Une lente agonie

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Aragorn pressa les flancs de son cheval pour l'inciter à accélérer et baissa les yeux sur Legolas, dont le visage était d'une pâleur effrayante. Il tenait l'Elfe fermement contre sa poitrine, veillant à ne pas le brusquer et à ne pas exercer de pression sur ses nombreuses blessures. Le dos et la poitrine de Legolas étaient inondés de sang, et il était de nouveau inconscient. Un mince filet écarlate s'écoulait de ses lèvres.

Aragorn plissa les yeux. Il ne laisserait pas Legolas mourir. Pas tant qu'il serait lui-même vivant.

Legolas se crispa soudain contre sa poitrine et une quinte de toux le secoua violemment. Il hoqueta et ouvrit les yeux, un rictus de douleur tordant son visage. Il prit une inspiration sifflante et murmura faiblement :

— Aragorn... Les chevaux ont besoin de repos... Ils sont épuisés... Arrêtez-vous.

Aragorn ne répondit pas et força leur cheval à accélérer. La main de Legolas se crispa sur son bras.

— Aragorn, ces chevaux sont épuisés... tout comme moi, ajouta-t-il dans un souffle.

Aragorn serra les dents, hésitant à écouter son ami. Il dirigea finalement leur monture à la lisière d'une forêt qui se trouvait une centaine de mètres plus loin et l'y arrêta.

Il descendit d'un bond et se tourna vers Legolas pour l'aider à descendre. Celui-ci ignora sa main tendue et sauta à terre. L'impact lui coupa le souffle et ses yeux se plissèrent de douleur, mais aucun son ne lui échappa.

Gimli, qui les suivait sur une autre monture, arriva hors d'haleine, comme si c'était lui qui avait couru, et non le cheval.

— Je n'aimerai jamais monter ces bêtes-là, grommela-t-il en se laissant glisser à terre.

Aragorn passa son bras autour de l'épaule de Legolas et le guida jusqu'à un arbre où il l'aida à s'adosser contre le tronc.

— Doucement... grimaça Legolas en serrant son bras contre son torse.

Gimli s'approcha nerveusement et demanda, inquiet :

— Comment va l'Elfe ?

Legolas sourit douloureusement.

— L'Elfe a un nom... coassa-t-il.

— Et il ne va pas bien, ajouta Aragorn, en revenant avec des bandes de tissus mouillées qu'il avait trempées dans un ruisseau.

Il s'agenouilla près de Legolas, dont la respiration était de plus en plus faible, et retira le bandage de fortune qu'il lui avait fait quelques heures plus tôt, à présent imbibé de sang. Il grimaça en voyant la plaie béante qui s'ouvrait sur la poitrine de son ami. La blessure saignait toujours abondamment. D'autres entailles, plus petites, mais tout de même profondes, s'ouvraient sur son ventre, et sa poitrine était bosselée comme si ses côtes étaient cassées.

Aragorn nettoya du mieux qu'il put les blessures de Legolas, qui attendit en silence qu'Aragorn eut fini, serrant les dents, les yeux clos. Aragorn déchira de nouveau des morceaux de sa cape et les enroula autour de la poitrine de son ami.

Legolas soupira et renversa sa tête en arrière, avalant difficilement sa salive. Une quinte de toux le secoua et il cracha du sang. Aragorn fronça les sourcils et Gimli recula d'un pas, horrifié. La main de Legolas se crispa sur sa poitrine tandis qu'il luttait pour reprendre son souffle.

Aragorn se redressa et alla chercher une gourde d'eau dans l'une des sacoches de leur cheval tandis que Gimli s'approchait de Legolas.

— Eh, Oreilles Pointues, murmura-t-il. Tu ne peux pas mourir ; tu dois visiter les Brillantes Cavernes, et je dois moi-même aller contempler la beauté de Fangorn à tes côtés.

Legolas ne répondit pas. Comme Aragorn revenait, Gimli se tut et recula de quelques pas pour permettre au Rôdeur de s'agenouiller près de l'Elfe mourant.

Aragorn souleva délicatement la tête de Legolas et pressa la gourde contre ses lèvres. Legolas ouvrit les yeux et avala faiblement quelques gorgées avant de tousser de nouveau. Il repoussa le bras d'Aragorn et se pressa contre l'arbre, le visage crispé de douleur.

Aragorn s'écarta légèrement pour laisser à l'Elfe la place de respirer, puis il lui demanda doucement :

— J'ai besoin de connaitre exactement la manière dont vous avez été blessé.

Legolas acquiesça et inspira faiblement. Une main ensanglantée serrée sur son torse, il expliqua brièvement son combat et ses blessures, et lorsqu'il évoqua la lame du Nazgûl, une ombre passa sur le visage d'Aragorn.

— Une lame de Nazgûl, vous dites ? Elle contenait sans doute du poison...

Legolas hocha la tête.

— C'est le cas, murmura-t-il. Les serres de sa sombre monture également. Je sens le poison ramper dans mes veines, consumant tout sur son passage... Je ne tiendrai pas très longtemps, ajouta-t-il.

Le visage de Gimli se remplit de chagrin et Aragorn ferma les yeux.

— Nous allons vous emmener aux Maisons de Guérison de Minas Tirith, dit Aragorn. Là-bas, ils vous fourniront le traitement adéquat.

Il prit la main de Legolas et la serra en plongeant son regard dans le sien.

— Vous allez vivre.

Legolas sourit douloureusement.

— J'aimerais vous croire, souffla-t-il.

Aragorn serra les dents et se tourna vers Gimli.

— Reposez-vous, dit-il. Nous partons bientôt.

Le Nain acquiesça et alla s'allonger contre un rocher pour se reposer de la bataille. Aragorn reporta son attention sur Legolas, à présent inconscient, et murmura :

— Accrochez-vous Legolas...

Il aurait suffi d'une flècheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant