Mauvais temps

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Un éclair déchira le ciel et le tonnerre gronda, faisant vibrer la terre. Un vent froid et dévastateur se leva et la neige se mit à tomber du ciel, masquant tout le reste. Aragorn grogna intérieurement et resserra sa cape, espérant que ce faible rempart suffirait à le protéger du froid et de la neige.

Le jour se levait lentement, bien que tout soit encore sombre. Le soleil était caché par les nuages et le blizzard. Les trois compagnons avaient marché toute la nuit et étaient à présent bien loin du territoire des loups. Leur sentier s'était élargi de quelques mètres et les deux chevaux marchaient côte à côte sous la neige battante.

Une quinte de toux secoua soudain Legolas. Très affaibli, l'Elfe manqua de tomber d'Hasufel, et Aragorn le retint juste à temps. Legolas posa sa main sur son bras et s'y agrippa, avalant difficilement sa salive. Ses yeux étaient vitreux et des cernes creusaient son visage, témoignant de son épuisement. Aragorn passa son bras autour de sa taille et le serra contre lui pour l'aider à rester en selle.

Legolas inspira péniblement et relâcha sa tête en arrière, la posant sur l'épaule d'Aragorn.

— Guettez un abri ! ordonna Aragorn à Gimli, criant pour couvrir le hurlement du vent.

Aragorn plissa les yeux et scruta les alentours à travers le rideau de neige. Des tourbillons blancs hurlaient à ses oreilles, portés par le vent, et la neige s'agglutinait sur ses vêtements.

Hasufel s'ébroua en renâclant et Aragorn caressa son encolure, navré de le forcer à avancer ainsi sous la tempête. Il sentait le cheval se crisper de terreur lorsque le tonnerre grondait.

Le sentier se rétrécit brusquement, obligeant Arod et Hasufel à marcher l'un derrière l'autre. Des pierres recouvraient le chemin, que la glace et la neige rendaient dangereusement glissant, menaçant de faire trébucher les deux chevaux. Aragorn força leur monture à ralentir pour plus de prudence.

Ils amorcèrent un virage, rasant la roche froide, et une ouverture dans la roche apparut derrière le tournant.

Aragorn fit signe à Gimli avant de faire entrer Hasufel dans la grotte. Celle-ci n'était pas très grande, ils avaient tout juste assez de place pour tous rentrer et la tête d'Aragorn frôlait le plafond.

Le Rôdeur prit la main de Legolas et l'aida à descendre, puis il débarrassa Hasufel de ses sacoches. Legolas s'adossa contre le mur de pierre en respirant difficilement et une nouvelle quinte de toux lui déchira le ventre. Il expira doucement et resserra sa cape contre lui, meurtri et glacé. Jamais il n'avait connu un froid pareil. Il nageait dedans, se laissant porter par cette obscurité aussi profonde et silencieuse que le néant. Sa poitrine et son ventre le lançaient, mais il s'en apercevait à peine. Il n'y avait que le noir et le froid — la pureté cuisante, atroce, du froid qui se pressait contre lui.

La neige avait trempé ses vêtements, et ceux-ci lui collaient désagréablement à la peau. Il entendait vaguement Aragorn et Gimli s'activer autour de lui.

À travers un voile, il vit Aragorn s'occuper des chevaux, les décharger et leur donner de l'eau, aidé par Gimli. Legolas referma les yeux et essaya de dormir, mais quelqu'un le réveillait d'une secousse chaque fois qu'il se laissait aller au sommeil. Il était épuisé, il avait si froid. Ne pouvait-on pas le laisser se reposer ?

De la lumière apparut, et avec elle un picotement atroce dans ses membres. La cohérence lui revint brusquement, entrainant une souffrance si intense et déchirante qu'il sentit son souffle se couper. Son corps, adossé à la paroi de pierre, se crispait, parcouru de convulsion, comme s'il faisait tout son possible pour se protéger du froid qui l'avait envahi.

En face de lui brûlait un feu, constitué de maigres branchages humides qu'Aragorn avait pu trouver à l'extérieur, fournissant de la lumière et la chaleur qui avait ramené ce picotement douloureux dans son corps.

Il aurait suffi d'une flècheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant