CHAPITRE I 🥀

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Allongée dans mon lit, je fixe la pluie qui martèle les carreaux avec une constance apaisante, presque hypnotique

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Allongée dans mon lit, je fixe la pluie qui martèle les carreaux avec une constance apaisante, presque hypnotique. Chaque goutte semble emporter avec elle une parcelle de ma volonté de lutter, me plongeant un peu plus dans l'idée de disparaître. Le médecin a bien essayé de me garder, d'insister pour que je voie un psychiatre, mais ce n'est pas de la dépression, c'est autre chose. Ce n'est pas un mal-être qu'on soigne avec des mots ou des pilules. C'est un vide, une absence de sens, un gouffre qui m'attire. Je ne veux pas rester pour voir ceux que j'aime s'effondrer à cause de moi. Je veux être celle qui part la première, celle qui s'efface avant que tout ne s'écroule.

Tommaso est là, fidèle à lui-même, assis au bout de mon lit, son regard se posant sur moi de temps en temps alors qu'il pianote sur mon ordinateur. Je sais qu'il est inquiet. Il y a cette tension dans l'air, ces questions non formulées qui flottent entre nous, comme une tempête prête à éclater. Mais il n'ose pas les poser. Peut-être a-t-il peur de ce que je pourrais lui dire, de ce que mes réponses révéleraient. Je le comprends. Moi-même, je ne suis pas sûre de vouloir affronter ce qui se cache au fond de moi.

Je soupire sans le vouloir, attirant son attention. Il referme doucement l'ordinateur, le pose sur le banc à l'extrémité du lit, et me rejoint en s'allongeant face à moi. Ses yeux cherchent les miens, ses cheveux blonds tombant en désordre, comme un nid d'oiseau laissé à l'abandon. Il me regarde avec une douceur que je ne mérite pas, comme s'il cherchait à me sauver de quelque chose que ni lui ni moi ne comprenons totalement.

— Tu veux parler de ce qui te ronge ? demande-t-il, la voix à peine un murmure, hésitant.

Je secoue légèrement la tête. Que pourrais-je lui dire ? Que je suis fatiguée de tout, que je veux juste en finir, sans avoir à supporter ce poids sur mes épaules, ni cette douleur dans ma poitrine qui ne me lâche jamais ?

— Je suis juste... fatiguée, Tommaso, lâché-je enfin, un voile de tristesse dans la voix.

Il me fixe, ses yeux bleus perçant les miens comme s'il cherchait à lire entre les lignes, à comprendre ce que je ne peux pas formuler. Puis il glisse sa main dans la mienne, la serrant doucement.

— Tu n'es pas seule, dit-il simplement.

Ces mots, aussi simples soient-ils, me serrent le cœur. Je suis touchée par sa présence, par cette tentative maladroite de me garder ancrée dans ce monde, mais une part de moi est déjà partie, bien trop loin.

Sans dire un mot de plus, il enfouit son visage dans l'oreiller sous sa tête. Son dos s'élève à chaque expiration et s'abaisse à chaque inspiration, alors que ses doigts jouent doucement avec les miens, sa main toujours dans la mienne. Il y a quelque chose de réconfortant dans son contact, une douceur qui électrise subtilement une partie de mon corps. J'aimerais franchir ce cap, avant que la folie de Dominico ne m'emporte. Mais une voix au fond de moi me répète sans cesse que personne ne voudrait d'une épave comme moi.

🌓 SOUS L'OMBRE DE LA LUNE 🌙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant