La Mitheithel

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Les paysages enneigés laissèrent place à des collines et des bois épais tandis qu'ils quittaient les Montagnes de Brume et approchaient du Rhudaur. La Bruinen coulait plusieurs centaines de mètres devant eux, et, Aragorn le savait, le moyen le plus simple de traverser cette rivière se trouvait dans le gué de la Bruinen, au sud de Foncombe.

C'était là qu'ils se dirigeaient.

Les bois se refermèrent sur eux et Aragorn laissa son regard dériver autour de lui. Les arbres s'étiraient vers le ciel, immenses et majestueux. Leurs racines s'entremêlaient sur le sol comme des serpents figés avant de plonger loin sous terre. Quelques oiseaux chantaient entre les branches, qui arboraient mille et une feuilles d'un vert éclatant. Une variété infinie de plantes recouvrait le sol, parant la terre d'une explosion de multiples teintes de vert, parsemée de quelques taches de bouquets de fleurs.

Au bout d'une heure de chevauchée à travers la forêt, les rugissements de la Bruinen commencèrent à leur parvenir, et bientôt, ils purent distinguer ses flots à travers les arbres. Aragorn et Gimli arrêtèrent leurs chevaux sur la rive jonchée de galets et mirent pied à terre. Legolas descendit à la suite du Rôdeur et alla s'adosser à un arbre.

Tandis que Gimli s'occupait des chevaux, Aragorn remplit leur gourde puis s'approcha de Legolas. Il tendit l'outre, que Legolas attrapa d'une main faible. Il avala quelques gorgées qui soulagèrent sa gorge brûlante et soupira tandis Aragorn s'agenouillait et retirait ses bandages. Le visage du Rôdeur s'assombrit lorsqu'il s'aperçut que les plaies étaient rouges et enflées.

Les premiers signes d'une infection.

Legolas baissa les yeux sur ses blessures et sourit douloureusement.

— Elles sont infectées, n'est-ce pas ? souffla-t-il.

Aragorn acquiesça avec gravité. À cet instant, il sembla à Aragorn qu'un poids immense écrasait les épaules de Legolas. L'Elfe se laissa aller en arrière et ferma les yeux.

— Je vais voir si je peux trouver quelques plantes qui pourront lutter contre l'infection, dit Aragorn en tendant un tissu humide à Legolas.

Celui-ci remercia Aragorn et entreprit de passer l'étoffe sur ses blessures. Il grimaça et se crispa lorsque l'eau s'infiltra dans ses plaies mais poursuivit en serrant les dents. Lorsqu'il eut fini, Legolas reposa le tissu et rejeta la tête en arrière, respirant difficilement. Il posa sa main sur la plaie qui béait sa poitrine et frémit lorsqu'il la trouva brûlante. D'étranges traces noires s'enroulaient autour de sa blessure et semblaient se diriger vers son cœur. Il put observer le même effet sur les plaies de son ventre.

Aragorn revint quelques minutes plus tard et Legolas leva des yeux fatigués sur son ami. Le Rôdeur s'agenouilla.

— J'ai pu trouver du myrte, murmura-t-il. Cela devrait vous aider à lutter.

Il écrasa les plantes et les appliqua sur ses blessures. Comme celles-ci ne saignaient plus, il ne les banda pas.

Les trois compagnons se reposèrent un moment sur les rives de la Bruinen, écoutant les flots de la rivière se faufilant entre les pierres du gué. Leurs chevaux s'étaient légèrement éloignés pour paitre l'herbe qui poussait sous les arbres, et Aragorn les surveillait du coin de l'œil. Gimli était assis à l'ombre d'un rocher et Legolas se reposait contre son arbre, les yeux clos.

Après quelques heures de repos qui permirent à tous de reprendre des forces, ils se remirent en route et traversèrent la rivière, qui était peu profonde en cet endroit, pénétrant ainsi dans le Rhudaur. C'était à cet endroit que Frodo et Arwen avaient traversé la rivière, de nombreux mois plus tôt alors que le Hobbit était blessé et à l'article de la mort.

Il aurait suffi d'une flècheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant