le meurtre de zeus

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« Tu reviens en traînant le cadavre de ton âme et les palpitations de ta vie, avait-il commencé et le conseil s'était tourné vers lui sans quitter le garçon bariolé des yeux ; comme si ce roi marmoréen, veiné de rouge et non de bleu, n'était pas celui qui avait brisé son héritier unique à cette folie poissée d'éclairs et d'ichor, comme si la gravité tirant les traits du monarque était justice et non pas furie, fraude et faux ; comme si son épée fermement empoignée et son cou engoncé dans un pourpre plus obscure que celui qui avait ruisselé dans les rues était l'œuvre des dieux, comme si un de ces dieux n'avait pas finis aviné, trompé et béant comme les d'amphores figeant leurs éclats dans les flaques de sang et de vin ; comme si les ordres du souverain, rien que les siens, n'étaient pas de déchoir un pouvoir trompeur vers lequel s'était tourné la mère du garçon maculé ; comme si cette femme, sa femme, ne lui avait pas tendu la rancœur et l'acidité pour que ce blasphème soit motivé par le meurtre de deux nourrissons encore reliés au ventre de leur mère ; comme si ce meurtre n'avait pas été prouvé avec la haine amère avec laquelle il avait accablé son sang endeuillé de battre, de tordre, de pendre et de traîner le cadavre né du Temps et de la Mère ; comme si cette mortelle n'avait pas été celle qui avait chérit son premier né maintenant ensanglanté avec le même instinct que la dites titanide, avec le plaisir d'une lyre, d'histoires animées par l'espoir que les poings souverains arrêteraient de s'abattre sur leurs visages imberbes et que le silence remplaceraient leurs hurlements et leurs prières ; comme si ses prières n'avaient pas abattus sur sa mère un ventre rond, la condamnation de son époux et le sacrilège de leur unique enfant ; comme si cet enfant tonitruant n'avait pas tué son Dieu et tuerait son roi – tu devrais être à genoux, reprit son père, tu devrais supplier, implorer, prier, tu devrais être brisé ; mais le prince le coupa d'un geste insolent qui foudroya son père d'outrage, sur un piédestal qu'il appelle trône et gouverne comme l'Olympe ; comme si le roi méritait d'être absous de la même folie qui le corrompait lui, comme si cette folie morbide, incisive, métallique, veinant l'héritier de la même froideur granitique que les statues de Méduse, plus précieuse que celles de Midas, refuserait à son dément de répandre la gorge de son tyran sur ses poings flasques, ramené sur ses genoux comme s'il eut besoin de prières macabres pour sauver son cadavre de la vie. »


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