Chapitre 6

17 3 1
                                    

Pendant ce temps, deux étages plus bas, le docteur Gong se bat pour sauver la jeune femme qu'il avait transférée dans son service deux jours plus tôt. Il a mis toutes ses connaissances en œuvre, il a tout tenté. Et pourtant, malgré son acharnement, il n'a pas réussi à la sauver. La patiente est morte entre ses mains. Il prononce alors l'heure du décès et sort de la chambre, dévasté. Ce n'est pourtant pas la première fois. Il sait qu'il n'est qu'un homme, pas un dieu, et qu'il ne peut pas sauver tout le monde. Que parfois il est impuissant face à la mort. Il sait que cela fait partie du cycle de la vie. Que les gens naissent, vivent, puis meurent. Mais quand les personnes concernées sont jeunes, il a plus de mal à l'accepter. Il se sent encore plus désemparé, alors qu'ils avaient encore toute la vie devant eux.
Maintenant, il doit remonter au cinquième, et annoncer au mari la mauvaise nouvelle. Lui dire que maintenant, il est veuf, qu'il devra élever son nouveau-né seul, et que ce même enfant n'a plus de mère pour veiller sur lui.

Après avoir pris le temps de boire un café, afin de laisser plus de temps à son frère et sa belle-sœur, Zhehan remonte au cinquième étage, et ce, malgré la fatigue bien présente. Il n'a qu'une envie, c'est rentrer et se reposer. Mais quand il arrive à destination, le spectacle auquel il assiste le laisse sans voix et lui fait vite oublier son état actuel.

Le docteur Gong est là, planté au milieu de la salle d'attente, la tête baissée et l'air abattu, tandis que l'homme en face de lui, lui envoie au visage toute sa colère, sa douleur et son désarroi. Jun encaisse sans broncher, parce qu'il sait que le jeune père est désemparé et perdu. Comment lui en vouloir ? Qui ne ferait pas la même chose dans la même situation ? Qui est apte à le juger ? Personne, et surtout pas lui, le responsable de tout ça.
Alors, il le laisse l'insulter, le rabaisser et le traiter d'incompétent, ce qu'il a été pour le coup. Parce qu'il a raté un détail, un petit détail qui a couté une vie.
N'ayant plus rien à hurler, le jeune père prend son enfant qu'une infirmière avait récupéré par sécurité, et le serre contre lui, avant de se laisser tomber sur un siège et d'éclater en sanglots. Jun s'excuse une nouvelle fois, puis s'incline devant l'homme, avant de se détourner et sortir du service par la porte menant aux escaliers.

Zhehan le regarde partir, après avoir vu plusieurs émotions se succéder sur son beau visage. La tristesse, la colère face à son impuissance, le désespoir, et même la honte d'avoir échoué. Il tourne la tête en direction de la chambre 511, se demandant comment lui-même aurait réagi si cela avait été Meilin à la place. L'aurait-il insulté ? Frappé ? L'aurait-il détesté ? Il ne le sait pas et préfère ne pas le savoir. Mais ce qu'il sait en cet instant, c'est que quelque chose le pousse à passer la porte, que Jun, a empreintée un instant plus tôt. Celle-ci se referme en silence, alors que lui, écoute les bruits qui pourraient lui indiquer où l'autre homme est parti. Il n'a pas besoin d'attendre longtemps, quelque part au-dessus de lui, des pleurs se font entendre.

C'est après une légère hésitation qu'il monte l'escalier devant lui, jusqu'à apercevoir Jun assis sur les marches, le visage enfoui dans ses mains. Il l'observe un court instant, se demandant pourquoi il fait cela, se disant qu'il devrait faire demi-tour, que cela ne le concerne pas. Pourtant, au lieu de repartir dans l'autre sens, ses pas le mènent aux pieds du médecin. Il s'accroupit face à lui, puis, avec douceur, il pose la main sur son épaule, lui indiquant sa présence.

Jun sursaute légèrement à son contact, relève son visage pour plonger dans un regard qu'il connait bien plus qu'il ne le croit.

- C'est ma faute. C'est ma faute. Si j'avais vu cette anomalie. Si je l'avais vu. Elle serait toujours en vie. Cet homme aurait toujours sa femme, et cet enfant aurait toujours sa mère. C'est ma faute...

Devant la peine évidente de l'autre homme, Zhehan l'attire dans ses bras et le serre contre lui. Jun, encore profondément touché par les évènements, se laisse faire, pleurant sur son épaule. Quand enfin ses larmes se tarissent, Il se détache du jeune homme, le laissant s'assoir à côté de lui sur les marches. Ils restent un moment silencieux, jusqu'à ce que Zhehan prenne la parole, une fois certain que Jun est prêt à parler-.

Réincarnation.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant