Zel : plumes de chaos (t3) - sous contrat d'édition chez Hachette

Chapitre 22

Le reste de la semaine s'écoula sans heurte majeur. Je me reposai jusqu'au samedi, sous-ordre du médecin, et les Psi entreprirent de m'ensevelir sous les friandises et les gâteaux. De toute façon, cette semaine de cours ratés n'allait pas m'aider à rattraper mon retard, au contraire. Polie s'occupa de mes notes, tandis que Zel me proposa son aide. Je repoussai l'offre de ce dernier, parce que je devais réfléchir et m'habituer à sa véritable identité. J'ignorais encore, pour le moment, si je voulais continuer à le voir. En tout cas lui, il ne me cachait pas son intention de me conserver auprès de lui.

Le jour de la collecte alimentaire, Vanessa me suggéra de rester sur le campus, mais je refusais. J'allais profiter de cette journée au centre commercial pour prendre l'air. Je montai donc en voiture avec elle et sa sœur Isabella. Je gardai le silence, préférant observer le paysage derrière la fenêtre en écoutant de la musique. Parce que oui, Zayn Malik aidait mon âme à s'apaiser quand mes démons venaient me hanter -sans mauvais jeu de mots. Mes amies respectèrent la distance.

— Ce n'est jamais facile.

Je levai le menton vers le rétroviseur intérieur dans lequel Vanessa m'étudia brièvement.

— Quoi ?

— De perdre une amie, ce n'est jamais facile. Laisse-lui un peu de temps, elle finira par se calmer, et vous pourrez discuter. C'est pour cette raison que tu es aussi déprimée, non ?

Pendant quelques secondes, je cherchai de quoi elle parlait, puis je compris : Jess. À dire vrai, mon ancienne colocataire me manquait terriblement, mais tant de choses se bousculaient dans ma tête que je n'avais pas trop songé à elle. Il valait mieux que les Psi pensent que mon amitié avec Jess me préoccupait, plutôt que leur confier qu'en réalité, je flippais en permanence à cause de Chaos. J'avais effectué des recherches sur cette créature. Parfois dieu de la destruction, tantôt divinité primordiale à l'origine du monde ou encore entité incarnant le vide absolu, je ne parvenais pas à savoir exactement ce qu'il représentait. Ce dont j'étais sure, c'était qu'il désirait me ramener en Enfer.

— Tu as raison, confirmai-je à Vanessa qui attendait une réponse de ma part. Merci.

Je lui souris et détournai le regard. À dix heures pile, on arriva au centre commercial. Plusieurs minutes plus tard, toutes les Psi entouraient Vanessa dans le hall pour la réunion préparatoire avant l'ouverture des magasins. Elles nous expliquèrent que cette collecte était très importante, et qu'il fallait qu'on se surpasse pour convaincre les gens d'y participer. Elle nous donna quelques conseils, mais très vite, je perdis le fil de la conversation. Un SMS venait d'arriver sur mon téléphone.

« On peut discuter ? » me demandait Zel.

Je grimaçai en enfouissant l'appareil dans mon petit sac. À côté de moi, Isabella posa une main réconfortante dans mon dos.

— Ça va ? s'inquiéta-t-elle à voix basse.

— Oui j'ai... c'est Zel. Il veut parler, mais je ne suis pas certaine d'en avoir envie, lui avouai-je de peur qu'elle ait lu le message et vu le destinataire.

— J'ai comme l'impression que ta baisse de moral ne vient pas seulement de Jess, je me trompe ?

Je haussai les épaules en reportant mon attention sur Vanessa. La jolie blonde s'exprimait avec enthousiasme, son énergie se répandait partout autour d'elle.

— C'est un peu compliqué entre nous. Mais ne t'inquiète pas, ça ira. J'espère.

— D'accord. Plus de problème avec l'esprit qui t'a attaqué la dernière fois ?

Elle parlait de Chaos. Les filles avaient conclu qu'il s'agissait d'un fantôme en rogne. Elles m'avaient appris à disposer les herbes dans les quatre coins de ma chambre en récitant une incantation en latin afin de me protéger. Si l'intention me touchait, je savais dorénavant qu'elle ne servait à rien contre le démon. Mais au moins, aucun esprit n'était venu me voir cette semaine, donc j'estimai que leur aide m'était utile à un autre niveau.