Lundi.
En premier, une bourrasque prise de convulsions, moi, vrombis dans le hall, puis j'entre la clef dans sa serrure et barricade la porte. Ensuite, je passe une main dans mes cheveux embroussaillés, mes cheveux qui sont en bordels car mes cheveux se sont emmêlés avec ses doigts car mes cheveux étaient tirés par ses doigts et ses doigts étaient dans mes cheveux. Je fonce vers un miroir. J'essaie de les arracher par poignet pour les remettre droit, pour les remettre sans ses doigts, pour les recoiffer sans moi qui regarde mes cheveux dans le miroir.
Les mèches tombent. Mes escarpins tombent. Ma robe tombe. Je tombe.
Je piétine le parquet rugueux, coupe mes petons ankylosés sur son bois rocailleux et regarde un vase. Je regarde le rouge de la fleur du vase et je regarde le rouge sur mes cuisses. Je regarde le rouge sur mes cuisses et je me rappelle le rouge sur les draps moites.
Le ciel crépusculaire est tailladé de nuages qui ressemble à l'eau rose du vase quand je renverse la fleur et me lave les mains de son eau trouble.
Car dehors je vois les sirènes. Elles tournent, elles tournent, elles rebondissent contre mes tympans et elles sirènent. Elles appellent à l'aide.
Ma gorge est râpeuse. Elle sent ses mains quand elle a hurlé. Quand elle s'est époumonée. Puis quand elle a glapi quand ce n'a plus été que ces mains.
Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol.
Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle.
Le viol défini à l'article 222-23 est puni de vingt ans de réclusion criminelle :
1° Lorsqu'il a entraîné une mutilation ou une infirmité permanente ;
2° Lorsqu'il est commis sur un mineur de quinze ans ;
3° Lorsqu'il est commis sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de l'auteur ;
3° bis Lorsqu'il est commis sur une personne dont la particulière vulnérabilité ou dépendance résultant de la précarité de sa situation économique ou sociale est apparente ou connue de l'auteur ;
4° Lorsqu'il est commis par un ascendant ou par toute autre personne ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait ;
5° Lorsqu'il est commis par une personne qui abuse de l'autorité que lui confèrent ses fonctions ;
6° Lorsqu'il est commis par plusieurs personnes agissant en qualité d'auteur ou de complice ;
7° Lorsqu'il est commis avec usage ou menace d'une arme ;
8° Lorsque la victime a été mise en contact avec l'auteur des faits grâce à l'utilisation, pour la diffusion de messages à destination d'un public non déterminé, d'un réseau de communication électronique ;
9° (abrogé)
10° Lorsqu'il est commis en concours avec un ou plusieurs autres viols commis sur d'autres victimes ;
11° Lorsqu'il est commis par le conjoint ou le concubin de la victime ou le partenaire lié à la victime par un pacte civil de solidarité ;
12° Lorsqu'il est commis par une personne agissant en état d'ivresse manifeste ou sous l'emprise manifeste de produits stupéfiants ;
13° Lorsqu'il est commis, dans l'exercice de cette activité, sur une personne qui se livre à la prostitution, y compris de façon occasionnelle ;
14° Lorsqu'un mineur était présent au moment des faits et y a assisté ;
15° Lorsqu'une substance a été administrée à la victime, à son insu, afin d'altérer son discernement ou le contrôle de ses actes.
Dimanche.
Le granit ressemble à de la cornaline.
Et quand la pluie tombe, il se transforme en diamant.
Sa sépulture a une statue qui brandie un vase dégoulinant de torrent de pétales rouges.J'entre. Son cadavre est barricadé dans un cercueil. Je fonce sur ce linceul râpeux et gratte, gratte le bois qui m'a rongé les ongles, et racle, racle le bois qui m'a mordu les ongles et arrache, arrache ce bois qui me sépare du plaisir de voir que le rouge qu'il m'a pris lui a été enlevé. Et que cette fois, j'ai choisi d'être bariolé de rouge.
Mais près de l'église, je les entends.
Le chant des sirènes est ensorcelant.
Les sirènes ont les écailles bleues, le bleu de mon corps, les cheveux rouges, le rouge de la fleur que j'ai déposé sur une tombe ce matin, et le réconfort fragile, fragile comme le vase, fragile comme mes jambes ankylosées, fragile comme les mains tremblantes qui viennent caler une mèche parfaitement lisse derrière mon oreille sourde.
Les sirènes m'attirent et je marche et je marche et je marche vers elle. Puis je tombe.
Les sirènes ont des griffes métalliques qu'elles pointent sur moi. Les sirènes ont du sang sur les mains. Mon sang. Les sirènes ne chantent pas.

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DOSSIER
Randomje suis en licence d'écriture et voici un dossier de mes travaux d'écriture (scolaires et pas toujours très bons, sue me)