Le festival Otsukumi approchait à grands pas. Les Fukuokajin¹ vérifiaient leur arsenal – sodegarami, tsukubō et sasumata – avant de partir. Noritaka avait ramené une naginata et s'affairait à aiguiser la lame recourbée. Adachi s'occupait d'affuter sa machette nata.
Rachel recouchait Mitsuru après son bain lorsqu'elle entendit Yukiko tempêter contre Yasujirō. Les cris s'intensifiaient, trahissant la virulence de leur dispute. Malgré cela, Noritaka préféra clore le débat d'un veto expéditif.
« Les femmes ne sont pas admises dans les équipes de shoukyofuhai,² » annonça-t-il d'un ton sans appel.
Le sang de Yukiko ne fit qu'un tour. « La misogynie est ton seul argument ! » s'indigna-t-elle.
En entendant ces mots, Rachel sentit une vague d'inquiétude l'envahir. Elle savait combien Noritaka pouvait être inflexible. Tout à coup, Noritaka se rembrunit. Son regard flamboyait de colère, lançant des éclairs. Se rapprochant de Yukiko, il la toisa de toute sa hauteur, l'air mauvais.
« La misogynie n'a rien à voir avec cela. Le Nakazono-gumi et les hommes de Nagatakiyama-sama justifient mon refus de voir l'une d'entre vous. Ces sabaibā³ n'ont aucun savoir-vivre en présence d'une femme. Reicheru-san pourra te raconter sa rencontre avec ces énergumènes. Mais si tu tiens tant à venir, je ne t'en empêcherai pas. En revanche, ne viens pas quémander justice si l'un de ces sabaibā te viole. Je ne réclamerai aucune justice pour le crime commis. »
Yukiko s'étouffa d'indignation. « Ces sabaibā n'ont qu'à faire preuve de civilité ! »
« Ces sabaibā n'en ont plus depuis le Notarejinisuru.⁴ J'ai bien assez à faire avec les traumatismes de Reicheru-san sans devoir m'encombrer des tiens. Va donc la questionner sur les manières des sabaibā envers les femmes. Son témoignage est à peine supportable. Crois-moi, une fois que tu connaîtras la vérité, tu réagiras autrement en présence des autres hommes que nous, les Fukuokajin, » gronda-t-il en désignant les Fukuokajin en train de se préparer pour le départ. « Ces sabaibā sont ni plus ni moins que des animaux en rut. Ils n'ont aucun état d'âme pour le consentement d'une femme. »
Rachel, serrant Mitsuru un peu plus fort contre elle, sentit ses mains trembler. Les souvenirs de son propre traumatisme la traversèrent comme des éclats de verre. Elle se revoyait, impuissante, devant Onojima. Noritaka avait raison sur ce point : le danger était bien réel. Pourtant, l'injustice de la situation l'emplissait d'amertume. Yukiko avait raison de vouloir se battre, mais à quel prix ?
Yukiko bouillait de colère, mais finit par tourner les talons. La cloison d'un fusama claqua dans un bruit sec. Mitsuru se mit à pleurer contre sa poitrine, agitant ses membres avec colère. Rachel la berça dans ses bras, la couvrant de baisers affectueux pour la calmer.
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All Undead | Momento Mori
TerrorLes Fukuokajin se sont enfin installés à Hiramamachi, mais les sohei du Sanctuaire de Kashimahama rôdent. Les relations avec Nagatakiyama et les yakuzas de Nakazono-gumi risquent bien de compliquer le quotidien déjà éprouvant. De sombres découvertes...