Le tranchant d'une lame

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Il n'y avait pas un seul bruit. Dans le plus grand des silences, les deux armées se tenaient face à face devant la Porte Noire. Un vent léger se faufilait entre les rangs des soldats, se glissant entre les armes pointées vers le ciel.

L'immense armée de Sauron s'agita soudain. Les guerriers Orques frappèrent le sol de leurs lances et poussèrent des cris sauvages, exprimant leur soif de sang et leur désir pervers de combattre et de tuer.

Legolas, son arc fermement serré dans son poing, se tenait en première ligne au côté de Gandalf et Gimli. Aragorn se trouvait quelques pas devant eux.

Gimli resserra sa prise sur la poignée de sa hache.

— Jamais je n'aurais songé mourir au combat aux côtés d'un Elfe... murmura-t-il.

Legolas baissa la tête vers le Nain et lui sourit.

— Et que diriez-vous de mourir au côté d'un ami ? demanda-t-il.

Gimli avala sa salive et leva les yeux vers Legolas.

— Ah, oui, souffla-t-il. Ça je peux le faire.

Aragorn s'avança vers l'armée de Sauron et se retourna, le regard grave.

— Pour Frodo... souffla-t-il.

Il fit face à la gigantesque armée du Mordor et s'élança vers leurs ennemis, l'épée brandie, en hurlant.

Durant un instant, personne ne bougea. Merry et Pippin poussèrent un hurlement et s'élancèrent à la suite d'Aragorn. Comme s'ils sortaient d'un profond sommeil, Legolas, Gandalf et le reste de leur armée se précipitèrent. Gandalf rattrapa Aragorn, sa robe blanche flottant dans le vent, et Legolas abattit plusieurs ennemis de son arc.

Les deux armées se rencontrèrent violemment dans un grand fracas métallique. Aragorn hurlait, tranchait des têtes et des corps dans de grandes giclées écarlates. Merry et Pippin, dépassés en taille, se débrouillaient de leur mieux avec leurs petites épées, les enfonçant entre les failles des armures, faisant couler le sang dans l'air moite du Mordor. Gimli, de sa hache, déchirait les corps ennemis. L'arc de Legolas chantait.

Des rugissements s'élevèrent des airs et les Nazgûl apparurent sur leurs dragons, fendant les nuages sombres, annonçant la mort par des cris rauques.

Les armées du Mordor se déchainaient dans les collines, et les capitaines de l'Ouest se faisaient engloutir par la marée montante d'ennemis. Le soleil illuminait le ciel d'un éclat rouge sang, semblable à celui qui coulait sous les armes devant la Porte Noire, et sous les ailes des Nazgûl, les ombres de la mort envahissaient la terre.

Comme si une vision apparaissait soudain à ses yeux, Gandalf se figea au milieu de la bataille et un papillon vint voleter devant son visage. Le vieux magicien se retourna, laissant son regard dériver vers le nord dans les cieux pâles et sanglants. Il leva soudain les mains et cria d'une voix forte pour couvrir le fracas des armes :

— Les Aigles arrivent !

Un Nazgûl plongea vers le magicien blanc, mais il fut repoussé par un Aigle aux serres aiguisées. Pippin releva la tête et sourit, apercevant enfin une lueur d'espoir dans cette bataille à l'issue incertaine. Une dizaine d'Aigles traversèrent les cieux et, se mouvant gracieusement dans les airs, ils percutèrent les Nazgûl.

Revigoré par ce spectacle, Aragorn sentit un sursaut d'énergie traverser ses veines. Il poussa un cri de guerre et décapita un Orque, puis il fit volte-face pour plonger son épée entre les failles d'une armure. Il la retira et égorgea un Orque qui passait trop près de sa lame.

Un Troll se dressa soudain derrière lui, et Aragorn se figea. Il se retourna et la créature poussa un rugissement effroyable. Elle abattit son gourdin sur le Rôdeur, qui contra le coup juste à temps, avant de frapper lui-même de sa lame, sans grand effet face à la peau dure de la bête. Le Troll rugit et leva son pied pour l'abattre sur Aragorn, l'écrasant sur le sol et le rendant incapable du moindre mouvement.

Il aurait suffi d'une flècheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant