Les Fukuokajin se sont enfin installés à Hiramamachi, mais les sohei du Sanctuaire de Kashimahama rôdent. Les relations avec Nagatakiyama et les yakuzas de Nakazono-gumi risquent bien de compliquer le quotidien déjà éprouvant. De sombres découvertes...
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La nuit était le moment de la journée que Rachel détestait le plus. Instant de terreur et d'horreur indescriptible où l'Homme se permettait les pires sévices sous le couvert du secret et de la désinhibition ! C'était surtout la nuit qu'Onojima se faufilait jusqu'à son futon pour la contraindre à ses perversions. Elle savait que son ancien oyakatasama se trouvait à Hiramamachi. Cette perspective l'effrayait, l'horrifiait...
Le moindre bruit, le moindre craquement, le moindre murmure lui faisaient hérisser les cheveux sur la tête. Ses crises d'angoisse se multipliaient depuis qu'Onojima s'était présenté au portail de Takinoue. Cette visite inattendue datait de plusieurs jours. Si quelques exercices de cohérence cardiaque la calmaient, parfois son cœur continuait à battre à la chamade et sa respiration devenait plus saccadée. Un poids invisible lui oppressait la poitrine comme un étau.
Une ombre lui faisait perdre pied, imaginant Onojima en train de ramper entre les futons comme cet horrible ryūketsu édenté avec ses mains sans phalanges qui rampait dans l'obscurité. Lloyd l'avait laissé pénétrer dans la chambre où il l'avait retenue prisonnière.
La peur l'assaillait tout d'un coup, distillant dans ses veines l'adresse nécessaire pour la préparer au pire. Elle songea au plâtre qui lui comprimait la jambe, la douleur la torturait de milliers de cruelles de coups d'aiguilles aussi insupportables les uns que les autres. L'analgésique ne faisait plus d'effet. Mitsuru commençait à s'agiter pour lui signifier l'heure de sa tétée nocturne. Irritable au possible, Rachel s'impatienta quand le bébé tarda à prendre le sein, redoutant que ses pleurs réveillent les autres. Elle n'arrivait pas à trouver une position qui la fasse moins souffrir. Rachel écouta la tétée, mais Mitsuru se mit à pleurer, la forçant à trouver une alternative. Elle se coucha sur le dos et cala Mitsuru contre elle. La petite fille sirota de son saoule puis s'endormit, repue. Rachel huma l'odeur de sa chevelure, caressa doucement sa joue. Elle l'entendait légèrement ronflée.
Néanmoins, après l'avoir remise dans son couffin, Rachel ne parvint pas à trouver le sommeil. Sa gorge se serra durant un bref instant, croyant entendre la respiration d'Onojima au creux de son oreille. La panique l'étouffa, la paralysa. Elle retint son souffle en espérant qu'Onojima ne l'entendrait pas. Son cœur cognait si fort qu'elle avait l'impression de n'entendre que lui. Immense cacophonie qui résonnait dans les ténèbres de la nuit jusqu'aux confins du Japon ! Elle tremblait de tous ses membres à l'idée qu'une horde de ryūketsu se jette à l'assaut de la maison, car Onojima n'avait pas fait attention de refermer le portail derrière lui.
Dans la pénombre oppressante de la nuit, Rachel se retrouvait en proie à un tourbillon d'émotions tourmentées. La nuit, ce moment de terreur et d'horreur indicible, était pour elle un cauchemar éveillé, où chaque ombre semblait abriter les démons de ses peurs les plus profondes. L'obscurité réveillait en elle un sentiment de vulnérabilité accablant, la laissant à la merci de ses pires craintes.
