Chapitre 25

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Elle entendit le bruit du sable derrière elle et se retourna pour voir qui venait troubler son calme. C'était lui. Elle le regarda s'approcher doucement, pied droit, pied gauche, béquille. Pied droit, pied gauche, béquille. Cela jusqu'à ce qu'il arrive presque à son niveau, devant l'eau qui venait s'écraser à quelques centimètres devant lui.

- Tu regrettes ?

Elle ne sut quoi répondre, mais lui sourit doucement. C'était un de ses sourires sincères qui faisait fondre le cœur de l'homme qui se trouvait en face d'elle.

- Comment pourrais-je regretter ?

La veille, après leur baiser, Ivar avait ordonné qu'on les laisse seul et que personne ne les dérange. Ils avaient passé un moment à deux, dans une intimité certaine. Bien sûr, Ivar avait eu quelques doutes et angoisses, mais Jeanne avait tenue à le rassurer, lui intimant qu'elle ne voulait qu'être avec lui. Oh bien sûr, ils n'avaient pas fait l'amour. Ils s'étaient simplement allongés dans le lit du jeune homme, et avait discuté. Au début, c'était de la gêne qui se dégageait. Eloignés l'un de l'autre pour garder une distance de sécurité certaine. Mais ensuite, la confiance et les cœurs s'étaient ouverts, et ils s'étaient rapprochés petit à petit, prétextant se réinstaller plus confortablement. Jeanne s'était tourné vers lui, et il avait fait de même, se faisant face. Dans un moment de faiblesse, sous le regarde du jeune homme, elle avait révélé tout ce que Ragnar lui avait confié à propos de son plan, du concours, de ses frères et tout ce qui s'en était suivis. Ivar à son tour avait répondu qu'au début, il ne souhaitait pas participer, mais que sous la provocation de Sigurd, il avait accepté. Il avait aussi révéler qu'au début il n'aimait pas la jeune femme, et qu'il la provoquait, car ça l'amusait. Mais qu'ensuite, il avait fini par y trouver un petit « je ne sais quoi », sans doute lié à son caractère qu'il avait fini par apprécier. Sa jalousie envers son grand frère, lorsqu'il l'avait embrassé l'avait rendu fou, et cela l'avait d'autant plus agacé, étant persuadé de ne rien ressentir pour « son esclave ». Mais après avoir passé du temps ensemble à discuter et à doucement se taquiner, il s'était rendu compte qu'il trouvait ça plus agréable qu'il ne l'aurait voulu.

Beaucoup de choses avaient été dites ce soir-là, libérant leurs deux cœurs d'un poids plus grands que ce qu'ils n'imaginaient. Lorsque, tard dans la nuit, le sommeil commença à attirer Jeanne dans ses filets, Ivar avait fait quelque chose qu'il n'aurait jamais imaginé, il prit la jeune femme dans ses bras, caressant ses longs cheveux.

Lorsqu'elle s'était réveillée le lendemain matin, le soleil était déjà haut dans le ciel, la pièce était bercée d'une douce chaleur, mais quelque chose l'embêta. Elle était seule dans le lit. Elle s'était levée et avait cherché dans le skali, mais celui-ci était entièrement vide. Avait-il changé d'avis ? Elle refusa de faire des spéculations, trop peureuse de ce qu'elle pouvait en déduire. Pour se rassurer, elle s'était couverte d'une peau de bête et était sortie profiter des doux rayons du soleil, et marcha à l'endroit où elle se savait la plus sereine. Sur la plage. Le fjord s'étendait devant Jeanne comme une toile vivante, ses eaux calmes reflétant les nuances changeantes du ciel. La lumière du soleil, douce en cette heure matinale, caressait les rives escarpées, faisant resplendir la verdure luxuriante qui les couronnait. Des secondes, des minutes, des heures. Elle ne savait combien de temps elle avait passé seule avant que l'objet de ses pensées ne réapparaisse.

Elle le regarda s'avancer après avoir répondu à sa question, venant tout près d'elle, se collant presque à son corps.

- Je pensais que vous m'aviez déjà fui, reprit Jeanne avec un petit rire gênée, ça aurait été rapide.

- Il fallait que moi aussi, j'aille trouver des réponses.

- Les avaient vous trouvés, Ivar le désossé ?

- Je crois. Il laissa quelques secondes de silence, ne la lâchant pas une seule seconde du regard, puis soupira et regarda derrière elle, à son tour le Fjord calme et ensoleillé. Ragnar avait raison.

- Oui, soupira-t-elle à son tour, et il semblerait que son plan ait marché.

- Tu sais que mes frères sont déjà jaloux ?

- Comment ça ?!

- Eh bien... sourit Ivar avec son air fière mais surtout vainqueur, il fallait bien que je leur dise d'arrêter de te draguer puisque tu es maintenant à moi.

Les joues de Jeanne se teintèrent d'un joli rouge, imaginant la réaction de chacun de ses frères après tout ce qui s'était passé.

- Hvitserk était le plus déçu de tous.

- Oh stop !

Pour seule réponse, Jeanne supprima le petit espace qui les séparait encore, et vint poser une main sur le torse du désossé, cachant son visage rouge par la gêne. A son tour, Ivar passa sa main libre dans le dos de la jeune femme et glissa ses doigts sous son menton, l'obligeant à lever la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux. Un doux sourire illumina ses lèvres avant qu'il ne glisse sa tête dans le cou de son ancienne esclave. Le souffle chaud qui glisser sur son corps fit frissonner la jeune femme, fermant les yeux pour se concentrer sur cette agréable sensation.

- Tu sais...

- Hm ?

Elle rouvrit doucement les yeux pour mieux écouter ses paroles chuchoter à son oreille, souriant de la sensation que cela lui procurait.

- A défaut de faire une bonne esclave, je suis persuadée que tu feras une bonne reine.

A ses mots, elle recula soudainement sa tête, regardant l'homme debout devant elle. Le visage de Jeanne s'illumina d'abord de surprise, étonnée aux mots doux d'Ivar qui touchèrent son cœur, puis un tendre sourire, tel un éclat de soleil naissant, éclaira son visage, accompagné d'un rire sincère et doux.

- Nous verrons cela Ivar. 


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FIN

Merci beaucoup d'avoir pris le temps de lire cette histoire. J'espère que celle-ci vous aura plu ! 
Au plaisir !

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