Chapitre 21

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Le coup de téléphone fatidique d'Elric se produisit deux jours plus tard, au cours desquels je passai l'essentiel de mon temps chez moi ou auprès de mes voisines, à me reposer, réfléchir et discuter. J'abordai à plusieurs reprises Margot, sans parvenir à desceller ses lèvres. Elle s'abstenait de me communiquer la moindre info tant qu'elle n'était pas allée au fond des choses. Bien qu'elle m'ait recommandé la prudence, je n'aimais pas rester enfermée trop longtemps et songeais à aller faire un tour pour a minima me dégourdir les jambes.

Je m'apprêtais à sortir marcher lorsque la sonnerie retentit.

— Bonjour Rachelle, c'est Elric. Est-ce que je te dérange ?

— Au contraire, j'attendais impatiemment de tes nouvelles.

— Tu vas être contente, j'ai obtenu ce que tu voulais.

Je fêtai ça silencieusement en effectuant une petite danse qui entortilla le fil autour de ma taille.

— Génial, t'as pas trop galéré, j'espère ? m'enquis-je en faisant des tours sur moi-même pour m'en dépêtrer.

— Non, ça a été. Ce matin, je suis allé au commissariat dont tu me parlais, dans le secteur 3 du Vieux-Port. Le solini, il y a moins de monde, et j'ai pu accéder aux étagères des pièces à conviction sans qu'on m'arrête en chemin. La facilité avec laquelle j'ai procédé me fait froid dans le dos... Imagine qu'un homme déguisé en policier pénètre chez nous et se glisse jusqu'à l'une de ces salles sans éveiller les soupçons. Il pourrait y faire tout ce qu'il voudrait : subtiliser une preuve, la détruire, la remplacer, et que sais-je encore.

— Ça fait peur, effectivement...

— En ce qui te concerne, on peut dire que ça fait tes affaires. J'ai parcouru les registres de madame Barrat et un des gages collait avec la description que tu m'as donnée. Un certain Imir Rafiah l'a échangé contre la somme de 900 lanstrois.

— Hmm, ce nom me parle pas. Tu l'écris comment ?

Elric me l'épela.

— D'accord, merci. T'as une adresse ou un numéro ?

— Encore mieux, les deux. Tu as de quoi noter ?

— Ouais, vas-y.

Il me transmit ensuite les coordonnées. L'homme habitait dans le quartier où s'était déroulé le dernier braquage, dont je découvrais accessoirement le nom de la victime. C'était un peu trop loin à pied, j'allais devoir prendre ma voiture.

— Formidable, t'es le meilleur, Elric, le félicitai-je.

— Le Palatino.

— Pardon ?

— C'est mon prix, Rachelle. Un dîner pour deux au Palatino.

Je crus un instant qu'il plaisantait.

Il s'emmerde pas, c'est le restau le plus coté de la ville !

— Attends, sérieux ?

— Oui, je t'avais prévenue.

— T'avait dit « salée », pas « ruineuse », l'addition !

Ça allait me coûter une blinde, ce repas...

— Ne me dis pas que tu te débines ?

— Non, mais... Bon, je t'ai donné ma parole et je la tiendrai. M'enfin, faudra être patient, paraît qu'y a plusieurs mois d'attente pour réserver une table.

— Aucun problème.

— Merde, ça a intérêt à être aussi bon qu'on le prétend.

— Pour le savoir, il n'y a qu'un moyen !

Le prix du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant