* Ce chapitre se passe en même temps que « All Undead, Caput Mortum, Chapitre 11 | La pouponnière. » (N.d.l.)
À Hiramamachi, où l'air était encore chargé des souvenirs d'une époque paisible, le terrible jour du Notarejinisuru avait tout balayé, et le darakudoku avait tout ravagé, réveillant les morts pour les transformer en redoutables ryūketsu. Désormais, tout se résumait à une seule préoccupation: la survie. Ce n'était plus qu'un vaste champ de ruines, hanté par les morts-vivants et par ceux, comme Onojima, qui avaient compris que la pitié n'avait plus sa place ici. Sa machette nata était sa seule compagne fidèle. Il lui avait donné un prénom, Seiru, signifiant «bijou sacré.» Elle tranchait, découpait, mettait fin à ce qui devait l'être, mais aussi condamnait, massacrait et punissait ceux qui le méritaient. Onojima n'avait plus le luxe de la clémence. Il n'y avait aucune place pour les faibles, pour les étrangers, dans ce village qui avait été le sien toute sa vie et qui lui appartenait désormais.
L'ancienne exploitation agricole de Hasegawa se trouvait au nord, en contrebas de la Route 34. Le site semblait occupé, mais Hasegawa n'en était plus le maître. Onojima savait ce qu'il devait faire pour la reprendre. Plusieurs stagiaires techniques, au nombre de sept, tous originaires de Chine, y logeaient. Avec leurs illusions de sécurité, ils en avaient même fait leur quartier, pensant à tort que les tunnels de culture, les entrepôts, les abris et les habitants leur offriraient une protection. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'Onojima ne vienne frapper à leur porte.
La nuit était son alliée, le silence son complice. Onojima se glissa dans l'ombre des tunnels, ses pas se fondant dans l'obscurité. Une silhouette se découpait à la lueur vacillante des lampes à pétrole sur le revêtement plastique des tunnels. Râblé, très mince. Le premier qu'Onojima trouva, c'était Haoyu. Son sang coulerait donc en premier. Grâce à son visa spécifique, Haoyu avait été employé chez Onojima avant le Notarejinisuru. Il ne parlait pas très bien le japonais, et lui donner des directives simples avait été particulièrement laborieux.
Haoyu arrosait les plantes sans se méfier, signifiant qu'il vivait à l'abri depuis trop longtemps. Il n'avait pas compris que, depuis que le darakudoku sévissait à travers tout le Japon, nul n'était en sécurité nulle part. Certes, la force brute comptait, mais seule la volonté de tuer sans hésitation permettait de rester en vie. Onojima avait commis cette erreur à Chūōkantaku.¹
Au moment où Onojima fit face à Haoyu, le monde se rétrécit en un point unique, un instant de pure violence. Haoyu sursauta en le voyant puis lâcha son tuyau d'arrosage.
- Píngtián, sembla-t-il s'étonner. Vous... revenir... travail, balbutia-t-il dans un japonais approximatif.
Après deux ans de travail chez Onojima, ce stagiaire technique n'avait même pas été capable d'apprendre les bases du japonais. Onojima grimaça d'un air renfrogné. Quelle utilité d'être venu travailler au Japon ? À part usurper le travail des Japonais !
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All Undead | Momento Mori
HorrorLes Fukuokajin se sont enfin installés à Hiramamachi, mais les sohei du Sanctuaire de Kashimahama rôdent. Les relations avec Nagatakiyama et les yakuzas de Nakazono-gumi risquent bien de compliquer le quotidien déjà éprouvant. De sombres découvertes...