Chapitre 12

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Jeanne partit en premier, laissant les deux hommes échanger quelques mots ensemble, et commença son travail pour préparer le lit du maître des lieux. Ivar l'a rejoint quelques minutes plus tard alors qu'elle était en train de raviver la flamme dans l'âtre. Lorsqu'il s'assit sur son lit, elle s'approcha et en silence commença minutieusement son travail. Cela fut beaucoup plus calme que la veille, et alors que ses doigts frôlaient la peau du désossé, elle se mit à réfléchir. Est-ce que prendre le risque de prendre la fuite valait la peine maintenant qu'elle n'avait plus rien ni personne ? Elle se mise soudain à douter des conséquences non sans danger de ses plans. Elle n'eut pas le temps de réfléchir plus longtemps puisqu'elle fut interrompue par Ivar.

- Tu as trop bu.

- Pardon ?

- Tu es beaucoup moins agile qu'hier.

- Je suis désolé, je n'ai pas l'habitude.

- Ça se voit. Tes joues sont rouges.

Elle se releva après avoir enfilé le bas d'Ivar, s'appuyant sur le matelas pour trouver son équilibre, et sans un mot de plus, se dirigea vers la porte qui joignait sa propre chambre.

- Ce sera tout ?

- Oui, tu peux t'en aller.

Elle prit soin de fermer doucement la porte et, une fois chose faite, soupira pour se relaxer. Quelle drôle de journée. Après qu'elle ait détressé ses cheveux et s'être fait un brin de toilette, elle alla se coucher plus sereinement que la veille, sombrant très rapidement dans les abysses de la nuit.

Ensuquée, Jeanne se releva pour la 3 fois de la nuit pour se désaltérer. L'eau fraîche qui glissa dans sa bouche lui fit un bien fou. L'alcool qu'elle avait bu la veille avait fait son effet et avait troublé le sommeil de la jeune femme. Elle se rallongea, poussant les couvertures avec ses pieds pour s'en débarrasser, se sentant étouffée par la chaleur.

La mer... La mer, si agitée, a déjà fait tanguer plusieurs marins. Le vent se mit à hurler de toutes ses forces, déchirant les voiles des navires et secouant violemment les mâts. Les vagues se dressaient en géantes menaçantes, leurs crêtes écumantes reflétant l'éclairage spectral des éclairs déchirant le ciel tourmenté. La pluie torrentielle s'abattait avec une telle force que chaque goutte semblait être une lame acérée s'abattant sur la peau.

Au milieu de cette fureur dévastatrice, Jeanne se réveilla en sursaut, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine lorsqu'elle sentit que quelque chose, ou quelqu'un, lui prendre la main. Elle était complètement déboussolée, submergée par la peur et l'angoisse qui persistaient de son cauchemar. Ses yeux cherchaient désespérément à comprendre où elle se trouvait. Elle se trouvait dans une pièce sombre et mystérieuse, à l'abri de la tempête qui faisait encore rage à l'extérieur. Lorsque ses yeux s'habituèrent à la lumière, elle le vit. Il était là, assis sur son lit. Son regard perçant et sa présence imposante étaient à la fois intimidants et rassurants. Jeanne, tremblante, le repoussa violemment, et se débattit, criant sa peur, craignant qu'il ne soit là pour la tuer. Déboussolé, le jeune homme tenta de l'attraper afin de la calmer, mais Jeanne ne se laissa pas faire.

- Jeanne calme toi ! C'est moi !

Ivar l'immobilisa en lui maintenant les épaules en place, l'intimant de se calmer. Il fallut plusieurs secondes à la jeune femme pour revenir à la réalité, loin de la tempête et de la mort qui voulait s'emparer d'elle. Lorsqu'elle comprit ce qu'il en était, elle regarda son sauveur avec des yeux emplis d'appréhension.

- Ivar... ?

- Tu as fait un cauchemar.

Elle regarda tout autour d'elle, réalisant enfin ce qui venait de ce passé. Peinant à reprendre son souffle, elle sentit les mains froides de Ivar se desserrer autour d'elle, se faisant plus douce.

Dans un autre monde ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant