Chapitre 33

683 91 8
                                    


Le lendemain, je terminai de lire tout ce qui concernait la possession démoniaque, et... je n'appris pas grand-chose de concret. Du moins, rien qui puisse me servir à aider Jess. Il ne me restait qu'une seule solution : m'adresser directement à quelqu'un pour qui le sujet n'avait plus aucun secret. Tant pis si je le regrettais plus tard.

Je sortis de la maison et pris une navette jusqu'à mon ancienne résidence. Moins d'une demi-heure après, je m'arrêtai devant la porte B66. Contrairement aux autres étudiants, Lysandre n'avait pas décoré le battant, le laissant d'une teinte sombre impersonnelle.

— Entre, Kendra, m'invita le démon quand je toquai timidement.

Sa chambre ressemblait un peu à une pièce témoin : pas de décoration, meublée du minimum et de la même taille que mon ancienne. À la différence que lui ne la partageait avec personne.

— Comment tu as réussi à éviter la colocation ? demandai-je, derechef.

— Je suis plutôt persuasif.

Étendu sur son lit, le cavalier lisait un gros livre dont je n'apercevais pas le titre. Il ne me regardait pas, focalisé sur sa page, pourtant je savais qu'il m'épiait du coin de l'œil.

— Tu as buté la secrétaire ? me marrai-je.

— Je t'ai dit que je n'avais tué personne... jusqu'à présent.

Puis, il m'offrit le sourire le plus lumineux que je n'avais jamais vu. Je soupirai en prenant place sur sa chaise de bureau.

— Arrête, tu ne me m'élimineras pas. Comment tu savais que c'était moi, derrière ta porte ?

Je m'emparai d'un presse papier : une boule en verre d'un noir profond, qui semblait empli d'un mystérieux liquide iridescent. La seconde d'après, debout devant moi, Lysandre me l'arrachait des mains.

— Il y a une raison à ta présence, ou tu veux simplement t'entraîner à devenir flic ?

Je haussai les épaules, sans trop savoir comment aborder le sujet. Enfin, je me lançai après avoir pris une grande inspiration :

— Connais-tu un moyen de forcer un démon à quitter le corps de quelqu'un ?

Ma question lui insuffla immédiatement de la méfiance chez lui. Il plissa les yeux et me scruta sans ciller, insensible à mon faux air détendu.

— Et tu veux savoir ça parce que ?

— Pour mes cours.

Cette excuse ne fonctionnerait pas longtemps. Cependant, je ne cherchai pas à argumenter. Lysandre tiqua, et s'assit au bout de son lit. Sa mauvaise humeur ne m'échappait pas : elle me piquait la peau. Je fis comme si j'ignorais qu'il me détestait, à présent.

— Arrête de mentir. Pourquoi tu veux savoir ça ?

— Pour une raison personnelle.

— Et moi, pour une raison personnelle, je ne compte pas t'initier à ce genre de pratique.

Je me levai, agacée par son manque de coopération.

— Mais pourquoi ?

— Primo, c'est dangereux. Secundo, mes services ont un prix trop élevé. Sauf si, bien entendu, on peut s'arranger.

— Cours toujours. Je ne ferais pas venir tes frères dans mon monde.

— Dans ce cas, tu sais où est la sortie ? Je suis occupé.

Il reprit sa place initiale dans son lit, et se replongea dans son livre.

— Je vais me débrouiller toute seule, alors.

Zel : plumes de chaos (t3) - sous contrat d'édition chez HachetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant