CHAPITRE 3I 🥀

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Neuf mois

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Neuf mois.

Voilà le temps que j'ai déjà passé derrière ces barreaux. Chaque lundi, je me tiens prêt, comme tous mes codétenus, attendant avec impatience le passage du facteur. Ce moment est devenu mon seul véritable espoir, car elle n'a jamais cessé de m'écrire. Ces lettres sont ma bouffée d'oxygène, la raison qui me pousse à tenir une semaine de plus et à me dire que j'ai trouvé assurément celle qui partagerait ma vie..

Lya, fidèle à sa bonté mais aussi parce qu'elle les aime comme des frères, ajoute toujours un mot pour chacun de nous. Elle commence par moi, bien sûr, m'offrant une page recto verso où elle me raconte leur semaine, les petites anecdotes, les moments où elles sourient malgré tout. Ensuite, elle passe à Alex, mon compagnon de cellule. Puis vient une feuille pour Caleb, une autre pour Seth, et enfin une dernière pour Tommaso, que je retrouve dans la cour. Elle nous parle d'Emeline, essayant de nous rassurer sur son état. Lya tente de me faire croire que ma petite sœur va mieux, mais j'ai du mal à y croire. Comment pourrait-elle vraiment aller bien après tout ce qu'elle a traversé ?

Mais les lettres restent monotones, rien qui pourrait changer ma situation, rien qui pourrait me faire croire qu'elles vivent des vies de princesse comme elles meritent mais chaque mot qu'elle écrit sur Emeline me ronge un peu plus. Je ne peux m'empêcher de me demander comment elle fait pour tenir, pour avancer. Et moi, comment pourrais-je tenir encore sans savoir ce qu'il en est vraiment d'elle ? Chaque semaine, c'est le même combat intérieur. Je lis ces lettres avec l'espoir d'y trouver une note d'amélioration, un signe que tout ira mieux. Mais la peur persiste, cette peur constante qu'Emeline ne guérisse jamais des blessures que la vie lui a infligées.

Et au fond de moi, une question grandit, toujours plus pressante : est-ce que je saurai un jour ce qu'elle cache vraiment ? Est-ce qu'elle me le dira un jour ?

— Petite lettre Lucchese aujourd'hui, me lance le gardien avec un sourire moqueur. Elle a enfin compris que tu n'étais qu'une merde ?

La tentation de lui coller mon poing dans la tronche est immense, mais je me retiens. Notre avocat nous a expressément interdit toute forme de rébellion ; il essaie de nous négocier une libération anticipée pour bonne conduite. Alors, je prends sur moi. L'avantage, c'est que cette situation me rend plus réfléchi. Je suis devenu plus rusé. Si j'agis pour ma sécurité et celle de mes frères, je le fais sans laisser de traces, sans qu'on puisse remonter jusqu'à moi ou à l'un d'eux.

Je récupère la lettre qu'il me lance entre les barreaux. Alex, allongé sur la couchette du bas, s'assoit immédiatement, me laissant la place de m'asseoir à ses côtés. Il attend sans doute aussi son bout de papier.

Je déchire l'enveloppe avec impatience et découvre une simple feuille accompagnée d'une photo. Mon cœur et mes poumons se bloquent en voyant l'image : un bébé. Un tout petit être avec une tignasse brune, un teint blanc doux, et surtout, un œil gris et l'autre vert.

🌓 SOUS L'OMBRE DE LA LUNE 🌙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant