Noritaka resta immobile au pied des escaliers menant au temple bouddhiste. Il redoutait de faire à nouveau face au bébé ryūketsu. S'il n'éprouvait plus aucune culpabilité en éliminant un adulte ryūketsu, il n'avait jamais été tenu responsable de la mort d'un bébé. Des biologistes de l'université de Kumamoto avaient dit que le cerveau d'un enfant n'était pas assez immature pour que le darakudoku puisse le réactiver après le mort. Maintenant qu'il était confronté à l'un d'eux, Noritaka éprouvait une véritable indignation face à ces mensonges. Ces mensonges étaient les plus horribles que Noritaka ait pu entendre au cours de ces dernières années. Leur but ? Ne pas alarmer une population déjà horrifiée par le darakudoku. Malheureusement, cette maladie mystérieuse semblait réanimer toute créature vivante à sang chaud.
La vue de ce bébé le choquait, l'effrayait... Il ne s'était jamais attendu à affronter une telle une horreur. Il ne pouvait pas imaginer comment Reicheru avait réagi en découvrant l'état de son fils. Alors que Noritaka s'abîmait dans ses sombres pensées, Bonzō se tenait à ses côtés, offrant son soutien dans cette tâche difficile dont il ne connaissait pas encore les tenants et aboutissants. Noritaka et Bonzō brandirent leurs armes en direction de l'ennemi lorsqu'ils entendirent des pas se rapprocher.
Si la présence d'Aoyama ne le dérangeait pas, celle de la prêtresse Miwa l'insupportait au plus haut point. La lourde tâche qui l'attendait en haut des marches lui incombait, par la faute de cette femme. Plus loin, Shinoda et Igarashi faisaient le guet, éliminant de leurs flèches tous les ryūketsu qui soupçonnaient leur présence au temple. D'une voix douce, Miwa exprime sa compassion en disant : « Noritaka-sama, je suis là pour vous aider. » Bonzō patientait silencieusement jusqu'à ce que le chef des Fukuokajin prenne sa décision. Noritaka hocha la tête d'un signe de tête. Il savait quoi faire, mais cela restait difficile. Pendant que Miwa préparait la cérémonie, Bonzō se rendit à la chute d'eau sacrée du temple pour y puiser de l'eau. Les flèches sifflaient à toute vitesse, rompant ainsi le silence qui enveloppait le temple. Il prit un moment pour calmer son cœur qui battait fort. Il élimina toute pensée négative de son esprit, se concentrant uniquement sur l'essentiel : sa respiration. Si le bébé ryūketsu ressentait son émoi, son âme corrompue se métamorphoserait en onryo, puis chercherait à se venger de lui et de ses Fukuokajin.
Le hululement d'un hibou le détourna de ses pensées. L'oiseau dormait paisiblement, perché sur un arbre. Puis, il se mit à le fixer avec intensité en clignant des paupières. Cette présence inopinée suscitait en lui un étrange sentiment de culpabilité, comme si ce hibou lisait en lui ses plus sombres pensées. Afin d'éviter que le hibou ne puisse percevoir les méfaits qui le hantaient à présent, Noritaka évita son regard. Néanmoins, il ne pouvait s'empêcher de se reprocher d'y penser.
Depuis que Reicheru lui avait révélé le destin de son fils, il ruminait sans relâche. Après l'attaque de l'exploitation de l'agriculteur Oguri, Adachi avait été dépêché pour poursuivre Reicheru. Noritaka cherchait Yukiko que l'agriculteur Kutsuna avait capturée à Kureishibarumachi. À ce moment-là, il avait réussi à s'échapper de la communauté d'Edenburidoji. Adachi l'avait conduit jusqu'à Reicheru, qui, terrifiée à l'idée de tomber entre les mains de nouveaux tourmenteurs, avait filé avec son bébé. Il n'aurait jamais dû dire à Adachi de la traquer, comme il l'avait fait. Il aurait dû agir différemment. Il n'avait jamais imaginé que quelqu'un puisse traumatiser quelqu'un d'autre, tout comme tous les sabaibā que Reicheru avait rencontrés depuis le Notarejinisuru. Il se sentait coupable d'avoir contribué à sa persécution.
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All Undead | Momento Mori
HorrorLes Fukuokajin se sont enfin installés à Hiramamachi, mais les sohei du Sanctuaire de Kashimahama rôdent. Les relations avec Nagatakiyama et les yakuzas de Nakazono-gumi risquent bien de compliquer le quotidien déjà éprouvant. De sombres découvertes...