6 | Le superviseur

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C'était la fois de trop ! pensait Noritaka en remontant la rue qui conduisait jusqu'au Manose Nyūjin. Il devait agir avant qu'il ne soit trop tard ! Son sodegarami au poing, il poursuivit son ascension jusqu'au sommet de la montée. Une vie était en jeu... Non, deux l'étaient ! Quand Reicheru retrouverait ses esprits, elle réaliserait son erreur. Tout espoir serait malheureusement perdu. Rien ni personne ne l'empêcherait de commettre l'irréparable, à moins qu'elle ne perde totalement la raison !

Deviendrait-elle instable ? S'en prendrait-elle à ses Fukuokajin ? Devrait-il la tuer pour protéger les siens ? Que les kami le préservent de ce caprice du destin ! Il n'avait pas tant bataillé pour en arriver là. Noritaka refusait catégoriquement cette alternative. Pas après ce qu'ils avaient vécu ensemble ! L'image de Reicheru, nue et marquée de mauvais traitements, dans le bassin de l'once d'Iwamimachi, dansait devant ses yeux grands ouverts. Une expression terrifiée peignait son visage, ses yeux brillants de larmes de désespoir.

Obsédé par la survie de son groupe, il avait vu ce qu'il voulait voir, tel un idiot. Ces préjugés envers la femme occidentale, forte et indépendante, l'avaient aveuglé au point de l'empêcher de voir la détresse latente en elle... Ses abîmes insondables de désespoir et de crainte ! « Si Reicheru meurt, ils mourront tous ! » se lamenta Noritaka en se traitant une fois de plus d'imbécile.

Pourquoi s'était-il attaché aussi rapidement et obstinément à cette femme ? Seulement un mois et demi auparavant, il ignorait son existence. Il était impossible de se lier à une personne d'une manière aussi forte... Aussi profonde ! Ça virait à l'obsession... c'était viscéral !

Son katana et son wakizashi, glissés dans sa ceinture, le gênaient dans sa course. Néanmoins, ce maudit essoufflement eut raison de son endurance. Noritaka ralentit et porta son regard au loin. La maison de Tamaki ne se trouvait plus qu'à soixante mètres de sa position. Sa blessure lui causait des douleurs à la cuisse. Mais cette souffrance s'envola en découvrant un homme avec une mitraillette dans le dos, en train de se mettre à couvert. Ce n'était ni un homme de Nagatakiyama ni un yakuza, mais il surveillait les pensionnaires de Manose Nyūjin.

En faisant un écart sur le côté, Noritaka heurta violemment le préfabriqué à sa gauche. Un ryūketsu, coincé à l'intérieur, frappa la vitre en poussant des râles à gorge déployée. Noritaka crut mourir d'une crise cardiaque. Son instinct de survie le poussait à s'éloigner. Le ryūketsu malodorant, suppurant de pus, se démenait de l'autre côté de la fenêtre. À force de frapper, le verre se fissura. Mais un autre bruit alarma Noritaka. Il se raidit brusquement en entendant ce déclic qui retentit derrière lui. Le sabaibā venait d'armer son fusil d'assaut. Noritaka poussa la garde de son katana, puis le dégaina lentement. Un léger sifflement métallique se fit entendre lorsqu'il tira la lame de son fourreau en bois, recouvert de laque noire. Il empoigna la garde à deux mains et se prépara à l'attaque. Le raffut du ryūketsu attira sa future victime jusqu'à lui.

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