Chapitre 17

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Le jour suivant, Zhehan se décide enfin à passer au gymnase, déjà pour récupérer ses affaires. Ensuite, pour dire au revoir à l'équipe, et ensuite, à ce rêve avorté avant qu'il ne se soit réalisé. Il doit dire au revoir à ce passé s'il veut pouvoir tourner la page et continuer à avancer. Quel autre choix a-t-il de toute façon ? Il n'a pas encore accepté sa situation, ni cette fatalité. Il ne sait toujours pas ce qu'il va devenir, ce qu'il va faire. Alors, il se raccroche au peu qui lui reste. Pourtant, si même en apparence il semble normal, il semble allé bien, à l'intérieur, il est dévasté. Il est brisé. Les seuls moments où il se sent comme avant, c'est en présence de Jun. Parce qu'avec lui, tout disparait, tout est normal. Il n'y a plus de maladie, plus d'incertitudes, plus de matchs plus de pression. Il n'y a qu'eux. Seulement eux.

C'est probablement la raison pour laquelle il ne dit rien. La peur que tout change. La peur que sa maladie prenne toute la place. Que le "lui et moi" se transforme en "lui, moi et elle". Qu'encore une fois, sa normalité ne le soit plus. C'est probablement égoïste de ne rien dire à Jun pour que rien ne change, ou du moins, cette partie là. Mais peut-être que ça ne l'est pas, que garder un peu de cette normalité dans sa vie est légitime. Pourtant, quelque part au fond de lui, il sait que c'est mal. Qu'il ne peut y avoir seulement "lui et moi", qu'il y aura obligatoirement un "elle" avec eux, entre eux. Que maintenant, sa maladie fait partie intégrante de sa vie. Et ce fait ne changera jamais. Il va devoir composer avec, ensemble. Pourtant, il se dit encore une fois, un peu de temps, juste un peu de temps.

Quand il reprend ses esprits, il se rend compte qu'il est devant sa porte, la main sur la poignée, hésitant. Alors, il prend une grande inspiration et l'ouvre. Il monte dans l'ascenseur, puis attend devant son immeuble que le taxi arrive. Il s'installe ensuite dans le véhicule et repart dans ses pensées durant le trajet. Une fois à bon port, il paie sa course et descend de la voiture, puis, il reste plusieurs minutes devant le gymnase, les yeux rivés sur l'entrée. Il doit la franchir, il le doit. Mais c'est tellement difficile. S'il rentre à l'intérieur de ce lieu, ce sera un adieu définitif à cette partie de sa vie. Il donnerait cher pour que Jun soit près de lui en ce moment, à le soutenir par sa simple présence. A croire que le médecin à le don de télépathie, parce qu'à peine cette pensée quitte son esprit, que son téléphone sonne.

- Bonjour, beauté. Zhehan lâche un léger rire.

- Bonjour, Jun. Je suis content de t'entendre.

- Moi aussi. J'entends du bruit autour de toi, je tombe mal ?

- Non, tu tombes très bien. Je suis devant le gymnase. 

Dans la voix de Zhehan, Jun peut clairement sentir une angoisse sous-jacente, qu'il trouve étonnante. Il a fait une pause à cause d'une grippe, pas de quoi stressé.

- Oh...

- Oh ?

- Tu reprends l'entrainement ?

- Non ! Non. Je suis venu récupérer mes affaires. J'ai fini la saison. Et plus encore...

- Oh...

- Oh ? Quoi oh ?

- Tu vas voir le stripteaseur. Zhehan cligne des yeux, cherchant où il veut en venir.

- Le stripteaseur ? Mais de qui tu parles... Oh... Tu parles d'Adrian ?

- Mhhh... Zhehan cligne à nouveau des yeux, quand l'évidence frappe son esprit.

- Attends, tu es jaloux ?

- Complètement. Zhehan rit à cette déclaration, alors que dans le même temps, elle le touche profondément. Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle. Jun grommelle, visiblement contrarié.

Réincarnation.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant