Chapitre 15

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 Mais la magie ne dura pas, car mes songes se transformèrent en visions terribles. Je ne m'attendais pas à passer la meilleure nuit de ma vie après ce qui s'était produit, même si j'avais espéré un peu de répit. Au petit matin, alors que la lumière du soleil filtrait à travers ma fenêtre, je réussis à grappiller quelques heures de sommeil tranquilles. Ça ne suffit pas à ce que je me lève fraîche et de bonne humeur. Je pris une douche froide pour me réveiller et enfilai les vêtements que j'avais portés pendant mon rendez-vous avec Zel. Dans la poche du jean de Polie, je sortis plusieurs plantes que j'avais emportées pour me protéger, au cas où. Je les redisposais dans les quatre coins de la pièce, avec leurs camarades.

Au rez-de-chaussée, il émanait y une étrange odeur comme si on avait brûlé quelque chose. Quand l'une des filles apparut dans le couloir, de la sauge fumante à la main, elle me salua.

— Oh, salut Kendra. Moi, c'est Isabella, on s'est déjà croisé rapidement.

— Oui, je te reconnais. Salut Isabella. Qu'est-ce que tu fais ?

— De la fumigation pour nettoyer les énergies.

Je la rejoignis, intéressée. Elle aussi possédait-elle des dons ? Sur le ton du secret, la jolie blonde se pencha dans ma direction. Sa petite taille et son grand sourire l'envoyaient directement dans le camp des personnes qu'on appréciait sans connaître. Ah, encore un prénom à ajouter à la liste de Zel, pensai-je avec un sourire discret.

— C'est surtout pour repousser les fantômes, avoua-t-elle. Tu as l'habitude, j'imagine ? Le problème de cette sauge c'est qu'elle éloigne toutes les énergies, y compris les bonnes, mais les autres filles s'occupent de charger la maison en ondes positives.

Elle désigna quatre Psi au salon, debout autour d'une cuve en acier. Elles se tenaient les mains en murmurant des paroles inintelligibles, les paupières fermées. Alors là, ça devenait beaucoup trop bizarre pour moi. Bien qu'il me semblât évident que je devais accepter l'impossible avec tout ce à quoi j'avais assisté, une partie de moi restait butée sur le fait que c'était... simplement fou.

— Voilà, pour ta journée, s'exclama Isabella en m'inondant avec la fumée. Ainsi, tout se passera bien. Tu comptes aller chercher tes affaires et les ramener ici dès ce matin ? L'une de nous peut t'accompagner si tu veux.

— Je vais me débrouiller, merci.

Je m'apprêtai à filer, quand la Psi m'interpella :

— Une minute, Kendra. On peut discuter ?

Elle m'entraîna à l'écart des autres, dans une bibliothèque meublée de lourds fauteuils confortables.

— Vanessa m'a dit pour la créature qui t'a attaqué sur le chemin de la maison, hier. Tu lui as déclaré qu'elle t'avait mordu, c'est ça ?

Un frisson dévala mon dos en songeant aux crocs jaunes de la bête, accrochés à ma chair. Aucun son ne franchit mes lèvres.

— Elle t'en a parlé, éludai-je en grimaçant.

— Vanessa est ma grande sœur, m'apprit-elle. Elle m'a enseigné tout ce qu'elle savait. Tu sais, au cours de notre vie, on a eu l'occasion de voir des choses inconcevables pour la plupart des gens.

Je m'installai dans un fauteuil, les jambes douloureuses. Sans doute à cause de ma course d'hier soir, et de la tension constante dans mes muscles.

— J'ignorais que vous étiez parentes. Elle m'a dit pour ta mère et ton père. Je suis navrée.

— Nos mères, me corrigea-t-elle, on avait été adoptées. Si tu savais à quel point elles me manquent.

Oh, je m'en doutais, parce que son corps et son énergie me le clamaient. Je parvenais à décrypter ses émotions sans effort.

Zel : plumes de chaos (t3) - sous contrat d'édition chez HachetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant