment.

Toujours mal à l'aise, je retiens les larmes qui menacent de couler et finis par accepter de me livrer. Je refuse de rencontrer le regard de Stewart qui reste silencieux même après que j'ai terminé de tout lui raconter, ce qui fait grimper mon anxiété en flèche. Si lui aussi finit par m'en vouloir... Ça me serait insupportable. J'ai conscience des torts que j'ai pu causer dans toute cette histoire, mais m'enfermer ici ? Me voient-ils comme un monstre ? Tout ceci n'a aucun sens... C'est injuste... Jamais je n'aurais cru que ma propre famille puisse me faire ça. Je suis réduite à une paria.

— Je dois l'admettre, la réaction de votre père est bien excessive, et la vôtre est tout à fait légitime, cependant...

Je tourne instinctivement la tête vers lui alors qu'il laisse sa phrase en suspens un instant. Un nœud à l'estomac.

ARCADIA : Ominous (TOME 2) (Premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant