Zel : plumes de chaos (t3) - sous contrat d'édition chez Hachette

Chapitre 7

 Donc, je disposais de dons médiumniques. Voilà pourquoi je me sentais différente, et un peu en marge des autres depuis des mois. Au début, je croyais que ça venait de mon amnésie. Aujourd'hui, je réalisai que la raison était bien plus... surnaturelle. Mes pensées dérivèrent vers Jennifer, cette pauvre fille perdue. Non seulement elle avait connu une mort atroce, mais je rejetais son fantôme comme une vieille chaussette. Si elle se manifestait encore auprès de moi, je me promis de l'aider au mieux.

Je n'en parlai pas à Jess de retour dans la chambre. En fait, je fis comme si de rien n'était.

— Tu as regardé tous les cursus que proposait l'université ? lança-t-elle en se vernissant les pieds. Ton père n'a rien contre, d'après ce que tu m'as dit.

— Je n'ai pas encore eu le temps de me pencher dessus.

— Alors au lieu d'apprendre des formules de chiffres que tu ne piges pas, prends ton ordi et va sur internet. Allez !

Je retins un sourire en lui offrant une fausse grimace et me plaçai sur ma chaise de bureau. Malgré tous les trucs dingues que j'avais appris aujourd'hui, je parvins à me concentrer sur ma possible réinsertion scolaire. Je fis défiler les spécialisations proposées par l'université de Raven Hill, envisageant également de me pencher sur une autre fac au besoin. Mais assez rapidement, j'arrêtai mon attention sur l'anthropologie de l'occulte, qui offrait une grande panoplie d'options d'étude sur le paranormal. Si je possédais une sorte de sixième sens, pourquoi ne pas tenter le coup ?

Minute, il ne fallait pas que je m'emballe. Je prendrais une décision plus tard, quand j'aurais parlé à mes parents de tous ces trucs étranges dans ma vie. En attendant, j'avais besoin de dormir. Je me couchai en me posant des tas de questions sur mon ancienne vie.

Je voyais les morts.

Non mais sérieusement, je voyais les morts ! Peut-être que je savais faire d'autres choses ? Les auras ! Adam en avait parlé. D'après internet, il s'agissait d'une capacité à percevoir et interpréter les champs d'énergie qui entouraient les êtres vivants. Elles fluctuaient en fonction de l'humeur, ainsi que de la nature profonde des gens. Trop cool. Pendant que Jess révisait en écoutant de la musique, je me concentrai sur elle. Je vidai mon esprit, du moins j'essayai, et tentai de voir son aura.

— Tu n'es pas en train de faire une attaque, rassure-moi ? lança-t-elle en ôtant ses écouteurs.

— Non. Je réfléchissais.

— En me fixant avec insistance, les paupières plissées ?

Je pouffai de rire en éteignant ma lampe de chevet.

— Bonne nuit, Jess.

Aux alentours de deux heures du matin, un bruit tonitruant nous arracha toutes les deux de notre sommeil. Je me redressai en sursaut, tandis que trois silhouettes sombres envahissaient la chambre.

— Nous sommes envoyés par les Psi. Ne criez pas ! ordonna une voix masculine.

Quelqu'un me fourra un sac sur ta tête, et on me sortit du lit par la force. J'eus juste le temps d'attraper ma paire de baskets que je conservais à côté de mon lit, grâce au conseil de Lysandre.

— Mais qu'est-ce que vous voulez ? gémit Jess sur ma droite. Kendra ?

— Je suis là.

Je n'y voyais rien à cause de ce maudit sac. Pour couronner le tout, un mec dans mon dos tenait mes bras plaqués contre ma taille en me donnant des directions à suivre. Il m'annonça qu'on descendait un escalier composé de vingt marches, puis un autre. Je devinai qu'on quittait le bâtiment. Du moins, je le crus, mais on s'enfonça sous terre. Un courant d'air froid me transperça, et après ça, je tremblai comme une feuille. J'avais l'impression de pénétrer dans une chambre froide. Sous mes pieds, le carrelage laissa place à un sol glacial qui ressemblait à de la terre battue. Quelques minutes plus tard, tandis que Jess sanglotait, on nous somma de nous mettre à genoux. Je m'exécutai avec une grimace. D'autres filles pleuraient autour de nous, je les entendais. Tout à coup, on m'ôta le sac et je remarquai le couloir étroit qui s'enfonçait dans l'obscurité. Non mais c'était quoi ce délire ?