Semaine 17

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Il se fait tard et j'éteins la lampe de chevet qui se trouve juste à côté de moi. Je m'enroule dans les draps et mes yeux commencent à se fermer tout en repensant à la longue et épuisante journée que je viens de passer... Au final, je suis resté avec sa mère du matin au soir pour me retrouver cette nuit même dans la chambre d'ami disponible du pavillon familial parisien. J'ai tenté tant bien que mal de lutter et de fuir sa proposition mais sa peine me touche énormément, surtout sachant que j'en suis le responsable. J'ai finalement céder mais demain matin je m'en irais de bonne heure et je lui laisserais un dernier signe de ma présence à ses côtés pour toujours, je lui en ai fait la promesse dans un moment de faiblesse, je lui dois bien ça.

Elle a été si accueillante avec moi, même si la distance avait séparée nos deux familles respectives, elle m'a écouté, m'a consolé, s'est occupé de moi comme elle aurait pu le faire avec son propre fils. Cette femme a d'innombrables qualités et en aucun cas elle a mérité d'avoir été arrachée à sa fille de façon aussi brutale, sa seule fille, son aînée de leurs petite tribus. J'ai l'impression d'avoir fait bien plus en une unique journée que durant ses 17 semaines qui nous séparent de l'incident. J'ai regardé durant des heures des albums photo avec Charline dessus, j'ai écouté toute la douleur que me déversait sa maman, j'ai ris à certaines anecdotes sans jamais laisser quitter son visage de mon jeune esprit.

Dans les heures un peu plus calmes de la fin d'après-midi, on s'est rendu tout les deux au cimetière où repose désormais son petit corps frêle. J'ai tenu a déposé un bouquet de roses blanches sur sa tombe avant de lâcher quantité de larmes dans les bras de la femme qui lui a donné naissance, celle qui m'a permit de faire la connaissance de la plus gentille et plus belle fille de ce monde. Toute ces milles et une question on évidement refait surface pour mon plus grand malheur, je n'ai personne à qui les confier, je ne veux pas me trahir en dévoilant cette part sombre et si horrible de moi-même. J'en étonnerait bien plus d'un et ma famille serait tellement morte de honte de moi, un déshonneur d'avoir pour fils le meurtrier le plus rechercher du moment...

Mes pensées s'évadent et le sommeil lourd me gagne sans trop tarder. Je me revoit courir dans le parc en lui tenant fort la main dans la mienne. J'était son grand frère protecteur, son confident pour les secrets de fille, son amoureux surtout quand elle gesticulait dans ses robes à volants devant mes yeux, son meilleur ami pour toute la vie, on s'était fait cette promesse! Puis on s'est perdu de vue, la tristesse était insoutenable à son départ, je pensais ne jamais pouvoir m'en remettre mais j'ai finit par surmonter cette épreuve, l'une de celles dans le genre que je devrais affronter plus tard. Tout ça s'est peu à peu envole lorsque j'ai fait la connaissance de ces trois garçons qui sont aujourd'hui encore mes meilleurs amis. Comment j'ai pu faire ça, bordel?!

Il est 4h du matin quand je franchis le seuil de la porte d'entrée, regagnant un taxi au bout de l'allée afin de voyager jusqu'à l'aéroport. Je suis pas en avance, j'ai eu du mal à la laisser, à m'enfuir encore une fois. Elle avait besoin de moi à ses côtés, ma présence lui a été bénéfique et j'espère que mon départ soudain et imprévu ne lui ferait pas trop de mal... "Votre fille est la plus belle chose qui me soit arrivé" je lui est dit hier encore entre deux sanglots. Je fixe la maison à travers la fenêtre avant de la voir s'échapper à nouveau, je reviendrais la voir un jour, j'en aurais besoin moi aussi tôt ou tard. Sur le comptoir en bois de la cuisine familiale je lui ai laissé un petit mot et quelques souvenirs appartenant tous à Charline et que j'avais conservé et apporter spécialement pour elle. Dans l'enveloppe de couleur bleutée, j'avais donc glissé une petite lettre où je la remerciais pour son hospitalité, sa convivialité, sa gentillesse et son accueil tout en lui jurant qu'un jour justice sera rendue pour la mort de son enfant!

J'avais ajouté à cela une photo de nous deux à notre première fois au parc de Sydney, peu après son arrivée en ville parmi nous. Il faisait beau ce jour-là je m'en souviens. Une mèche de ses cheveux blonds chatoyant que j'avait coupé durant son sommeil. Sa corde à sauter rose à paillettes, sa préférée et celle qu'elle m'avait confier avant de s'en aller loin de moi pour une autre destination inconnue. Un bracelet de l'amitié constitué de pâquerettes, elles sont fanées maintenant mais c'est tout un symbole pour elle et moi, notre amitié elle durera jusqu'à l'haut-delà, même après ce que j'ai fait. J'espère qu'elle serait capable de me pardonner si elle était encore avec nous... J'ai également laissé une trace de son parfum fleuri, celui qu'elle portait quand ont partaient en promenade tout les deux main dans la main. J'ai l'impression que tout cela s'est passé il y a des siècles alors qu'une dizaine d'années seulement nous sépare de ces événements.

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