Les Fukuokajin se sont enfin installés à Hiramamachi, mais les sohei du Sanctuaire de Kashimahama rôdent. Les relations avec Nagatakiyama et les yakuzas de Nakazono-gumi risquent bien de compliquer le quotidien déjà éprouvant. De sombres découvertes...
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Avant le Notarejinisuru, Rachel s'était rarement questionnée sur sa mort. Un accident ? Un meurtre ? Une maladie ? Tout le monde se le demandait au moins une fois dans sa vie. Depuis le Notarejinisuru, la question l'obsédait littéralement. La mort arriverait forcément plus tôt que prévu... Plus brutalement que prévu... Plus sanguinolente que prévu !
Après sa mort, irait-elle au Paradis ? Il y avait peu de chances. Au Purgatoire ? Assurément ! Au cours de sa vie, l'être humain bafouait plus d'un des Dix Commandements. Son âme ne pouvait pas rester 'propre'. Il était voué à aller au Purgatoire, mais le plus souvent en Enfer en particulier depuis que le Notarejinisuru avait eu lieu. Ce jour fatidique révélait la part de la plus sombre de la nature humaine. Dieu savait que l'humanité était capable du pire !
Tout comme elle à cet instant précis... Rachel recula d'un pas sous l'effet de l'horreur qui la saisissait désormais.
Sa vue se troubla quand elle affronta ce spectacle insoutenable. Une silhouette contre ce poteau gisait par terre. Le sang... Il y en avait de partout... Une immense mare rouge, exaltant une écœurante odeur de fer, inondait le sol de terre battue. Son entrecuisse si viril, dont ce sale type flattait orgueilleusement les mérites, se résumait désormais à une plaie sanguinolente. Le sang maculait son bas-ventre et ses cuisses, sur lesquelles était baissé son pantalon. Sa tête pendait en avant.
Malgré son envie de vomir, Rachel l'approcha. Cette horreur était insoutenable à voir. Elle ignorait jusqu'à aujourd'hui qu'un corps humain puisse contenir autant de sang... À chaque fois qu'elle se forçait à regarder, Rachel manquait de tourner de l'œil.
Son regard tomba enfin sur ses mains qui dégoulinaient de sang visqueux. Sa main gauche tenait le greffoir et sa main droite conservait le pénis tranché. Alors elle l'avait fait... Elle l'avait vraiment fait... Bien évidemment qu'elle avait fait...
Elle ne se serait jamais crue capable de commettre un acte pareil et elle en était pourtant l'investigatrice... Elle avait vidé ce type de son sang comme le vulgaire goret qu'il était. Le sang avait giclé comme un geyser de l'entrecuisse, l'arrosant au passage. Rachel n'avait pas cillé, regardant fixement cet énergumène se vider de son sang.
En état de choc, Rachel s'égarait dans les méandres de ses propres pensées. Elle éclata soudain de rire.
Le coup de chevrotine n'avait pas épargné son visage. Cet amas de chair sanguinolente, criblé de plombs, n'avait plus rien d'humain. Son cœur battait la chamade, lui donnant l'impression de l'avoir au bout des lèvres.
Ces anciennes écuries exiguës à souhait offraient à sa vue des stalles pour les chevaux le long de sa gauche. Les portes s'ouvraient largement sur l'intérieur des boxes. Elle aurait dû s'attendre à y trouver des chevaux.
Des femmes nues y étaient enchaînées comme des animaux. La peau sale, zébrée de coups de bambou... Leurs membres désarticulés n'avaient pas une position naturelle car elles étaient toutes mortes. D'où Rachel se tenait, la porte de la stalle lui laissait entrevoir la tête d'une femme japonaise. Des mouches volaient autour du trou béant au milieu de son front, ces abjects insectes pondaient leurs œufs à l'intérieur de la blessure.
