DOSSIER

l'éditeur

La scène prend place dans l'éther, au-dessus d'un plafond cotonneux et sous une voûte solaire.

Une tâche plus claire et vaporeuse que les autres, s'agite avant de se stopper en entendant un bruissement d'ailes.

Gabriel entre, dans une gerbe de bulle et de plume, toujours avenant, et écoute la tâche.

Dieu : Mon cher petit Gabriel, est-ce que tu peux m'expliquer un tel parjure ? Même Moïse éclatant mes tables sur le dos d'un veau émaciée jusqu'à l'os m'aurait moins surpris que ce torchon que leur espèce appelle... histoire ? fiction ? désillusion ?

Je ne sais plus, ce genre de badinage finit toujours par revenir à mon histoire et ces centaines de palimpsestes, mais celui-là me trouble, mon petit Gabriel. Enfin, tu t'en rends bien compte ! j'imagine, d'une telle faute.

Ecrire sur notre bien-aimé Mikael et sur sa possible connaissance de Satan, feu son nom Lucifer. Gabriel, n'est-ce pas, c'est impossible ?

Gabriel, prend un sourire réconfortant : Très peu probable en effe–

Dieu : Mais enfin, te rends-tu compte de cette calomnie ! Satan et Mikael ! Mon étoile la plus claire devenue la plus sombre et mon plus digne ! mon plus fidèle soldat !

Gabriel : C'est impossib–

Dieu : Ô malheur ! Et s'ils s'étaient connus ?
Et si, comme notre auteure l'écrit, Lucifer avait pu goûter sur ses lèvres un amour inconditionnel. Un amour plus lumineux que le mien, un amour plus comblé que les cieux, un amour fiévreux et fier.
Et si, Mikael, lui avait rendu sa dilection en un baiser gladiateur et l'avait connu comme s'il ne connaîtrai plus rien d'autre avec autant d'ardeur.

Et si, Satan avait été exilé par amour ?

Et si, Mikael était son seul péché ?

Mon cher Gabriel. Je ne m'en remettrai pas si celui qui m'a trahi, a avant tout était oublié. S'il est ma faute. Si je l'ai trahi.

Arrête la distribution de ce texte, mon petit Gabriel.

Dis à l'éditeur de le renvoyer et de me faire parvenir le nom de cette auteure. Je veux qu'elle se retrouve aux enfers.

Gabriel : Et Satan ? Lui accordez-vous l'absolution, mon père ?

Dieu : Lucifer était ma plus brillante étoile. Mikael est mon brillant soldat. Un amour de supernova n'est bon qu'à une chose – détruire.

Gabriel sort une planche de cire et gratte quelques lignes.
La tâche s'obscurcie. La voûte solaire s'effondre en éclats argentés. La planche de cire se morcèle.
Un vent rauque entraîne les nuages, Gabriel et les débris.
Toute lumière disparaît.
Finalement, des bruits de pas résonnent sombrement.