Le calme de la forêt

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Le vent bruissait dans le feuillage. Les rayons du soleil caressaient les feuilles et les branches, et la légère rosée qui s'y était déposée durant la nuit s'évaporait doucement.

Un écureuil descendit le long d'un tronc et ramassa un gland qu'il observa d'un œil critique avant de le jeter à terre, ne le trouvant visiblement pas à son goût. Alors qu'il farfouillait à la recherche d'un fruit qui pourrait satisfaire son appétit, des voix retentirent entre les arbres. Effrayé, le rongeur détala et se réfugia en hauteur.

— Écoutez, murmura Legolas en s'arrêtant.

Aragorn, Gimli, et un autre Elfe qui les accompagnait, se figèrent.

— Entendez-vous le murmure du vent ? demanda-t-il en parcourant des yeux la voûte des arbres. Il annonce le retour des temps chauds et du soleil sur ces terres. Il est heureux, et les feuilles dansent en chœur avec lui.

Il posa sa main contre le tronc d'un arbre et ferma les yeux.

— C'est une belle forêt, dit-il. Elle est grande et puissante.

L'Elfe qui les accompagnait acquiesça.

— Nous devrions retourner au village, dit-il ensuite. Vous devez vous ménager.

Legolas fronça les sourcils, mais, sentant bien que son corps était encore faible après l'épreuve qu'il avait subie, il ne le contredit pas.

— Hélas, ce que vous dites est vrai, Elenár. Bien que je me sente chaque jour un peu plus fort, je ne suis pas encore remis de ces épreuves.

Elenár sourit et sauta d'un pas léger pour se hisser sur la branche d'un arbre.

— Nous sommes surpris, déclara-t-il en parlant de son peuple, que vous ayez pu survivre si longtemps avec de telles blessures. Vous êtes un Elfe mystérieux, Legolas.

Ils reprirent le chemin du village de Doriath, que les Elfes avaient appelé Elmendai, « l'émerveillement » dans leur langue, car la beauté de ses arbres ne cessait jamais de les surprendre.

Alors qu'ils marchaient à travers les fourrés, Aragorn s'approcha d'Elenár.

— Cela fait-il longtemps que votre peuple s'est installé dans ces forêts ? demanda-t-il.

Avant que Ioreth ne lui parle la légende du peuple de Doriath, il n'avait jamais entendu parler de ces Elfes.

— De mémoire d'homme, nous vivons ici depuis plus de temps que ceux de votre race pourraient se souvenir. Mais pour nous, les Elfes, nous sommes venus en Doriath voilà peu de temps.

— D'où tirez-vous ces pouvoirs de guérison ? Je n'avais jamais vu ni entendu parler de telles choses.

Elenár sourit. Il prit ce ton mystérieux qu'aiment utiliser les personnes qui savent une chose dont les autres n'ont pas le secret :

— Cela, je ne peux vous le dire... mais pour satisfaire quelque peu votre curiosité, j'accepte de vous délivrer quelques indices : tout nous vient de la forêt qui nous entoure. Notre pouvoir prend source entre ses racines et se libère au creux de ses branches. Si elle venait à disparaitre, nous ne serions plus.

Aragorn hésita. Les paroles d'Elenár étaient sombres et ne lui apportaient que peu d'indices dans ses réflexions.

— Eh bien, si je ne peux rien avoir de plus, je me contenterai de ces quelques phrases, dit-il.

Elenár éclata d'un rire qui résonna entre les arbres.

— Je vois bien que vous n'êtes pas satisfait, rit-il. Hélas, je ne puis rien vous dire de plus. Soyez déjà heureux d'être sauf, et que la vie ait été rendue à votre ami. Vous pourriez tous pleurer sa mort à l'heure actuelle, si cette magie n'eût été là, et que notre guérisseur ne passât près de l'endroit où vous vous trouviez pour entendre votre appel.

Il aurait suffi d'une flècheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant