Dans un autre monde ...

Chapitre 18

BOUM !

Jeanne se releva en sursaut après avoir entendu un bruit, cherchant, avec le peu de visibilité, ce qui aurait pu le causer. Mais rien... rien durant plusieurs secondes, jusqu'à ce que ...

BOUM !

De nouveau le même bruit... Après ce deuxième coup, Jeanne compris que cela venait de l'autre côté du mur, dans la chambre d'Ivar. Sans hésitation, elle prit une bûche puis se dépêcha d'aller voir ce qu'il se passait. Si Ivar était attaqué, elle été peut-être sa seule chance ! Alors elle entra doucement, craignant d'y trouver quelqu'un qu'il ne faudrait pas croiser, mais bizarrement, tout y était calme.

BOUM !

Elle tourna la tête vers le lit et y trouva un Ivar se battant avec ses démons dans son sommeil. A moitié soulagée, Jeanne baissa la bûche qu'elle avait brandie pour se défendre au cas où, et soupira un grand coup. Voyant qu'il ne s'arrêta pas, elle approcha doucement du lit, avec prudence et se pencha lentement. Elle posa sa main sur le bras du prince et essaya de légèrement le secouer en l'appelant à voix basse pour ne pas le brusquer.

- Ivar... réveillez-vous... vous faites un cauchemar...

Elle s'assit alors sur le lit à ses côtés et recommença à secouer son bras. Cela eut plus que l'effet escompté puisqu'il se releva d'un coup, attrapant le bras de Jeanne, ainsi qu'une dague sous son oreiller et la plaqua au cou de la jeune femme, qui poussa un gémissement d'étonnement ainsi que de peur. Elle resta ainsi stoïque et silencieuse en regardant Ivar, alors que celui-ci, qui l'avait pris pour un ennemi, la toisa plein de haine.

- Je suis désolé prince Ivar, répondit-elle la voix tremblante, je ne voulais pas vous effrayer...

Ivar, qui changea d'expression soudainement, revint à la réalité et baissa immédiatement sa main.

- Tu penses que toi, tu peux m'effrayer ? Son ton sarcastique lui valut de perdre le regard de Jeanne qui baissa la tête en signe en soupirant, tandis qu'il rangea sa dague à sa place. Comprenant la peur et le choc qu'il lui avait instauré, il se fit un peu plus doux. Désolé... Je ne dors que très peu, et lorsque je dors, je fais des cauchemars.

Curieuse par ses propos, elle mit son amertume de côté et surenchérit par une question qui lui brûlait les lèvres.

- Alors que faites-vous la nuit quand vous ne dormez pas et que tout est calme ? Jeanne reprit un peu de contenance quand elle vit la dague disparaître sous son oreiller, et releva la tête pour affronter son regard en attendant une réponse.

- Je rumine, je réfléchis, j'élabore des plans.

- Cela doit-être terriblement fatiguant...

Le regard d'Ivar se posa sur la Jeanne, captivant son attention d'une manière inexplicable. Un torrent d'émotions contradictoires s'empara de lui, le plongeant dans un profond tumulte intérieur. Il ne sut dire pourquoi, mais il ressentit de l'attirance pour la jeune femme, attiré par la grâce de ses gestes et la douceur de son visage. Mais d'un autre côté, la peur de la trahison s'insinue également, telle une ombre insaisissable, semant des doutes insidieux. La haine qui surgissait en lui à la suite de blessures, de déceptions ou de trahisons ne pouvait que le forcer à être constamment sur ses gardes. Et pourtant, malgré cette peur, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un attachement indéniable envers elle, comme si leurs âmes étaient liées depuis toujours.

- Va te recoucher. Je n'ai pas besoin que tu restes à mon chevet.

- Je me connais, une fois réveillée, je peine à me rendormir... je vais plutôt aller me promener. Finit-elle par dire en soupirant une seconde fois, se relevant du lit du prince.