Dans un autre monde ...

Chapitre 14

Une fois arrivée, Hvitserk déposa Jeanne sur un parterre de mousse qui avait l'air fort confortable. En plein milieu de la forêt de pins et de chêne, ils se trouvaient proches d'une petite rivière dont le bruit était doux et venait accompagner les brises dans les feuilles de chêne.

- Ça va ? Tu n'as pas mal aux genoux ?

- Non, ce n'est rien. Ça passera rapidement.

Le jeune homme s'assit à son tour à côté de la saxonne, admirant le paysage en face de lui.

- Que penses-tu de mes frères ?

- Ils sont gentils. Je n'ai pas eu l'occasion de parler avec Bjorn, mais il a l'air d'être gentil aussi. Bon... Ivar à un sale caractère, mais je pense qu'au fond, il doit être une bonne personne.

- Il faut que tu saches qu'Ivar a ses jambes depuis sa naissance. Il ressent une douleur constante, une souffrance qui le hante chaque jour. Il porte le poids de cette affliction physique et émotionnelle. Parfois, je le vois lutter en silence, cherchant à cacher sa peine derrière son masque de bravoure.

- C'est si triste... Je ne peux même pas imaginer ce qu'il traverse quotidiennement. Comment trouve-t-il la force de continuer ?

- Tu sais, c'est un homme complexe. Sa douleur forge sa détermination et alimente sa soif de pouvoir. C'est aussi une des raisons pour lesquelles il peut se montrer dur et cruel. Mais, malgré tout, il reste mon frère et je ressens une profonde tristesse pour ce qu'il endure.

- Je comprends mieux maintenant... C'est un fardeau lourd à porter. J'espère qu'il pourra trouver un certain réconfort dans sa vie, malgré ses souffrances.

- Je l'espère aussi. Il mérite de se sentir bien... il se tut, laissant quelques secondes de silence prendre le dessus sur la conversation avant de ne reprendre en tournant la tête vers la jeune femme. Et moi ? Que penses-tu de moi ?

- Et bien... elle le regarda à son tour et le dévisagea un instant, je te trouve très gentil et prévenant. Tu as beaucoup d'humour et de répartie et tu apprécies qu'on s'intéresse à toi. Je pense que tu as, toi aussi, des démons que tu caches pour je ne sais quelle raison.

- Comment tu sais ça ?

- Ah, donc je n'ai pas tort ?

- Réponds à ma question.

- Nous avons tous nos démons intérieurs.

- Hm... mais encore ?

- Je pense aussi que tu aimes la bonne compagnie et que tu préfères t'amuser que de te prendre la tête. Tu es intelligent et tu aimes tes proches en les taquinant, c'est comme... ta marque de fabrique.

- Cette description me plaît bien. Il laissa de nouveau un petit moment de silence en regardant au loin la rivière, avant de se relever en souriant. Il retira alors son haut et se tourna vers Jeanne qui avait instantanément rougi en voyant son corps ainsi dévêtit. Tu viens avec moi ?

- Ou ça ?!

- Se baigner !

- Mais enfin, je n'ai rien pour...

- Oh aller ! Il tendit sa main vers elle afin de l'aider à se relever. Si tu ne viens pas avec moi, je finirai par te jeter à l'eau, alors tu as tout intérêt à coopérer.

- C'est une menace Lothbrock ?

- Tout à fait !

- Bien. Elle attrapa la main tendue de Hvitserk et se leva doucement pour ne pas abîmer ses genoux.