Chapitre 20

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Avant qu'il puisse ajouter quoique ce soit, Adam lui rentra dedans, tel un joueur de football professionnel. La violence du coup créa une onde de choc qui me transperça et faillit me balayer. Je poussai un cri pendant que les deux garçons roulaient au sol. Adam frappa brutalement Lysandre au visage avec son poing, ce qui fit rire ce dernier.

— C'est tout ce que tu as dans le ventre, Nephilim ?

En ignorant les étudiants attirés par la bagarre, et leurs téléphones activés en mode caméra, je me précipitai sur Adam pour le jeta sur le côté.

— Toi, il faut qu'on parle !

Je saisis la main de Lysandre, et l'entraînai à travers le campus à vive allure. Il saignait du nez, mais continuait d'arborer un sourire cruel. Très vite, il prit les devants et nous guida jusqu'au terrain de foot. On s'engouffra sous les gradins déserts, tels deux amoureux en quête d'intimité. Sauf que là, c'était des réponses que je cherchais.

— Mais c'est quoi ce délire ? m'écriai-je. Tu n'es pas humain ? Attends, tu as bien dit Cavalier de l'Apocalypse ?

— Exacte. Tu es toute blanche, tu devrais t'asseoir.

— Ne me touche pas !

Mon dos frappa un poteau, et Lysandre demeura à bonne distance, l'expression sereine. Il ne portait plus aucune marque de coups, et son nez allait maintenant très bien.

— Tu es démoniaque, terminai-je.

— Ce qui ne signifie pas pour autant que je veuille te faire du mal, au contraire. Nous étions amis, avant.

Et voilà, il s'y mettait aussi.

— Avant mon amnésie, tu veux dire ?

— Quand nous étions en Enfer.

Un haut-le-cœur me retourna l'estomac. Prise d'une terreur sourde, un couinement franchit mes lèvres.

— Mais non... c'est faux !

— J'aimerais que ce soit le cas, Kendra. Mais tu sais que j'ai raison. Tu es en train de te souvenir, pas vrai ? Ce sont des sensations, des visions fugaces... mais tu es assez intelligente pour deviner ce qui s'est passé.

Dans le silence des gradins, j'entendais mon cœur battre la chamade. Une part de moi désirait fuir le plus loin possible. L'autre m'assurait que Lysandre pouvait m'apporter les réponses que je cherchais.

— N'aie pas l'air aussi désemparée, je te l'ai promis, tu ne crains rien avec moi, déclara-t-il en avançant dans ma direction.

La peur déferla dans la totalité de mes muscles.

— J'ai dit : ne t'approche pas !

La seconde d'après, une vague de puissance m'échappa et frappa Lysandre de plein fouet. Il percuta un poteau en ciment avec une violence telle qu'il aurait simplement dû mourir. Au lieu de quoi, il tomba à genou et éclata de rire. Pendant ce temps, j'essayais de me rappeler comment respirer, parce que mon corps ne me répondait plus.

Tout ça ne pouvait pas être vrai.

— Bien, très bien, ma jolie Kendra. Ça te sera utile pour combattre Chaos. D'ailleurs, en parlant de lui...

Je repérai la présence démoniaque avant qu'elle apparaisse sous mes yeux. Je faillis hurler quand la silhouette sortit du sol et se dressa devant-moi. Mais Lysandre, dans son dos, intervint sur le champ : il le saisit par l'épaule et... tous les deux disparurent, simplement. Je ne comprenais pas ce qui venait de se produire. Le silence me broya le ventre avec la même force que la peur. Tout à coup, le cavalier de l'apocalypse réapparut, essoufflé, attrapa ma main, et ce fut l'obscurité totale. Avant que je puisse me demander ce qui se passait, on se rematérialisa, de l'autre côté du terrain de football.

Zel : plumes de chaos (t3) - sous contrat d'édition chez HachetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant